Environnement — Frontignan

Réunion publique à Frontignan : les habitants s'enflamment sur l’incendie de la Gardiole 

Cinq mois après le plus gros incendie de France en 2024, les pompiers, l’ONF et les élus ont voulu faire un bilan du feu qui a ravagé le massif de la Gardiole en août dernier. Une réunion publique qui a attiré beaucoup de monde et qui a permis de soulever les inquiétudes des habitants.

La salle Voltaire de Frontignan est comble ce mercredi 15 janvier au soir, lors de la réunion publique qui fait le bilan de l’incendie du massif de la Gardiole du 18 août 2024, cinq mois après le départ du feu. Il ne reste plus de places assises, les participants s’entassent debout au fond de la salle. Nombreux chasseurs, reconnaissables à leur casquette ou à leur manteau orange fluo, sont venus écouter les agents de l’Office nationale des forêts (ONF) et les pompiers du SDIS34 qui reviennent sur le plus grand incendie jamais connu sur le massif de la Gardiole depuis 1998.

On se doit de faire le bilan de ce qui s’est passé et en tirer les leçons, c’est le pire moment de ma vie d’élu”, a lancé en guise d’introduction Michel Arrouy, le maire de Frontignan. Ce jour-là, 310 hectares sont partis en fumée principalement sur les communes de Gigean et Frontignan, dont 12 à 15 hectares de vignes. Le plus gros incendie de France en 2024, pour lequel s’étaient déplacés deux ministres.

Des débats houleux 

François, Sétois qui a vu la progression du feu depuis chez lui, prend la parole devant tout le monde, micro à la main, pour interpeller les sapeurs-pompiers. “Pourquoi les Canadairs sont arrivés tardivement, quand le feu a passé la crête et qu’il a commencé à descendre vers Frontignan ?”, s’étonne le grand-père, dont les petits-enfants habitent au pied de la halle des sports Nikola-Karabatic, qui a été menacée par les flammes. 

Nous avons des délais incompressibles, le temps que les Canadairs soient alertés, qu’ils décollent, qu’ils se remplissent d’eau et qu’ils viennent sur Sète”, tente d’expliquer Romain Sanchez, commandant à la tête de la compagnie de sapeurs-pompiers du bassin de Thau au moment de l’incendie. “Plus de cent maisons auraient pu être touchées. Finalement, nous n’avons aucun mort ni blessé. Seulement quelques maisons ont été touchées. Et les pompiers sont allés chercher les gens dont les habitations étaient menacées”, renchérit M. Arrouy. 

La parole du maire est immédiatement coupée par l’un des participants de la réunion publique. “Ma mère, vous l’avez oubliée ! Personne n’est allé la chercher”, lance-t-il à pleins poumons. “Et le terrain de la halle Karabatic n’est toujours pas débroussaillé, pourquoi ? On a alerté depuis février 2024 sans réponse”, continue-t-il avec véhémence. Alors que Frontignan a été choisie pour être contrôlée cette année, une réunion publique sur les obligations légales de débroussaillement est organisée le 28 janvier.

Récit de l’incendie 

Pour tenter d’expliquer ce qu’il s’est passé ce jour-là, le sapeur-pompier Romain Sanchez avec des agents de l’ONF ont pris plus d’une heure, PowerPoint à l’appui, pour expliquer la progression de cet incendie qui a marqué les habitants.  

Le feu est parti de Gigean à 15 h le 18 août, dans une friche en zone péri-urbaine au nord du massif de la Gardiole. Il s’est très rapidement propagé, notamment au moment où il a passé la crête du massif. Puis il s’est dirigé vers Frontignan, menaçant les habitations au nord de la ville. 

Les raisons du départ du feu ne sont pas encore connues, des enquêtes sont en cours alors que l’incendie s’est déclaré le premier jour de fermeture du massif de la Gardiole, rappelle Fabien Brochiero, responsable du pôle de Défense des forêts contre les incendies (DFCI) de l’ONF.

En 2024, 129 incendies de forêt se sont déclarés et 702 hectares ont brûlé dans l’Hérault. Un seul a été massif, celui de la Gardiole. “Les températures étaient élevées, le vent violent et les végétaux avaient souffert de la sécheresse”, constate le commandant Sanchez, qui a mobilisé 600 sapeurs-pompiers pour contrôler le feu. “Malheureusement, avec les enjeux climatiques, ce sont des risques de plus en plus fréquents”, prévient Loïc Linarès, conseiller municipal de Frontignan, délégué à l’aménagement durable et à la transition démocratique.  

Incendie du massif de la Gardiole vu depuis la baie dAigues Mortes © HERAULT TRIBUNE
Incendie du massif de la Gardiole vu depuis la baie dAigues Mortes © HERAULT TRIBUNE

Valoriser le bois brûlé

Juste après l’incendie, l’urgence a d’abord été d’abattre les arbres brûlés et morts qui étaient dangereux, de retenir les chutes de pierre et d’éviter l’érosion. Un programme de coupes de bois brûlés et vivants va commencer en janvier sur tout le massif de la Gardiole, qui va concerner un arbre sur quatre. “Les arbres morts ou condamnés doivent être abattus dans l’hiver qui suit l’incendie. Le but est aussi d’éclaircir le massif”, explique Aurélien Toscan, technicien forestier à l’ONF. 

Car le bois brûlé a une valeur économique. Les arbres coupés vont ensuite être stockés puis broyés pour en faire des plaquettes qui vont être vendues. 

Réhabiliter la forêt  

Mais d’autres questions restent encore en suspens. Quel est l’impact du feu sur la nature ? Est-ce que la forêt va revenir ? Qu’est-ce qui va être fait ? “Je m’inquiète pour la biodiversité. La nature va reprendre ses droits mais il faut l’aider à repartir. Les repousses seront là au printemps, il ne faut pas les écraser”, s’inquiète Robert André, président des chasseurs de Mireval. 

Tout l’enjeu est de retrouver un paysage similaire à celui d’avant. “La réhabilitation est un travail de longue haleine, on doit réfléchir pour les 100 ou 200 prochaines années”, se projette Marie Parrot, responsable de l’unité territoriale Garrigues à l’ONF. Elle se veut rassurante sur les dynamiques naturelles de réhabilitation, en montrant des photos prises la semaine dernière de repousses de chêne vert au pied d’un arbre mort. Ou d’un parterre de jeunes semis de pins au milieu d’une forêt calcinée. 

La dernière option est le reboisement. Mais à cause du changement climatique et de la sécheresse, la dernière plantation a été un échec. Donc on plantera là où l’on peut arroser pendant au moins un ou deux ans”, constate Mme Parrot, qui ajoute qu’il “ne faut pas sous-estimer la capacité de résilience des forêts”. 

Qu'en pensez-vous ?

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Depuis 1973, d’abord sous format magazine, puis via son site, Hérault Tribune informe le public des événements qui se produisent dans le grand Agathois, le Biterrois et le bassin de Thau.

Depuis 1895, l’Hérault Juridique & Economique traite l’économie, le droit et la culture dans son hebdomadaire papier, puis via son site Internet. Il contribue au développement sécurisé de l’économie locale en publiant les annonces légales.