Grumo, l’artiste philosophe : du cri à l’émotion
Grumo est un artiste qui se distingue par la profondeur de ses œuvres et la sincérité de son approche. Originaire du Gard, ce peintre muraliste autodidacte s'exprime depuis plus de quinze ans à travers le prisme du graffiti.
« Dans toutes mes fresques, j’essaie de proposer une réflexion sur le monde qui nous entoure », confie-t-il, soulignant l’intention philosophique qui sous-tend son art.
La « Tortue » de Grumo n’a pas une paille coincée dans la narine, ou un sac plastique autour du cou. Pire, elle porte sur son dos superficialité, consommation effrénée et mélodies entêtantes, toute la magie temporaire des fêtes foraines, pour oublier le divorce de l’Homme avec sa Nature.
Grumo, philosophe ? Oui. « Je suis le grumeau qui dérange dans la pâte à crêpes, mais moi je l’aime bien le grumeau ! » Le « minot », comme il se nomme, s’est forgé une identité artistique enracinée dans son histoire personnelle et dans les paysages de son enfance. Son parcours, marqué par une collaboration indéfectible avec son comparse Supocaos, reflète une quête incessante de renouveau et d’authenticité. « À 16 ans, c’étaient les premiers tags… et puis après, les peintures », se remémore-t-il, évoquant les débuts de ce qui allait devenir une vocation.
L’art de Grumo est un dialogue entre la rue et la toile, le cri et l’émotion. Une urgence créative « j’avais une belle expérience et un beau savoir-faire avec les graffitis de mes 17 ans. Ils m’ont permis déjà de commencer à utiliser des outils, des couleurs. Les faire en mode vandale de nuit, exige une réflexion sur son concept, sur les formes, les positions dans l’espace. Ensuite il faut réaliser cette expression artistique en mode commando avec l’envie d’un résultat parfait. » Il décrit son passage du graffiti à la peinture sur toile comme un « passage initiatique, du cri vers l’émotion à partager ». Cette évolution ne l’éloigne pas de ses racines, mais enrichit sa manière de « travailler soit dans la rue, soit dans mon atelier, soit sur des commandes », conservant ainsi l’énergie du peintre muraliste.
En interview, Grumo aborde également son expérience dans le social, qui a élargi son horizon et nourri son art d’une dimension humaniste. « J’ai eu 5 ans d’expérience avec les personnes handicapées mentales et physiques », partage-t-il, révélant comment cette période a influencé sa vision artistique et sa volonté de « donner une étincelle de bonheur » à travers ses œuvres.
Tagueur, graffeur, ces noms-là lui convenaient. Peintre ou encore artiste peintre, le « minot » se confie sur la difficulté de s’affirmer en tant que tel, malgré la reconnaissance de son travail : « les gens quand ils te regardent, ils disent, lui, c’est Grumo, c’est l’artiste peintre. Mais… Le dire moi ! Se dire que l’on est artiste peintre, ça fait un écho dans ma tête, c’est bizarre. J’ai mis du temps à savoir le dire. » Une humilité face à son art qui témoigne d’une intégrité qui se reflète dans chacune de ses créations.
« Je suis un artisan. Ce qui me fait encore plaisir, c’est de pouvoir toujours travailler le street art, les graffitis , de réaliser des peintures murales dans des établissements, de continuer à garder ce principe de musée à ciel ouvert. C’est pour cela que je prends toujours autant de plaisir à intervenir dans une école, dans un collège ou pour une municipalité. » L’artiste peintre qu’il est devenu aime toujours proposer une émotion sur un support de plein air, sur un mur d’expression, pour le regard de tous.
S’offrir une toile de Grumo, c’est s’offrir un regard aiguisé sur le monde. L’artiste nous invite à une introspection, à une réflexion sur notre propre existence au sein d’une société en perpétuelle mutation. Ses œuvres, empreintes de poésie et de détails, sont des narrations visuelles de la quête existentielle de l’homme, un voyage à la fois humaniste et coloré.