Hérault : le préfet part à la chasse aux consommateurs de drogues
Le préfet de l'Hérault, François-Xavier Lauch, a présenté, ce vendredi 31 janvier 2025, les chiffres de la délinquance de l'année écoulée et présenté les grandes priorités de celle à venir en matière de sécurité. En ligne de mire : le trafic de stupéfiants, avec une attention particulière sur les consommateurs.
“Les trafics prennent une proportion inquiétante, que ce soit les stups mais également de tabac”, a lancé le préfet de l’Hérault François-Xavier Lauch, ce vendredi 31 janvier, au cours d’une conférence de presse pour présenter les chiffres de la délinquance 2024. Il s’est d’ailleurs félicité de la saisie de plus de 4 tonnes de drogues (3588 kg de cannabis, 457 kg de cocaïne, 1, 5 kg d’héroïne et 3 866 comprimés d’ecstasy) et de 5, 4 tonnes de tabac (241 700 paquets de cigarettes et 387 kg de tabac à narguilé), pour une valeur estimé à plus de 1, 3 millions d’euros, en 2024.
Accompagné des procureurs de la République de Montpellier et de Béziers, Fabrice Belargent et Raphaël Balland, ainsi que du directeur de la police départementale Benoît Desmartin et du général Thomas Deprecq, commandant du groupement de gendarmerie de l’Hérault, il a rappelé l’ambition portée par les autorités locales et nationales de “taper les trafiquants au portefeuille“ et de continuer à mettre la pression sur les consommateurs de stupéfiants. En 2024, dans l’Hérault, 6 728 usages de stupéfiants (+ 12,5%) ont ainsi été réprimés, dont 4 833 amendes forfaitaires délictuelles (+20,6%).
“On va faire sauter leur permis de conduire”
Bien, mais pas suffisant selon François-Xavier Lauch : “La grande partie du combat contre les trafics de drogue c’est de faire comprendre aux concitoyens qu’ils ne doivent pas consommer de stupéfiants. Car sans consommation, pas de trafic.”
Pour pousser davantage les consommateurs de stups dans leurs retranchements, le préfet souhaite se servir des contrôles routiers comme d’un frein au trafic. “La grande partie du combat contre les trafics de drogue c’est de faire comprendre aux concitoyens qu’ils ne doivent pas consommer de stupéfiant. Car sans consommation pas de trafic“, estime-t-il.
Ainsi, “on va multiplier les contrôles de sécurité devant les points de deal et on va [aux consommateurs] faire sauter leur permis de conduire“, a-t-il averti. Et de préciser l’art et la manière : “On va les soumettre à des tests salivaires. Et à partir du moment où les conducteurs de véhicule seront positifs, même avec une infime quantité de stupéfiants, et sachez que ça reste très longtemps dans le corps, ils seront passibles, sur le plan administratif, d’un retrait de six mois du permis de conduire.”
Des “embouteillages autour des points de deal”
Le judiciaire prendra ensuite le relais avec des condamnations pouvant aller jusqu’à deux ans d’emprisonnement, l’annulation du permis, la confiscation du véhicule et des stages obligatoires de sensibilisation. “Quand vous allez sur l’application Waze, vous avez des embouteillages autour des points de deal. C’est quelque chose d’extrêmement révélateur, a poursuivi le procureur de Montpellier, Fabrice Belargent. Il est donc aussi normal que la police aille faire de la régulation à ces endroits-là et du dépistage car les consommateurs sont très certainement encore sous l’emprise des stupéfiants qu’ils ont consommés la veille ou l’avant-veille.”
“Un joint a le goût du sang”
Même son de cloche du côté du procureur de Béziers, Raphaël Balland, qui reprend à son compte et en l’assumant la phrase prononcée par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau en octobre dernier : “Un joint a le goût du sang.” “Quand je vais sur une scène de crime avec un type qui a une balle dans la tête dans sa voiture et qui s’est fait kalacher […]. On ne peut pas se déresponsabiliser”, estime-t-il.
Côté revendeurs, la lutte devrait s’intensifier également avec un “harcèlement des points de deal” (433 opérations de démantèlement ont été menées en 2024, soit une augmentation de 14, 5 % par rapport à 2023) systématique et une augmentation “des contrôles des commerces ciblés dans la lutte contre le blanchiment et le narcotrafic en utilisant les nouveaux pouvoirs de la loi“. En 2024, 51 points de deal ont été dénombrés dans le département (contre 53 en 2023). Du travail en perspective pour les forces de l’ordre.