Grève SNCF du 21 novembre : une mobilisation "ultimatum" avant les fêtes de fin d'année
Demain, 21 novembre, la SNCF sera confrontée à une journée de grève à l’appel de l’intersyndicale (CGT, CFDT, Sud-Rail, Unsa). Bien que ce mouvement se présente comme une mobilisation modérée, il est vu comme un avertissement en vue d’un conflit social plus large en décembre.
“C’est une honte sans nom”
Le cœur de la discorde : la disparition programmée de Fret SNCF, prévue pour le 1er janvier 2025 dans le cadre d’un accord avec la Commission européenne. Cette restructuration impliquera la création de deux nouvelles entités, Hexafret et Technis, et la suppression de 500 postes malgré des promesses de reconversion. “Alors que les conséquences du dérèglement climatique sont déjà là, le gouvernement et la direction veulent liquider l’outil public Fret SNCF”, dénonce la CGT.
Les syndicats redoutent également que cette réforme ne prépare le terrain pour une privatisation progressive du fret, puis des services voyageurs. Le plan prévoit en effet l’ouverture du capital de Rail Logistics Europe à des investisseurs privés dès 2026. Sud-Rail y voit un “tapis rouge déroulé aux opérateurs entrants” financé par le travail des cheminots : “Le gouvernement nous ponctionne 1,7 milliard d’euros pour rénover des réseaux qui profiteront aux concurrents. C’est une honte sans nom”, s’indigne le syndicat dans un communiqué.
Face à cette mobilisation, le ministre délégué aux Transports, François Durovray, reste ferme : “Je suis assez dubitatif sur ce mouvement social. Il n’y a pas d’autres hypothèses possibles que le démantèlement de Fret SNCF.” La direction de la SNCF, pour sa part, insiste sur les efforts faits pour limiter l’impact social de la réforme, notamment en proposant des reconversions aux salariés touchés. Pourtant, les syndicats réclament un moratoire pour “garantir non seulement la continuité de Fret SNCF, mais aussi son développement”.
“La probabilité qu’on soit en grève à Noël, c’est même pas 1%“
Cette grève, perçue comme un “ultimatum” par les syndicats, intervient à un moment stratégique. La première table ronde des négociations annuelles obligatoires (NAO) sur les salaires se tient cette semaine. La direction, confrontée à une inflation moins marquée qu’en 2023, pourrait proposer des augmentations inférieures aux attentes. “Avec les bénéfices records du TGV, qui atteignent 1,3 milliard d’euros, les salariés ont droit à leur part. Les milliards générés doivent revenir aux cheminots”, affirme Thierry Nier, secrétaire général de la CGT Cheminots.
Cependant, la SNCF se veut rassurante : le trafic devrait rester globalement normal, y compris pour les TGV, Intercités et TER. Cette journée s’annonce donc symbolique, mais les syndicats ont déjà déposé un préavis de grève illimitée à partir du 11 décembre. Alors la question se pose : pourra-t-on circuler pendant les fêtes de fin d’année ? Réponse de Fabien Villedieu, secrétaire fédéral de SUD-Rail, interrogé par nos confrères de franceinfo : “La probabilité qu’on soit en grève à Noël, c’est même pas 1%. On se focalise pour faire peur aux Français en disant ‘attention les cheminots font grève à Noël’ pour escamoter le débat sur la privatisation de la SNCF. Si le 11 décembre la grève est suivie, en quatre jours, c’est plié et on aura gagné. Si elle ne l’est pas, en trois jours on aura repris le travail.”