Hérault : décembre noir pour les médecins généralistes... et les patients
Dès le 2 décembre, certains médecins généralistes porteront un brassard noir au bras pour protester contre le décret Barnier du 30 octobre dernier. En cause notamment, la mise à mal du secret médical.
Le 30 octobre, le décret n° 2024-968 “relatif au document destiné à renforcer la pertinence des prescriptions médicales” a été publié au journal officiel, provoquant une levée de bouclier de nombreux médecins généralistes qui dénoncent “la fin du secret médical”. Ce document, qui s’inscrit dans la loi de financement de la Sécurité sociale 2024, établit que “la prise en charge d’un produit de santé peut être conditionnée au renseignement par le prescripteur d’éléments relatifs aux circonstances et aux indications de la prescription”.
“On va devoir écrire la pathologie du patient sur l’ordonnance“
Concrètement, “ils veulent qu’on justifie auprès de gens qui ne sont pas des professionnels de santé, pourquoi on prescrit certains médicaments”, explique le docteur Benoît Hatton, médecin généraliste à Fabrègues, dans la métropole de Montpellier. Membre de l’association Médecins pour demain, le Dr Hatton poursuit : “on va devoir écrire la pathologie du patient sur l’ordonnance ou sur un document annexe, c’est du jamais vu ! On livre la vie, la santé des gens ! C’est inquiétant car on ouvre une brèche. Une fois qu’on a laissé passer ça, qu’est-ce qui vient après ?”
Si le décret est déjà en vigueur, la liste des médicaments concernés n’a pas encore été divulgué par le gouvernement. “A titre d’exemple, prenons la cortisone. Il nous arrive d’en prescrire dans le cas de sciatiques car certains patients sont plus soulagés avec ça qu’avec des anti-inflammatoires.” Mais puisque ce n’est pas la première intention du médicament, si de la cortisone était prescrite dans ce cadre, elle ne serait plus remboursée par le Sécurité sociale. “Ce sont des administratifs et non des médecins qui prendront cette décision puisqu’ils auront désormais accès à la pathologie du patient”, précise le docteur.
“Il est du devoir des médecins de désobéir”
L’Union française pour une médecine libre (UFML) s’insurge également contre ce décret signé par le Premier ministre Michel Barnier et la ministre de la santé Geneviève Darrieussecq. Dans un communiqué, le syndicat dénonce un décret “méprisant et déconnecté de la réalité du terrain.”. Son président, le docteur Jérôme Marty, appelle même à la désobéissance “L’UFMLS ne saurait appeler la profession au respect de ce décret mais bien à sa désobéissance. Quand la loi menace la qualité et l’accès aux soins, il est du devoir des médecins de désobéir”.
Nous n’acceptons pas ce décret il est de notre devoir de désobéir!
— DrJérômeMarty (@DrJeromeMarty) November 3, 2024
Je m’exprimerais demain au nom de l’UFMLS et comme nous l’avons annoncé dans notre communiqué de presse j’appelerais la profession à la désobéissance.
Le decret @MichelBarnier c’est la multiplication des départs… https://t.co/8dHGzC0h4E
Pour protester, les soignants de l’association Médecins pour demain porteront donc, dès lundi 2 décembre, un brassard noir, pendant “une semaine au moins. Et peut-être que d’autres actions suivront”. Par ce biais, ils veulent également faire connaître le problème à leur patientèle. “Il faut informer les patients. La réaction ne peut pas venir que de nous”, conclut le Dr Benoît Hatton.