Economie — Département Hérault

Hérault : « On ne va pas emprunter pour subventionner » lance Kleber Mesquida

Ce 13 janvier, Kléber Mesquida, président du conseil départemental de l’Hérault, a présenté ses vœux à la presse depuis l’hôtel du Département de Béziers.

Ce rendez-vous a permis de faire un nouveau point sur les priorités, les défis financiers et les projets stratégiques du Département pour 2025, après un premier bilan dressé en septembre dernier. Lors de son allocution sur les réseaux marquant le début de la nouvelle année, en remplacement de la cérémonie des vœux à la population annulée en janvier, le président a donc saisi l’occasion pour présenter, dans un contexte budgétaire contraint, les actions en cours et les ambitions destinées à répondre aux attentes des Héraultais.

Une situation budgétaire préoccupante

Le président a commencé par un état des lieux clair des finances départementales. Dans un contexte national marqué par la baisse des dotations de l’État, l’Hérault, comme 29 autres départements, fait face à des difficultés croissantes. En 2024, la perte de dotations s’est élevée à 51 millions d’euros, un chiffre sans précédent. Kléber Mesquida a souligné l’impact de cette situation : « C’est la première fois que la France n’a pas de loi de finances en début d’année. J’espère que le nouveau gouvernement trouvera des solutions pour pouvoir mettre en place le budget. C’est le nerf de tout. » Il a également réitéré son refus de recourir à l’endettement pour financer le fonctionnement quotidien : « Selon les règles budgétaires, nous pouvons emprunter pour financer des investissements : bâtiments, routes, et projets structurants. En revanche, il est interdit d’emprunter pour couvrir les dépenses de fonctionnement, notamment les subventions. Le fonctionnement correspond à la gestion quotidienne : salaires des personnels, frais d’énergie, d’entretien. Ces dépenses doivent être couvertes par nos propres ressources. Or, les dotations de l’État sont en forte baisse ; rien qu’en 2024, nous avons subi une diminution de 51 millions d’euros. C’est une situation inédite, et nous ne sommes malheureusement pas les seuls concernés. » Selon une étude, à l’horizon 2025, 85 départements français pourraient être en difficulté si cette tendance se poursuit.

L’éducation, une priorité pour 2025

Le Département de l’Hérault continue de mettre l’accent sur l’éducation. Avec 56 827 collégiens, il s’agit d’un enjeu central pour accompagner la croissance démographique. Deux nouveaux collèges, à Maraussan et Juvignac, ouvriront leurs portes pour la rentrée scolaire 2025-2026 (Celui de Port-Marianne à Montpellier a été livré en 2022). Ces établissements, conçus selon des standards écoresponsables, s’inscrivent dans le cadre du « plan collèges 2021-2028 », qui vise à moderniser et agrandir les infrastructures scolaires. En 2024, 54 millions d’euros ont été investis pour la construction et la rénovation des établissements. Kléber Mesquida a souligné l’importance de ces efforts : « C’est un investissement exceptionnel. Pour la première fois, nous construisons trois nouveaux collèges au cours d’un même mandat. Cela reflète notre volonté d’offrir un environnement propice à la réussite scolaire. »

Infrastructures : des projets malgré les contraintes

À Béziers, les travaux de la rocade avancent : la mise à 2×2 voies et la dénivellation des carrefours devraient être achevées d’ici début 2026. Cette réalisation permettra un contournement complet de la ville et une circulation plus fluide. En Agde, Sébastien Frey a annoncé que les consultations publiques concernant le doublement de la RD612 et le pont commenceront cette année. Cependant, Kléber Mesquida a mis en avant des difficultés techniques : « Concernant le doublement de la RD612 à Agde, la principale difficulté ne réside pas dans le budget, mais dans les aspects techniques liés au projet. Le doublement du pont représente un défi majeur en raison de la nature de l’ouvrage, de la présence du fleuve et des contraintes imposées par la loi sur l’eau. Nous travaillons actuellement avec un organisme national de l’État pour étudier les solutions possibles permettant de réaliser ce doublement. Cependant, aucun délai précis ne peut être annoncé pour l’instant, car nous sommes toujours en attente des réponses techniques des services de l’État, notamment du Cerema. »

Quant au projet de giratoire permettant l’accès à la déchèterie sur la route de Saint-Thibéry, Stéphane Pépin-Bonet, maire de Bessan, a annoncé lors de ses vœux à la population qu’il pourrait être retardé en raison des contraintes budgétaires. Cette information a été confirmée par Kléber Mesquida, qui précise : « La déchèterie est un équipement connexe qui ne relève pas de la compétence départementale. Une discussion est donc en cours avec l’Agglo Hérault Méditerranée afin de déterminer une répartition des crédits. »

Lutter contre les violences malgré les défis

Depuis 2021, le Département a pris en charge 1 347 femmes isolées, avec ou sans enfants, consacrant 12 millions d’euros à cette cause. Cependant, l’absence de financement étatique inquiète. « Plus de 10 % de ce budget devrait être pris en charge par l’État. Ce désengagement nous oblige à assumer seuls cette responsabilité, ce qui est injuste et dangereux pour les victimes », a dénoncé Kléber Mesquida. Malgré tout, le Département a décidé de pérenniser les six intervenantes sociales en commissariat et en gendarmerie : « Ces postes sont essentiels pour répondre à l’urgence et accompagner les victimes. Nous continuerons à demander à l’État de remplir ses engagements financiers. »

Un pôle de formation innovant à Gignac

Pour renforcer la préparation des sapeurs-pompiers, un centre de formation ultramoderne a été inauguré à Gignac récemment. Financé à hauteur de 32 millions d’euros, ce centre allie simulations numériques, mises en situation réelles et espaces d’entraînement technique. « Ce pôle est une fierté pour l’Hérault. Il place nos pompiers dans les meilleures conditions pour répondre aux crises et protéger nos habitants.Il sera de plus en plus utilisé en 2025, y compris par des pompiers de toute la France.  »

Gestion de l’eau : anticiper les pénuries

Face aux défis liés aux ressources en eau, le Département poursuit une politique proactive. L’étude concernant six retenues hivernales se poursuit en 2025 à Autignac, Magalas, Caussiniojouls, deux à Pouzolles et une à Florensac. Ces réserves pourraient être alimentées par un prélèvement hivernal dans le Rhône via le réseau Aqua Domitia. « Nous devons anticiper les pénuries en diversifiant nos sources d’approvisionnement et en promouvant des pratiques responsables », a précisé le président.

Valorisation du territoire , l’UNESCO en ligne de mire

Le Département mise également sur l’attractivité culturelle et touristique. La poursuite des projets comme l’Oenotour et le Conchylitour autour du bassin de Thau et du port de Vendres illustrent cet engagement. Par ailleurs, l’Hérault attend avec impatience la réponse de l’UNESCO concernant sa candidature au label Geoparc mondial. « Ce label serait une reconnaissance internationale de la richesse géologique et culturelle de notre territoire. Il renforcerait notre image et notre attractivité. »

Malgré des contraintes budgétaires sans précédent, le président du Département affiche l’ambition de poursuivre ses actions dans les domaines de l’éducation, de la solidarité et du développement du Géoparc, tout en préparant l’avenir face aux défis environnementaux et sociaux.

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