Hérault : le département taille sévèrement dans le budget de la culture
La culture le craignait, et c’est finalement pire qu’imaginé. Le budget du département qui lui est alloué va baisser de 48% en 2025, en ne maintenant que les financements liés à ses compétences obligatoires. “Pour les autres acteurs culturels, c’est une année blanche qui se profile”, s’inquiète le syndicat national des entreprises artistiques et culturelles.
Le budget de la culture va être largement amputé. C’est l’annonce faite le mercredi 29 janvier par Kléber Mesquida, président du conseil départemental de l’Hérault. “Nous avons dû supprimer certaines actions”, explique-t-il dans un communiqué diffusé à la presse le mercredi 29 janvier en milieu d’après-midi, précisant que la baisse du budget culture “est de 48%”.
Le département se contentera donc de financer tout ce qui relève de ses compétences obligatoires, comme “la lecture publique et médiathèques, les écoles de musique, les actions dans les maisons d’enfants à caractère social et les EHPAD, ainsi qu’au Domaine d’O pour 3,1 millions d’euros hors festivals et l’EPA Hérault Culture pour 2 millions d’euros”, précise M. Kléber.
“Il joue avec les mots. Le département nous a annoncé une année blanche. 100% de ce qui n’est pas dans ses compétences obligatoires ne sera pas financé, c’est inédit”, s’inquiète Sandrine Mini, déléguée régionale du syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac).
Plus tôt dans la matinée, le journal Libération avait publié un article qui indiquait que “Kléber Mesquida, président (PS) du conseil départemental de l’Hérault, se distingue en ayant annoncé, lundi 27 janvier, lors d’une réunion avec les vice-présidences, une coupe de 100 % du budget alloué à la culture dans son département”.
140 millions d’euros d’emprunt nécessaires
Depuis plusieurs mois, Kléber Mesquida avertit que des coupes budgétaires seraient nécessaires, maintenant tous les acteurs de la culture dans l’attente. Le vote du budget 2025, reporté au mois de mars, “nécessitera pour son équilibre un recours très important à l’emprunt de l’ordre de 140 millions d’euros”, indique Kléber Mesquida, dans le communiqué du 29 janvier. Il avait déjà prévenu qu’il voulait se concentrer sur le social et sur ses compétences obligatoires, dont ne fait pas partie la culture.
Des restrictions d’autant plus nécessaires que la région Occitanie a annoncé la suppression de 100 000 euros de subvention pour la programmation culturelle du département. “Nous le comprenons puisqu’elle aussi subit des restrictions budgétaires”, commente l’élu.
“1 intermittent sur 3 qui va perdre son emploi”
Pourtant sur 2 milliards d’euros de budget annuel du département, la culture représente seulement 5 à 6 millions d’euros, soit moins d’1% du total, indique le Syndeac Occitanie. “Cette décision va menacer l’emploi et précariser notre secteur”, avertit la syndicaliste Sandrine Mini, qui estime qu’un intermittent sur trois va perdre son emploi en 2025 dans l’Hérault.
Pour beaucoup d’acteurs culturels, le premier signal d’alarme a été l’arrêt du prêt gratuit de matériel scénique à partir du 1er octobre 2024, sous prétexte de concurrence déloyale avec les entreprises privées. “Ces matériels ont été transférés gratuitement aux intercommunalités qui en ont dorénavant la gestion de prêts”, répond Kléber Mesquida dans son communiqué.
Ambiance morose
Depuis, les annonces se succèdent. Par exemple, la Scène de Bayssan va terminer sa saison au dernier trimestre 2025. Idem pour le théâtre d’O qui a fermé ses portes aux compagnies qui y faisaient leurs répétitions. L’ambiance est donc morose dans le secteur culturel héraultais.
“J’ai accompagné un artiste dont quatre dates ont été annulées à cause du désengagement du département. Il a perdu 10 000 euros et sa compagnie est en déficit”, raconte Mme Mini, qui ne compte plus les exemples qui lui viennent en tête. “Une autre compagnie a vu l’annulation de sept dates à la Scène de Bayssan. Les artistes sont désespérés.”