Lunel, Montpellier, Béziers : Octobre rose, dialogue avec le cancer, un one woman show renversant
Avec son spectacle “Les deux moches du fond” mis en scène par Pierre-Luc Scotto, l’auteure et comédienne Marie Salanon-Louisa accueille son cancer sur scène, “ un naufragé qui s’est perdu dans mon corps, à qui j’ai dit : je vais t’aider à partir”. Un courage artistique soutenu par la CPAM de l’Hérault.
Marie Salanon-Louisa et Pierre-Luc Scotto à Montpellier © Mathieu Weisbuch
La première de son one woman show Les deux moches du fond a eu lieu à l’Illustre théâtre de Pézenas le samedi 1er octobre. D’autres dates sont déjà programmées dans le département jusqu’à la fin d’Octobre rose (voir ci-dessous). La première a été un succès. L’enthousiasme du public dépasse ce que Marie Salanon-Louisa et Pierre-Luc Scotto imaginaient. Avant la prochaine représentation ce samedi 8 octobre, ils ont tous les deux accepté de revenir sur cette aventure incroyable qui s’emballe. Un seul en scène tiré de l’histoire vraie de Marie Salanon-Louisa mis en scène par Pierre-Luc Scotto, et qui propose une approche inédite, drôle et émouvante du cancer du sein dont la comédienne est revenue. Un projet fou qui a commencé devant une porte. Une porte que la comédienne a osé pousser.
Comment la CPAM de l’Hérault en est venue à s’associer à votre spectacle ?
Marie Salanon-Louisa : “j’ai poussé la porte de la CPAM dans l’idée d’obtenir juste un logo avec une petite phrase sur mon affiche. Je voulais faire de la prévention avec ce spectacle car mon but est d’éviter que les femmes fassent des chimiothérapies pour rien. Il vaut mieux se faire dépister avant, ce que j’ai négligé dans ma propre histoire. J’ai été présentée au président de la CPAM de l’Hérault Eric Degoutin. J’ai commencé à lui parler du projet. Soudain, il s’est levé et il est revenu quelques instants plus tard avec la sous-directrice de l’innovation de la CPAM, Virginia Bernier. Nous avons échangé. Ils ont été intéressés et touchés par mon approche. J’ai appris à ce moment-là que le rôle de la CPAM était surtout centré sur la prévention. Ils m’ont dit qu’ils avaient un budget dédié pour cela. Mais surtout, ils m’ont fait comprendre très vite que j’allais pouvoir les aider à faire passer un message.”
Pourquoi vous êtes-vous tournée vers Pierre-Luc Scotto pour mettre en scène votre texte ?
Marie Salanon-Louisa : “c’était une évidence. Après avoir écrit mon spectacle, quand je suis allée le présenter à Pierre-Luc, j’ai dit à mon mari en partant que le soir-même je saurais si j’allais jouer ce spectacle. Si Pierre-Luc m’avait dit non, je ne serais pas partie dans l’aventure. Je connais d’autres metteurs en scène, mais je voulais que ce soit Pierre-Luc, car je ne voyais personne d’autre faire cette mise en scène. Les spectateurs ont reconnu son style dès la première.”
Pierre-Luc Scotto, comment avez-vous accueilli le projet de Marie Salanon-Louisa Les deux moches du fond ?
Pierre-Luc Scotto : “quand Marie a fait sa première lecture, j’ai dû aller au-delà de ce que je ressentais pour entrevoir l’impact émotionnel, la dimension informative et préventive du spectacle. Mais j’ai vu aussi qu’il y aurait des moments drôles et le résultat final est apparu assez vite dans mon esprit. J’ai senti que je m’engageais dans quelque chose de très intéressant et de nouveau. Le texte était original et bien écrit. Nous étions d’accord pour ne pas tomber dans le mélo. Le message ne serait pas passé. Il nous fallait monter le spectacle avec les codes du one-woman show.”
Marie Salanon-Louisa : “c’est comme cela que je l’ai écrit”
Pierre-Luc Scotto : “Oui, il y a un mélange de stand up et de création de personnages. Il y a une partie où Marie raconte son histoire et une autre où elle joue plusieurs personnages, parfois en quelques secondes. J’ai vu ce potentiel du texte pour ma mise en scène et les ouvertures où j’allais pouvoir emmener Marie dans ma direction d’acteur. Dans ce spectacle, on va de surprise en surprise, et la situation évolue parfois vers le pire. Mais ce qui nous aide à ne pas sombrer, c’est l’humour. Et au bout de l’humour, il y a une émotion pure.”
Votre mise en scène a-t-elle apporté des modifications au texte ?
Pierre-Luc Scotto : “le spectacle dure une heure, c’est l’idéal pour que les spectateurs apprécient tout sans jamais se lasser, il n’y a pas de longueurs. On sait que cette histoire est vraie, cela n’est pas rien. J’ai demandé à Marie de jouer un personnage qui raconterait l’histoire de son propre personnage. C’est mon apport par rapport au texte d’origine. Que Marie ait cette distance entre elle et le personnage. Cela lui permettait d’être plus solide dans l’interprétation et les émotions qu’elle avait à donner. J’ai demandé aussi à un auteur, Denis Ancé, d’écrire les dernières lignes du texte, que l’on a mises en musique. Là, à ce moment du spectacle, c’est elle. On passe d’un personnage à elle, dans sa pure personnalité. Comme s’il y avait une résilience sur scène. L’événement est là.”
La première à Pézenas a-t-elle provoqué des réactions ou des échanges avec les spectateurs ?
Marie Salanon-Louisa : “le président de la CPAM Eric Degoutin s’est levé le premier à la fin et tout le monde a suivi. C’était merveilleux !”
Pierre-Luc Scotto : “la CPAM a très envie qu’on avance avec eux. Ils ont trouvé les premières dates. Le président était très surpris de la réception des spectateurs, c’était au-delà de leurs espérances.”
Marie Salanon-Louisa : “les retours sont extraordinaires. Trois filles sont venues me parler à la fin pour me dire que lundi, elles prendraient rendez-vous pour un dépistage. Il y avait aussi un couple de médecins. Ils ont été séduits par le texte et la mise en scène. Il m’ont dit que c’était cela qu’il fallait montrer aux gens, qu’avec cette histoire, les gens allaient comprendre.”
Pierre-Luc Scotto : “une comédienne a dit à Marie qu’elle avait envie de jouer sa propre histoire elle aussi.”
Parlez-moi du titre…
Marie Salanon-Louisa : “ce sont les deux ganglions, les deux premiers. Ils étaient très au fond. Je suis tombée sur un très bon médecin parce qu’il était facile de passer à côté. Je suis aussi reconnaissante à un autre personnage du spectacle. Ma belle sœur, que j’appelle La chieuse. C’est elle qui m’a tannée pour aller faire une mammographie, celle où j’ai réalisé que j’avais des ganglions. Je la remercie à la fin du spectacle. Je souhaite à chacun d’avoir une chieuse ou un chieur à côté de lui, car ça peut sauver la vie ! Dans mon spectacle, je dis que ‘ne pas se faire dépister c’est donner la clé de chez soi à monsieur Cancer’. Je lui parle. Il n’est pas un ennemi dans mon spectacle. J’avais peur de la réaction des gens par rapport à ce choix car je ne l’ai pas vécu comme cela.”
Pierre-Luc Scotto : “Marie dit au cancer, ‘ok j’accepte tout sans rechigner, sans me plaindre mais en contrepartie, tu te laisses glisser vers la sortie’. Les spectateurs m’ont beaucoup parlé de ce moment.”
Marie Salanon-Louisa : “pour moi, le cancer est un naufragé qui s’est perdu dans mon corps. On se bat mieux comme cela. J’ai accepté sa présence et je lui ai dit que j’allais l’aider à partir. La chimio, je ne la souhaite à personne, c’est pour cela que je suis là.”
Informations pratiques
Les deux moches du fond, spectacle écrit et joué par Marie Salanon-Louisa et mis en scène par Pierre-Luc Scotto. Avec le soutien de la CPAM de l’Hérault
Représentations dans le cadre d’Octobre Rose :
Samedi 8 octobre à 18h30, à la salle des fêtes d’Alignan-du-Vent
Mercredi 12 octobre à 14h30, à Lunel, salle Georges-Brassens
Jeudi 20 octobre à 14h30 à la Maison pour Tous Marie-Curie à Montpellier
Vendredi 21 octobre à 14h30 à la Maison pour Tous Paul-Emile-Victor à Montpellier
Samedi 29 octobre à 21h au réfectoire des Abbés à Béziers
Réservations et informations par téléphone au 06 45 44 36 64
Tarif : 15 euros, dont 5 euros qui seront reversés à la ligue contre le cancer