Gigamed Bessan : Sao, des filets de pêche recyclés en textile technique 100 % conçu et produit en France
Rencontre avec Marine Olacia, styliste et entrepreneuse engagée dont la start-up Sao est incubée à la pépinière d’entreprises Gigamed.
Sao, dans l’antiquité grecque, était une divinité marine (néréide) dont la fonction était de protéger les traversées maritimes et de sauver les marins.
Quel est votre parcours ?
Marine Olacia : « Depuis ma petite enfance, j’ai toujours rêvé de faire ce métier. J’ai pris des cours dans des ateliers d’artistes locaux (Pézenas, Agde). Des parenthèses créatives, qui, au fil des années, ont confirmé ma volonté de devenir styliste. Je suis diplômée d’un Master II Mode & Création.
J’ai étudié dans plusieurs villes en France pour mes études (de Montpellier à Bordeaux, en passant par Cholet jusqu’à Lyon) et j’ai suivi les opportunités professionnelles qui s’offraient à moi, de la capitale (Anne-Valérie Hash, Maxime Simoëns, Hermès) au Pays Basque (Volcom, Roxy), de l’Espagne (Bershka/groupe Inditex) jusqu’à Marseille (Reiko). Ces expériences m’ont permis d’apprendre toutes les facettes du développement d’une collection, de son inspiration à la mise au point du produit jusqu’aux présentations commerciales sur les salons professionnels. »
Comment est née SAO ?
Marine Olacia : « En me posant la question : ‘change-t-on le monde de l’extérieur ou de l’intérieur ?’. Je me suis dit que j’allais essayer de changer les choses de l’intérieur. Après dix années dans la mode, ma vision de cette industrie a été fortement impactée : surproduction, exploitation abusive des ressources naturelles, conditions de travail négligées dans les usines… J’avais besoin de revenir à l’essentiel, de retrouver du sens, et je suis devenue ambassadrice bénévole de Project Rescue Ocean, une ONG environnementale pour la protection des mers et océans.
Avec plus de 10 tonnes de filets récupérés lors d’actions de dépollution, le fondateur, un jour, me demanda comment transformer ces filets de pêche dont personne ne veut. L’idée de Sao était née. »
Racontez-nous votre marque et son univers…
Marine Olacia : « Sao développe une collection de vêtements de sport écoresponsable qui apporte une solution aux pêcheurs et aux citoyens. Les filets de pêche sont recyclés en textile technique 100 % conçu et produit en France. Sao est à la fois une solution immédiate autant qu’un défi écologique. Elle apporte une alternative à l’incinération et à l’enfouissement de ces gisements pour protéger la Méditerranée et son écosystème, tout en relançant le savoir-faire et l’innovation textile française. Au-delà d’un projet à impact, SAO répond à la demande de passionnés éclectiques de sports d’eau, désireux de s’équiper made in France avec des vêtements performants pour leurs activités et de s’engager à la préservation des mers et des océans. »
Quels sont vos petits plus ?
Marine Olacia : « Sao est un partenariat vertueux et de confiance entre les acteurs du monde de la pêche et les ONG, pour récupérer et valoriser positivement ces déchets en ressources en réduisant au maximum l’impact environnemental.
Sao s’inscrit dans une logique de transparence sur la provenance de ses fibres textiles : les clients savent d’où elles viennent et où elles vont. Ils peuvent clairement se projeter autour d’une matière recyclée qui a du sens. Enfin, Sao se place sous le signe de l’innovation : made in France, économie circulaire, innovation textile et économie bleue. Il me semble que c’est le premier projet en France de ce type ! »
Quel effet a eu la crise sanitaire sur la création de votre entreprise ?
Marine Olacia : « La crise sanitaire a été une période très compliquée pour le secteur du textile – fermeture des frontières et des boutiques, l’arrêt des productions… – qui a entraîné une remise en question.
Cette période d’introspection a été le point du départ de mon projet : début de l’écriture, la recherche des premiers partenaires, beaucoup d’échanges avec des entrepreneurs, des heures de webinaires et podcasts… J’ai eu une grande envie d’entreprendre avec l’intention de réveiller les consciences et de ‘consommer’ la mode autrement.”
Pourquoi le choix de l’incubateur Gigamed ?
Marine Olacia : « Gigamed propose un accompagnement personnalisé au cas par cas. C’est un accélérateur de création. Cela m’a permis d’intégrer un écosystème d’entrepreneurs à impact, d’avoir le soutien d’un Établissement Public Territorial comme le Syndicat Mixte du Bassin de Thau, de l’agence d’attractivité économique Blue et de donner de la visibilité à mon projet. »
Quels sont vos rêves ou projets pour votre société ?
Marine Olacia : « Mon objectif est de commercialiser la collection à la fin du premier trimestre 2023. Mon rêve : les Jeux Olympiques 2024 ! Je vais tout faire pour que Sao soit représentée par un athlète français aux JO ! Il s’agirait d’une magnifique visibilité pour l’économie circulaire made in France. »
Qu’est-ce qui vous plaît le plus au quotidien dans votre rôle de fondatrice ?
Marine Olacia : « Le challenge, la création d’opportunités et surtout de sortir de ma zone de confort ! Je me suis beaucoup formée et je continue encore à en apprendre tous les jours sur la création d’entreprise, comment pitcher, être réactive, développer mon réseau L’entreprenariat est une vraie aventure humaine. »
Quel est votre modèle économique ?
Marine Olacia : « La vente d’une collection de vêtements de sport via un site marchand et la collaboration avec des marques et des partenaires (clubs de sports, événements sportifs, marques engagées…). »
Quel est le meilleur conseil que l’on vous ait jamais donné ?
Marine Olacia : « Tout est leçon ! »