Hérault, Vendanges : “les pertes pourraient atteindre 20 % dans certaines zones”, d’après Yvon Pellet
Alors que le ministère de l'Agriculture attend une baisse de la production de l’ordre de 18% par rapport à 2023, avec seulement 40 à 43 millions d'hectolitres de vin prévus, en France, qu’en est-il dans l’Hérault ? Nous avons posé la question à Yvon Pellet, vice-président délégué à l'économie agricole et à l'aménagement rural au Département et maire de Saint-Geniès-des-Mourgues.
Comment est-ce que la météo du printemps et de l’été a-t-elle impacté les vendanges ?
Yvon Pellet : Le printemps a été très pluvieux, ce qui a beaucoup affecté la vigne, surtout en ce qui concerne les pratiques de viticulture biologique. Jusqu’à fin juin, il a plu régulièrement, ce qui a créé des conditions difficiles pour le bio. Ensuite, en juillet, il n’a pas fait vraiment chaud, et les deux premiers jours du mois n’ont pas apporté de chaleur. Cela a compliqué le développement de la vigne. Malgré ces perturbations, la vigne a montré une belle végétation au début.
D’ailleurs, l’impact de la pluie est à nuancer. Tandis que certaines régions de l’est du département ont bénéficié de bonnes pluies, d’autres, notamment dans l’ouest, ont souffert d’un manque d’eau. Les territoires non irrigués sont particulièrement touchés par la sécheresse cette année. Ce sont les variabilités climatiques qui rendent la situation particulièrement difficile pour les vignerons.
Qu’en est-il des maladies tant redoutées par les exploitants ?
Yvon Pellet : L’un des problèmes majeurs cette année est le phénomène de millerandage, qui s’illustre par le fait que les grappes se développent avec quelques gros grains et de nombreux petits grains restés verts. Cela a surtout touché les Merlots, les Syrahs et les Grenaches. Résultat, alors que les premières floraisons semblaient prometteuses, le phénomène a dégradé la qualité des grappes, et nous observons une coulure importante.
Ce qui n’a pas arrangé la situation est que nous avons eu des orages, notamment celui du 15 août, et c’est une maladie qui réagit à ces conditions. Bien que leurs pluies aient contribué à faire grossir les raisins normaux et sains, les raisins touchés par le millerandage ont vu leur maturation compliquée. Les conditions fraîches qui ont suivi ont encore accentué la difficulté.
Avez-vous une estimation des pertes de production pour cette année ?
Yvon Pellet : Selon les dernières estimations, les pertes pourraient atteindre entre 15 et 20 % dans certaines zones. Dans les régions particulièrement touchées par le millerandage, les pertes pourraient aller jusqu’à 40 %.
Est-ce que tout le département est concerné ?
Yvon Pellet : L’impact est assez hétérogène. Que ce soit pour les grandes ou les petites exploitations, le millerandage et les coulures ont eu des effets variables. Par exemple, à la cave de Saint-Geniès, les pertes sont estimées à environ 15 %, tandis qu’à Saint-Mathieu, au Pic Saint-Loup, les producteurs sont un peu moins pessimistes.