Sécurité — Département Hérault

Hérault : Benoît Desmartin, un flic de terrain nommé directeur de la police

Alors qu’il était n°2 de la DIPN34 depuis septembre 2023, Benoît Desmartin prend la tête de la police de l’Hérault suite au départ de sa prédécesseure, Marjorie Ghizoli. Un nouveau directeur qui veut “assurer la continuité” tout en mettant “sa patte personnelle”.

Benoît Desmartin connaît déjà par cœur les murs de l’hôtel de police à Montpellier. “Je suis ravi de rester ici, je suis Héraultais”, lance dans un grand sourire le nouveau directeur interdépartemental de la police nationale de l’Hérault qui a pris ses fonctions le 9 décembre dernier. 

Mais le patron de la police avance en terrain connu : depuis septembre 2023, il est l’adjoint de sa prédécesseure Marjorie Ghizoli, partie à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie. Ensemble, ils ont mené de front la réforme de la police nationale qui a impliqué une nouvelle organisation à l’échelle départementale.

Imposer son style dans la continuité

Ma nomination permet d’assurer la continuité de ce que nous avions engagé avec Marjorie Ghizoli”, explique M. Desmartin, qui a déjà tissé des liens de confiance autant avec le préfet qu’avec les procureurs, les élus ou les partenaires institutionnels comme les douanes. 

Ce qui ne l’empêche pas de vouloir mettre sa “patte personnelle”. “Ce qui me caractérise, c’est mon côté humain et bienveillant, je ne suis pas dans une tour d’ivoire, assure le patron qui dirige 1 700 à 1 800 policiers. On dit de moi que je suis quelqu’un de très proche des policiers.” 

Mais attention, le but n’est pas uniquement de faire du management de proximité. “Les policiers attendent d’être proches de leur chef mais aussi d’être sanctionnés quand des fautes sont commises. Il faut les soutenir et les écouter, ce sont eux qui font la police du quotidien sur la voie publique”, estime-t-il, ajoutant qu’il compte sur eux pour faire remonter les difficultés qu’ils rencontrent sur le terrain. 

Un habitué du terrain héraultais  

Et les fonctionnaires du département, Benoît Desmartin les connaît bien. Tout comme “les quartiers et l’état de la délinquance”, assure le policier, qui a déjà foulé les terres héraultaises à plusieurs reprises dans sa carrière : il a été chef de la sûreté départementale en 2010 puis il a été commissaire central à Béziers pendant cinq ans et demi. 

Il est ensuite parti à Perpignan, à la direction de la sécurité publique des Pyrénées-Orientales, l’un des trois départements qui avaient été retenus pour tester la réforme de la police nationale. 

Des priorités vastes 

M. Desmartin a listé les enjeux importants pour l’année 2025 : lutte contre le trafic de stupéfiants, contre la délinquance sérielle, contre l’immigration irrégulière, contre les violences faites aux femmes…

Nous tenons à accentuer le rapprochement entre la police et la population. Il faut que les policiers aillent au contact des concitoyens, qu’ils aillent voir les commerçants, qu’ils soient visibles et présents au bon endroit et au bon moment”, explique le directeur, qui veut remettre les patrouilles pédestres au goût du jour dans la ville. “Nous devons mettre du bleu sur la voie publique et dans les transports en commun pour lutter contre le sentiment d’insécurité”, ambitionne-t-il. 

Focus sur la police judiciaire  

Mais l’un des gros chantiers à venir se fera au niveau de la filière judiciaire qui a de grandes difficultés selon le nouveau directeur. “Elle est peu attractive car les enquêteurs sont soumis à une forte pression”, constate-t-il. “Si on n’arrive pas à fidéliser ces gens-là et si on n’arrive pas à rendre à la filière les honneurs qui lui sont dévolus, on aura une déperdition des collègues”, craint M. Desmartin qui est à la recherche d’officiers de police judiciaire supplémentaires. 

Il souhaite aussi créer une division du pilotage opérationnel (DPO) qui serait un “gros état-major judiciaire” pour que les services judiciaires locaux et interdépartementaux, ainsi que le service d’information de renseignement et d’analyse stratégique de la criminalité organisée (Sirasco), qui concerne les analyses criminalistiques, puissent travailler ensemble. 

Premier bilan des plaintes en ligne 

Le nouveau patron de la police a profité de sa prise de fonction pour faire un bilan partiel des dépôts de plainte en ligne, opérationnels depuis le mois d’octobre. Un nouveau dispositif qui “marche très très fort”, se réjouit M. Desmartin. Il annonce que 50 à 52% des plaintes contre X sur le volet atteinte aux biens sont désormais prises en ligne à Montpellier. “Une sur deux, c’est incroyable!”. Même si tout dépend des circonscriptions : cela ne concerne que 22 à 24% des plaintes à Béziers. 

Face à l’engouement, avec 20% de plaintes supplémentaires, le service doit alors se réorganiser. “Il faut pouvoir lire ces plaintes en ligne et faire de la requalification quand certaines ne font pas l’objet d’une infraction pénale”, énumère le directeur, qui a fixé un délai de huit jours pour les traiter. “Pour le moment on y arrive, mais je pense que vu le succès, il va peut-être falloir qu’on renforce ce groupe et passer de trois à cinq collègues à Montpellier”, admet M. Desmartin. 

Avant cela, l’une des priorités est tout de même de lui trouver un numéro deux. Les candidatures peuvent être déposées jusqu’au 20 décembre. “Le choix se fera le plus rapidement possible donc je pense que mi-janvier ou fin janvier, on aura un adjoint ou une adjointe à mes côtés”, espère M. Desmartin. 

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