Les yeux de l'Hérault

Qui ne le sait pas ? L’image est l’anagramme de magie. Mais cette magie est-elle noire ? C’est la chambre noire et la lumière rouge qui voient naitre la photographie dans un bain révélateur. C’est avec la complicité de la lumière qu’il est possible de capturer des images. 

Du sténopé à l’argentique en passant par le boîtier numérique, le smartphone, et l’IA, la magie est-elle toujours plus puissante ? Selfie, dis-moi que je suis le plus beau, selfie, dis-moi que je suis la plus belle ! Photos dites à mes « amis » que c’est moi qui ai la plus belle des vies.

Surconsommation, gavage d’images, nous cacardons sur les réseaux sociaux. Et si la malédiction de Narcisse était devenue la nôtre ? Narcisse était un jeune homme d’une beauté exceptionnelle, mais extrêmement fier et insensible aux sentiments des autres. Puni par les dieux pour sa cruelle indifférence, son châtiment fut de tomber amoureux de lui-même. Cet amour le consuma et il se laissa mourir sur la berge où il découvrit son reflet.

Les regards éblouis par les flashs, les personnages du 19e siècle prenaient la pose durant plusieurs secondes pour obtenir une photo de leur bobine, figée dans le temps, trace rare et touchante de leur existence. On ne balançait pas encore toutes les photos sur les réseaux. À deux dans une cabine du Photomaton et en quatre temps, on se faisait tirer le portrait. Grimaces, sourires, bêtises, baisers, c’était instantané. Pas de filtres, pas de retouches, on jouait avec nos visages, inconscients de nos vies éphémères.

Photo d’identité, photo de nu, photo de guerre, reportage photo, l’image a l’art de dessiner le passé et d’influencer le présent.

Le festival « Les Boutographies » veut stimuler la créativité, encourager la découverte de nouveaux talents, favoriser les échanges culturels et la réflexion, avec un geste devenu quotidien : photographier. Un geste devenu simple, mais qui avec talent a le pouvoir de modifier l’opinion publique, de déclencher des mouvements sociaux, d’influencer la mode, les médias, et l’art contemporain. Entre capturer le réel, le transformer pour le partager, où est passée l’authenticité, où est passé l’art ? Rendez-vous avec Les Boutographies !

À lire dans l’édition du 25 avril 2024 du Hérault Juridique & Économique :