Hérault : plainte en ligne, “le temps de traitement est divisé par deux ou trois"
Chaque année, la France enregistre 3,5 millions de plaintes, dont 2,8 millions suite à des atteintes aux biens. Dans l'Hérault, cela représente “environ deux tiers des infractions courantes” et, depuis le 15 octobre, un nouveau système permet de les traiter sans se déplacer.
“Simple et rapide”
Fini le temps où on perdait une demi-journée dans les files d’attente des commissariats pour un vol de portable, une dégradation sur sa voiture ou un siphonnage d’essence sans suspect identifiable… Avec la plateforme “Ma sécurité”, il suffit désormais de quelques clics depuis son canapé pour faire une déclaration. Comme l’explique Éric Agniel, le processus est “simple et rapide” : une fois identifié via FranceConnect (“afin d’d’authentifier l’identité de l’usager et de diminuer les plaintes frauduleuses”), l’utilisateur remplit un formulaire qui prend environ 20 minutes. En fonction des précisions fournies, l’outil oriente ensuite le plaignant : par exemple, en cas d’escroquerie en ligne, il sera redirigé vers la plateforme Thésée, et pour une fraude à la carte bancaire, vers Perceval.
“Après acceptation du dépôt de plainte numérique, nous avons 48 heures pour l’attribuer à un plaintier qui aura sept jours pour la traiter. Si vous devez vous déplacer, ce délai peut atteindre 15 jours. À l’issue de ces délais, vous recevrez une confirmation de votre plainte signée et validée,” développe-t-il. Dans l’Hérault, le système prend déjà de l’ampleur : “Nous avions sur le département 30 % de plaintes en ligne par rapport à notre total de prises de plaintes. Ce pourcentage ne cesse d’augmenter, et ce lundi matin, nous étions à 50 % de plaintes en ligne,” souligne Éric Agniel.
A noter que l’utilisation de la plainte en ligne est strictement encadrée pour garantir son efficacité. Seules les infractions sans suspect identifiable, majoritairement liées à l’assurantiel et déposées par des majeurs, peuvent être enregistrées en ligne. “Il y a d’autres cas qui sont exclus, comme ceux qui réclament un contact physique avec l’enquêteur ou l’intervention de la police technique et scientifique, ainsi que les infractions les plus graves, précise le préfet François-Xavier Lauch. Nous ne voulons pas compromettre la sécurité des victimes.” Actuellement, 20 % des plaignants en ligne doivent retourner au commissariat pour fournir des informations complémentaires, un point que les autorités “s’efforcent d’améliorer”.
Quête de résultats
Les résultats préliminaires de cette initiative sont encourageants. En Gironde, où s’est déroulée la phase d’expérimentation, le nouveau dispositif a permis de réduire la fréquentation physique des commissariats de près de 25 %. Résultats, moins de files d’attente et des équipes plus disponibles pour les cas complexes, notamment les infractions graves. “Le temps de traitement est divisé par deux ou par trois pour le policier ou le gendarme,” ajoute le préfet, qui estime que cette technologie “fait gagner du temps à tout le monde.”
Car si l’idée primaire “est de faciliter la prise de plainte pour les victimes”, cet allégement vient aussi toucher le quotidien des forces de sécurité qui “sont déchargées d’un travail de prise de plainte lié aux atteintes aux biens, les escroqueries, délits de fuite, dégradations,” résume Éric Agniel. Et dans l’Hérault, “45 à 50 % des infractions pour lesquelles nous prenons des plaintes régulièrement relèvent de cette catégorie.”
Pour le préfet de l’Hérault, cette évolution constitue plus qu’un simple progrès technologique : “C’est une modification absolument majeure dans le contact entre nos concitoyens et les forces de sécurité. Plus besoin d’attendre dans des accueils de gendarmerie ou de commissariat qui, évidemment, parfois, ont beaucoup de monde, notamment pendant les périodes de forte affluence. Cela représente une véritable avancée pour améliorer notre réactivité et notre efficacité.”