Faits divers — Département Hérault

Hérault : Trente ans requis pour le féminicide d'Aurélie Vaquier, "un crime affreux"

Trente ans de réclusion ont été requis mardi à Montpellier contre un homme de 41 ans, Samire Lymani, accusé d'avoir tué sa compagne Aurélie Vaquier, retrouvée ensevelie sous une dalle de béton à son domicile, un "crime affreux" qu'il nie.

“Ce crime est affreux. Je vous demande de déclarer Samire Lymani coupable du meurtre de sa compagne Aurélie Vaquier et de le condamner à 30 ans de réclusion criminelle”, a déclaré dans son réquisitoire l’avocat général Damien Kincher.

L’avocat de l’accusé a pour sa part plaidé son acquittement face à une “absence de certitude”. Et Samire Lymani a une nouvelle fois clamé son innocence dans un ultime coup d’éclat.

“Vous allez me libérer. Je veux qu’on recommence l’enquête, avec une nouvelle juge d’instruction, de nouveaux enquêteurs. Il faut qu’on retrouve celui qui a fait ça!”, a lancé Samire Lymani, invité à s’exprimer une dernière fois.

Entre larmes et propos vindicatifs, souvent décousus, il a dénoncé une enquête sous influence médiatique, affirmant “ne pas être un monstre”. “Aurélie, c’était quelqu’un de bien. Ils l’ont tuée et enterrée chez moi”, a-t-il fini par dire, avant de se rasseoir, comme tétanisé.

Le jury s’est ensuite retiré pour délibérer. Son verdict est attendu dans l’après-midi.

Jugé depuis le 9 janvier pour “meurtre par concubin”, l’ancien militaire et chauffeur routier, père divorcé de deux enfants, risque la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre d’Aurélie, 38 ans, retrouvée morte le 7 avril 2021 à Bédarieux, petite ville non loin de Montpellier.

Mais cette peine “est à réserver aux criminels en série”, a expliqué dans son réquisitoire l’avocat général. Pour le reste, il s’est montré implacable, rappelant qu’Aurélie Vaquier était “morte de mort violente”.

Damien Kincher a alors évoqué l’“hypothèse abracadabrantesque” que c’est un inconnu qui a tué la jeune femme à son domicile puis l’a ensevelie en coulant une dalle de béton, dissimulée sous un podium de bois au domicile même du couple.

Une version que Samire Lymani a toujours soutenue, en expliquant que les faits s’étaient produits alors qu’il s’était absenté quelques jours dans sa famille.

“Mensonges, mensonges, mensonges… cet inconnu, c’est vous, Samire Lymani”, a lancé l’avocat général.

“Naufrage”

Pour l’accusation, Aurélie Vaquier n’a “jamais quitté son domicile”. La preuve? Elle portait un pyjama et des chaussons d’intérieur quand elle a été tuée.

Quant au message qu’elle aurait envoyé le 28 janvier pour annoncer qu’elle partait à la campagne pour “lire et écrire”? “Un faux” rédigé par M. Lymani, a martelé M. Kincher.

Si la déclaration “tardive” de sa disparition – près d’un mois après – à la gendarmerie est “le premier élément à charge”, Samire Lymani “signe sa culpabilité” lorsqu’il affirme n’avoir rien vu de suspect en rentrant au domicile conjugal le 6 février.

Puisqu’il y a fait des travaux, il a pourtant nécessairement dû s’apercevoir, selon l’avocat général, qu’une dalle de béton avait été coulée sous la fameuse estrade de bois, là où le corps d’Aurélie sera découvert par la gendarmerie.

“Le mobile? Je ne suis pas dans la tête de Lymani”, convient le magistrat du parquet. Mais il évoque le “naufrage d’un couple à la dérive”, “embarqué dans un projet” mal ficelé de création d’un restaurant vegan à Bédarieux. “Cela tourne au cauchemar, il voulait la remplacer”, avance Damien Kincher.

Pour la défense, Me Montfort s’est inscrit en faux, dénonçant de nombreux “raccourcis” d’une enquête focalisée dès le départ sur la culpabilité présumée du compagnon d’Aurélie.

“Ne pouvait-il pas y avoir quelqu’un” d’autre, qui “connaissait Aurélie, qui connaissait les lieux” et dont elle ne se serait pas méfiée, s’est interrogé l’avocat.

Pendant des semaines, a-t-il aussi souligné, Samire Lymani aurait “pu se débarrasser du corps” plutôt que de la cacher dans un logement qui allait forcément être fouillé. “Mais non, il reste là, il attend. Est-ce que tout ça est logique?” pour un meurtrier, s’est-il interrogé.

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