Hérault : 40 ans après, les centres des Restos du cœur "au bord de l’asphyxie"
Voilà, on y est. Quarante ans. Quarante hivers que les Restos du Cœur réchauffent la France que la société laisse dans le froid. Mardi 19 novembre, l’association fondée par Coluche en 1985 a lancé sa 40ᵉ campagne.
En 2023, 1,3 million de personnes ont franchi les portes des Restos pour manger, et pas pour le plaisir. 163 millions de repas ont été distribués. L’association assure à elle seule 35 % de l’aide alimentaire du pays. Et un quart des bénéficiaires des Restos aujourd’hui sont des familles monoparentales. Vous savez, ces parents solos – souvent des femmes – qui jonglent entre boulots précaires, loyers exorbitants et tickets de caisse qui explosent.
En 2024 donc, priorité aux moins de trois ans. Aux tout-petits qui ont faim. Parce qu’un bébé sans lait, sans couches, ça ne devrait tout simplement pas exister. Aux parents solos, aussi, ces héros invisibles qui tiennent debout par miracle.
“30% d’augmentation dans l’Hérault”
“On va probablement passer de 3,6 millions de repas distribués l’an dernier dans l’Hérault à 5 millions cette année.” Ce constat d’Anita Barone, présidente des Restos du cœur dans le département, traduit une réalité alarmante. L’augmentation de près de 30 % en un an reflète une précarité galopante.
Dans l’Hérault, les familles monoparentales représentent 25 % des bénéficiaires et sont, selon la présidente, “celles qui basculent les premières dans la pauvreté”. Cette réalité pousse l’association à élargir ses aides. Désormais, “nous fournissons tous les besoins en nourriture et en hygiène des petits enfants (0-3 ans), alors que cette aide était auparavant réservée aux bébés jusqu’à 12 mois”. Ce changement est essentiel dans un contexte où “40 % des enfants accueillis vivent en dessous du seuil de pauvreté”.
Cette montée en charge implique un défi logistique et humain colossal : “Ce ne sera pas facile, mais on va y arriver grâce à nos 1 300 bénévoles”, assure-t-elle, tout en lançant un appel : “Nous en recherchons toujours.” Une réalité aussi : si les Restos du Cœur comptent 28 centres dans l’Hérault et des camions de distribution, permettant “un bon maillage du département”, l’augmentation des besoins pousse l’association “à chercher constamment de nouvelles solutions.”
Tremplin vers la dignité
Une demande a été faite à la mairie de Montpellier, par exemple, pour décharger les grands sites, “qui sont au bord de l’asphyxie”, explique-t-elle. L’objectif : recevoir plus, distribuer plus et continuer à être aux côtés des plus précaires, au niveau alimentaire, mais pas seulement. “Chez nous, l’aide alimentaire, c’est le point d’entrée pour toute l’autre aide que nous déployons derrière, comme les cours de français, l’accès à la culture, et même des vacances pour les familles”, rappelle Anita Barone. Cette vision place les Restos du Cœur comme un pivot, détectant les besoins plus profonds des bénéficiaires et orientant vers des solutions adaptées : accès aux droits, à la justice ou au logement via des dispositifs comme Les Toits du Cœur. “Nous ne sommes pas des apporteurs de solutions directes, mais nous mettons en contact, nous déblayons le terrain”, précise-t-elle.
Malgré l’ampleur des besoins, Anita Barone reste confiante dans la solidarité des Français. “Pour l’instant, dans l’Hérault, les dons financiers et en temps sont toujours là”, reconnaît-elle. Mais cette générosité pourrait s’éroder. “L’appel aux dons exceptionnel de l’an dernier ne pourra pas être renouvelé chaque année”, alerte-t-elle. Néanmoins, malgré les défis, la présidente est convaincue d’une chose : “On va y arriver, comme toujours, grâce à la mobilisation de tous”.
Pour faire un don financier ou devenir bénévole, une adresse : www.restosducoeur.org.