Gratuité des transports à Montpellier : entre réussite affichée et critiques non dissimulées
Le 21 décembre dernier marquait le premier anniversaire de la gratuité totale des transports pour les habitants de la métropole de Montpellier. La collectivité dresse un premier bilan très positif, ce que nuancent opposants et syndicats.
Avec 407 000 pass actifs sur les 510 000 habitants que compte la métropole, “la fréquentation est en hausse de 33%, se réjouit Julie Frêche, vice-présidente déléguée au transport et aux mobilités actives. On est passé de 84 millions de voyages en 2019 à 110 millions en 2024″. Pour pouvoir faire face à la hausse du nombre d’usagers, il va donc falloir augmenter le nombre de tram. “Mais on ne peut pas le faire comme ça, précise Julie Frêche, car il faut acheter les rames. Quand nous sommes arrivés aux responsabilités, il n’y avait eu aucune anticipation de ce point de vue-là. Donc, on a lancé un appel d’offres de 225 millions d’euros. Entre le moment où vous lancez l’appel d’offres et le moment où vous recevez votre première rame, il s’écoule un temps incompressible de 5 ans, donc on devrait recevoir notre première rame au printemps 2025″.
“Le coût de la gratuité est de 32 millions d’euros”
Sur cet achat de 77 rames, 30 serviront à renouveler le parc vieillissant de la ligne 1 de tramway, 22 seront dédiées à la future ligne 5, 17 rames serviront à couvrir la hausse de fréquentation due à la gratuité et 8 ont été rajoutées pour augmenter les réserves de la TaM. “On sera beaucoup plus agile qu’aujourd’hui parce qu’on aura anticipé l’achat de rames”, ajoute l”élue métropolitaine. Sur les bus aussi, des changements ont été apportés. “La ligne 15, par exemple, est arrivée à saturation avec la gratuité. Donc, depuis le début de l’année dernière, on a injecté neuf bus supplémentaires en hyperpointe du matin pour soulager cette ligne”.
Tout cela a bien évidemment un coût. “On avait dit que la gratuité coûterait entre 30 et 35 millions d’euros, ajoute Julie Frêche. Et qu’on conserverait entre 5 et 10 millions de recettes, parce que les hors-métropolitains continuent de payer leur titre de transport. Aujourd’hui, si on part du montant total des recettes commerciales telles qu’elles étaient en 2019, soit 39 millions d’euros, le coût de la gratuité pour la Métropole de Montpellier est de 32 millions d’euros, et les recettes qu’on a maintenues sont de 7 millions d’euros. Donc on a tenu nos engagements.“
“On n’a plus les moyens”
“On vit au-dessus de nos moyens, lui répond l’élu d’opposition et président de la commission finances Serge Guiseppin. Mon opposition est la gratuité n’est pas philosophique, elle est technico-financière. Il y a 35 millions d’euros d’impact de perte de recettes et le versement mobilité payé par les entreprises du territoire ne suffit pas puisque la Métropole abonde tous les ans”.
L’élu ajoute qu’il y a des coûts induits par la gratuité, comme par exemple l’achat de 17 rames pour faire face à la hausse de fréquentation, “ces investissements supplémentaires n’ont pas été budgetés”. Selon lui, la Métropole est actuellement à 12 années d’endettement, ce qui est “un fil rouge qu’on va dépasser. On sera bien au-delà sur la dernière année du mandat. Il faut réduire l’investissement et réduire les frais de fonctionnement. On n’a plus les moyens”.
Incivilités : explosion ou -9,4% ?
Autre point de désaccord entre la Métropole et ses détracteurs : l’impact de la gratuité sur les incivilités. Selon Julie Frêche, “si on compare les chiffres des atteintes aux biens et aux personnes de l’année 2019 par rapport à 2024, on observe une baisse de 9,4%, ce sont les chiffres de la TaM”. A la TaM, pourtant, des voix s’élèvent. Laurent Murcia, délégué syndical FO, confie à nos confrères de Midi Libre que “les incivilités explosent en 2024. Les agressions verbales sont le quotidien des conducteurs. On a des insultes tous les jours avec des arrêts de service. On a exercé un seul droit de retrait en 2024, après des agressions physiques de conducteur”.