Hérault : "On s'achemine vers une sécheresse précoce et d'une intensité supérieure à 2022"
Le nouveau directeur départemental des territoires et de la mer (DDTM), Fabrice Levassort, annonce d'ores et déjà des mesures de restriction renforcées pour préserver la ressource en eau.
Des sols secs “comme jamais”
“C’est une question de semaines”, annonce d’emblée Fabrice Levassort, le nouveau directeur départemental des territoires et de la mer (DDTM) de l’Hérault. La sécheresse est déjà là et les mesures de restriction d’eau imposées récemment par la préfecture dans l’ouest de l’Hérault devraient rapidement s’étendre à tout le département.
En fonction seulement depuis le 3 avril 2023 pour succéder à Matthieu Grégory (DDTM de 2015 à 2022), Fabrice Levassort entre ainsi de plain-pied dans les enjeux cruciaux du territoire. “La situation hydrographique est très contrainte, les sols sont très secs – comme il ne l’ont jamais été – je pense donc que l’on s’achemine vers un épisode de sécheresse précoce et probablement d’une intensité plus importante que ce que l’on a connu l’année dernière”, annonce-t-il avec gravité.
L’an dernier, “le début de la sécheresse est intervenu deux mois plus tôt que ce que l’on connaissait, indique-t-il. Et aujourd’hui, c’est encore une anticipation d’un mois dans l’Hérault”. Un constat d’autant plus alarmant qu’en mars 2022, “il y avait eu des pluies permettant de recharger les nappes et les retenues. Cette année, il n’y en a pas eu. Il y en aura-t-il dans les semaines à venir ? Mystère”. En somme, la sécheresse arrive plus tôt avec des réserves plus basses.
“Les mesures de restriction vont monter crescendo”
Ainsi, à défaut de gros nuages lourds, ce sont d’inévitables restrictions qui se pointent dans le ciel des Héraultais. “Notre service va proposer, après concertation avec les parties prenantes, les arrêtés sécheresse que prendra le préfet et les mesures de restriction qui vont monter crescendo au fil des semaines“, annonce Fabrice Levassort.
La teneur coercitive des mesures sera, bien entendu, corrélée à l’intensité de la sécheresse, mais tout donne à penser que les consommateurs vont devoir serrer les robinets. “Tout est basé sur données scientifiques provenant des différents cours d’eau. Plus le niveau est bas, plus les mesures de restrictions seront importantes, indique le DDTM. On est sur un système avec différents paliers. Dans l’ouest du département, par exemple, c’est un premier pallier : il pourrait y en avoir d’autres et il y en aura certainement d’autres. Ces paliers seront appliqués de manière différenciée au fil du temps, selon les sous bassins versants, en fonction de la réalité hydrographique.”
Réduire de 10% la consommation
Pour ne pas franchir un seuil critique, les services de l’Etat estiment que l’ensemble des habitants de l’Hérault va devoir baisser de 10% sa consommation d’eau, “tout domaine confondu”, insiste Fabrice Levassort. “Nous pouvons faire un parallèle avec la crise énergétique et le plan de sobriété visant à réduire, l’hiver dernier, de 15% les consommations. Globalement, tous le segments de la société ont joué le jeu et nous n’avons donc pas connu de blackout. Là, il y a une démarche analogue qui vise a s’inscrire dans une réduction de l’ordre de 10% de la consommation le plus vite possible. Il ne s’agit pas de renvoyer la responsabilité sur un tel ou un tel, mais de faire corps et que chacun assume sa part.“
La saison des incendies en avance aussi
Conséquence directe et logique d’une sécheresse précoce : la saison des incendies est, elle aussi, en avance, comme avec le feu à Saint-Jean-de-Fos, qui a d’ailleurs conduit le préfet à interdire l’accès à cette forêt. Bref, un été aussi chaud que sec s’annonce avec le retour dans l’Hérault de Fabrice Levassort, qui a déjà travaillé, au cours de ses 25 ans de carrière comme haut-fonctionnaire, à deux reprises à Montpellier : une première fois à la DDE (Direction départementale de l’équipement) en charge du financement du logement au milieu des années 2000, puis au conseil régional du Languedoc-Roussillon au poste directeur des transports de 2007 à 2014. “Je reviens avec grand plaisir mais également humilité, conscient des enjeux locaux. J’ai beaucoup à découvrir et à redécouvrir”, conclut le nouveau DDTM, conscient des difficultés à venir.
Encore un donneur de leçon qui consomme de l’eau sans restriction ! Qu’il aille travailler dans le privé, là il pourrait en apprendre !