Hérault : Carina de Naurois a exporté sa madeleine de Proust, le cinéma, à New York
Originaire des Corbières, Carina de Naurois a créé le Festival French Movies Night à New York. Rencontre avec une femme qui a transformé sa 'madeleine de Proust' en réalité.
D’origine franco-italienne, Carina de Naurois est née à Paris. Sa belle-famille lui a permis de découvrir l’Occitanie et son ancrage lorsqu’elle est en France est situé dans les Corbières : « nous nous sommes de suite sentis bien ici, mais nous avions la ‘bougeotte’. Nous sommes partis en Malaisie, puis revenus en France, puis repartis en Australie. Nous sommes installés à New York depuis 2004 ».
Carina de Naurois a débuté sa carrière dans la finance. « A chaque expatriation, j’étais confrontée aux mêmes contraintes pour trouver une activité professionnelle. Les règles du pays m’empêchaient de travailler. Mais avec 4 enfants, je me suis impliquée au sein de leurs écoles. Je levais des fonds pour des actions caritatives, je faisais du bénévolat. Arrivée à New York, on me propose une mission pour un festival de cinéma. »
Le déclic de ses souvenirs d’années du lycée
Cette rencontre remémore à Carina de Naurois ses années lycée : « quand je n’avais pas cours le matin, j’allais au cinéma avec une amie sur les Champs-Élysées. Je la laissais choisir les films et je me laissais porter. J’ai pris goût à ces découvertes, ces surprises même, et c’est devenu ma madeleine de Proust ». Elle s’est donc remise à découvrir des films et a créé le Festival French Movies Night en 2016 : « l’idée est d’avoir un rendez-vous mensuel autour du cinéma. Je sélectionne le film (français), j’invite mon réseau. On se retrouve à 200 personnes pour visionner ensemble le film et partager ensuite un moment informel, du réseautage, des moments amicaux. »
Ce concept est donc finalement adapté, quel que soit le pays où s’installent Carina de Naurois et sa famille. Après quatre saisons, le bilan est très positif avec plus de 200 participants à chaque fois, 30 % d’Américains dans le public, très souvent francophiles. Ces rendez-vous dans une salle de spectacle ont été l’occasion de mettre à l’honneur le cinéma d’auteur français, des films militants ou traitant de sujets ‘durs’. Carina de Naurois est humble, mais elle a ‘du nez’ car ses sélections se sont souvent retrouvées nominées aux Césars. Évidemment, avec l’arrivée de la pandémie, la saison 2020-2021 s’est transformée, les salles de cinéma étant fermées depuis mars 2020 à New York : « j’ai continué à garder le lien en proposant tous les mois une sélection de films à voir, mais les rencontres et les échanges manquent cruellement ». Reste à savoir quand l’horizon sera suffisamment dégagé pour relancer ces rencontres riches en partage.