Hérault : signature d’un accord pour prévenir les liquidations judiciaires des artisans
Après la vague de la Covid, c’est au tour de l’inflation et de la crise des matières premières de mettre à mal les artisans héraultais. Le Tribunal de commerce de Montpellier fait un pas vers eux pour prévenir la catastrophe.
Christian Poujol et Nadine Baptiste à la Foire internationale de Montpellier, vendredi 7 octobre 2022 © Mathieu Weisbuch
L’accord a été signé ce vendredi 7 octobre à la Foire internationale de Montpellier. Sur le stand de la Chambre des métiers et de l’artisanat de l’Hérault, son président Christian Poujol et la présidente du Tribunal de commerce de Montpellier Nadine Baptiste apposent leurs griffes sur les termes d’une convention qui doit permettre aux chefs d’entreprises d’éviter une liquidation judiciaire.
La peur du juge
Le monde de l’artisanat et des petites entreprises souffrait jusqu’à maintenant d’une peur du juge. Un constat qui a poussé le Tribunal de commerce de Montpellier à renforcer sa présence et sa disponibilité pour des échanges confidentiels et préventifs avec les chefs d’entreprise en difficulté. Le nouveau dispositif doit bénéficier à l’est de l’Hérault pourvu de plus de 30 000 acteurs économiques concernés, incluant Lodève, Sète, Clermont-l’Hérault notamment.
Même si le nombre de liquidations judiciaires sur le territoire est en baisse de 16% par rapport à son niveau de 2019, la signature de l’accord semble indispensable. Le président Christian Poujol ayant connu des artisans capables d’en venir aux pires extrémités face à leurs difficultés, il veut leur apporter une solution fidèle aux valeurs de proximité du monde artisanal.
Questions à Christian Poujol et Nadine Baptiste
Etait-il nécessaire de mettre rapidement en place cette aide aux chefs d’entreprise?
Christian Poujol : “Pour moi non, c’est simplement la bonne démarche pour une entreprise, il faut toujours prévenir.”
Nadine Baptiste : “C’est l’anticipation qui est le plus important. Si l’on si prend les problèmes suffisamment tôt, on arrive à redresser les entreprises, mais si on attend trop, malheureusement c’est la catastrophe.”
Les artisans et les chefs d’entreprises devraient-ils être mieux formés sur ces questions?
Christian Poujol : “Dans l’artisanat on essaie de faire de la formation tout au long de la carrière comme la comptabilité, la gestion et pour leur métier quand il change. Mais cela ne fait pas partie des rôles du Tribunal de former sur ces questions. Ce que nous voulons faire c’est de la prévention.”
Quel personnel va être mobilisé?
Nadine Baptiste : “Au tribunal, nous avons déjà une équipe de cinq juges chargée de la prévention. Concrètement, nous recevons le vendredi matin les chefs d’entreprise qui nous sollicitent ou que nous convoquons. Là, il y aura un juge dédié qui fera des permanences à la Chambre des métiers. Comme il existe une peur du tribunal, nous allons vers les artisans.
Comment allez-vous en informer les artisans?
Christian Poujol : “Nous allons écrire à tous les artisans de l’est du département. Dire aux 30 000 acteurs concernés que nous sommes à leur disposition avec le Tribunal de commerce pour faire de la prévention”
Le contexte vous fait-il craindre des difficultés à venir?
Nadine Baptiste : “Oui, c’est très préoccupant ce qui se passe aujourd’hui. Il y a une reprise de l’inflation, une augmentation très importante du coût des matières premières donc de l’énergie. Il faut être à l’écoute des entreprises. La période peut en effet s’avérer très difficile.”
Christian Poujol : “Cette convention, nous ne l’avons pas sortie du chapeau pendant la crise. Cela fait trois ans que nous travaillons dessus. J’étais juge au Tribunal de commerce avant d’être président de la Chambre des métiers, donc je connaissais les problèmes. Là, nous avons accéléré l’aboutissement d’un projet élaboré il y a trois ans.”