Hérault : Cambriolages, fermetures d'épiceries, immigration irrégulière, les chiffres 2023 du département

Le préfet de l’Hérault François-Xavier Lauch a annoncé, ce jeudi 1er février, les chiffres 2023 de la délinquance dans le département, en présence des procureurs de la République de Montpellier et de Béziers, Fabrice Belargent et Raphaël Ballant. Après avoir longuement parlé du trafic de stupéfiants et des violences intra-familiales, comme nous l’avons détaillé dans notre article du 1er février, les représentants de l’Etat et de la justice ont abordé le sujet des “comportements anti-concurrentiels”, à savoir ces commerces qui vendent des produits illégaux comme le tabac et font donc concurrence aux buralistes.

“Nous ciblons les épiceries, les bars à chicha et bientôt certains barbiers et coiffeurs car ce sont des commerces qui font vraisemblablement du blanchiment d’argent mais aussi du trafic de tabac, ce qui devient une vraie plaie dans cette ville, explique François-Xavier Lauch. Ces commerces sont les têtes de proue de circuits financiers, à un tel niveau ce problème est spécifique à Montpellier”. Pour endiguer le phénomène, 94 fermetures administratives ont été prononcées par le préfet en 2023, soit une hausse de près de 60% par rapport 2022, pour 3120 jours cumulés de fermeture (contre 1729 l’année précédente).

Comme l’explique le procureur de Béziers, faire quelques économies sur l’achat d’un paquet de cigarette peut paraitre anodin mais la situation a changé aujourd’hui. “Avant, les différents trafics étaient séparés mais ce sont maintenant les mêmes individus et cet argent va donc à la criminalité, à des réseaux qui sont dangereux pour notre société”. La hausse des saisies dans le département est en forte augmentation en 2023 avec plus de 2 tonnes de tabac saisies, dont plus de 8000 cartouches.

Concernant les cambriolages, “nous avons de très mauvais résultats”, regrette le préfet qui ajoute vouloir en faire l’une des ses “grandes priorités”. En effet, ils sont en hausse de 21% comparé à 2022 mais encore loin derrière les statistiques de 2019, avant Covid. Si les résidences principales et secondaires sont une cible classique, les cambriolages de locaux commerciaux sont en forte hausse, ce qui est nouveau. Pour les délinquants “de passage”, les abords de l’A9 et de l’A75 sont des cibles privilégiées, mais ceux qui vivent dans le département se concentrent sur les villes et le littoral.

Les vols et vols avec violence sont également en hausse et les criminels s’adaptent aux nouvelles habitudes de la population. Ainsi, les vélos et trottinettes électriques sont de plus en plus volés et “les recéleurs ont leurs habitudes, ajoute le préfet. Alors nous aussi on regarde le Bon Coin et on commence à y faire de belles affaires !”

Pour faire baisser ces chiffres, les autorités comptent “sur la participation citoyenne. On communique régulièrement des conseils à la population qui doit être actrice de sa propre protection”, précise le général de gendarmerie Thomas Deprecq. Les cellules anti-cambriolage vont être remise en place en 2024 et les autorités veulent s’appuyer de plus en plus sur la vidéo-protection et la police technique et scientifique.

L’immigration irrégulière a également fait partie des grands sujets abordés par le préfet et les procureurs. 1487 étrangers en situation irrégulière ont été interpellés en 2023. Quant aux personnes qui sortent de prison, “ils sont systématiquement placés en centre de rétention administrative, ajoute François-Xavier Lauch. Je veux également multiplier par trois les retraits et les dégradations des titres de séjour quand il y a des comportements délictuels”.

Concernant les occupations illégales de terrain, “je suis totalement conscient du problème, car je suis énormément saisi par nos concitoyens et par nos élus. Nous sommes très mobilisés sur le sujet des squats et des bidonvilles”, assure le préfet. En 2023, 8 évacuations de squats ont eu lieu dans le département. Quant aux gens du voyage, 2023 aura vu 76 installation illégales. “A chaque fois que je peux donner le concours de la force publique, je le fais. Pour que je prenne un arrêté d’expulsion, il faut que la commune soit en règle avec le schéma départemental relatif à l’accueil des gens du voyage, donc qu’elle ait construit son aire d’accueil ou son aire de grand passage. Si ce n’est pas le cas, ça ne veut pas dire que les maires ne peuvent rien faire : il y a la voie de droit habituelle, le tribunal judiciaire”. En revanche, lorsque les installations ont lieu sur des zones commerciales, qui sont donc privées, le préfet n’est pas autorisé à agir.