Hérault, Vincent Ribeira : "Intervilles sans vachette, jamais chez nous"
Plus qu’un simple cri de colère, c’est une profonde amertume qui transperce les mots de Vincent Ribeira. Le gestionnaire des arènes du Grau-du-Roi, de Palavas et du Cap d’Agde fulmine. La suppression des vachettes dans l’émission Intervilles ? Une trahison. Une atteinte frontale à une tradition qui fait battre le cœur du Sud.
Le grand retour d’Intervilles l’été prochain sur France 2, avec Nagui aux commandes, aurait dû être une fête pour les villages du Sud, grands habitués de l’émission. Au lieu de cela, la décision controversée de bannir les vachettes jette un froid. Pour Nagui, ces bêtes seraient “plus heureuses dans la nature” et leur présence dans des jeux télévisés les mettrait en danger. Mais dans les arènes, où les traditions taurines sont inscrites dans l’ADN, ce discours sonne comme un camouflet. “Ridicule”, lâche Vincent Ribeira, excédé. Et il n’est pas seul.
Vous pensez que ce retrait des vachettes est justifié ?
Vincent Ribeira : C’est ce qui ressort beaucoup. Les vachettes d’Intervilles, c’était l’essence même de l’émission. J’ai discuté, il n’y a pas plus tard qu’hier, avec Yves Launoy, qui a travaillé sur le programme télévisé à la grande époque, et même lui ne comprend pas ce qui se passe. Maintenant, on est dans ce phénomène de “wokisme” où tout doit être aseptisé. On nous impose ce qu’on peut regarder, ce que les enfants doivent voir, ou pas, s’ils peuvent manger de la viande, ou pas. Certaines catégories veulent astreindre tout le monde à leur mode de vie. Une minorité qui emmerde une majorité.
Ils font un raccourci vers la corrida, alors que c’est totalement différent. Ce sont des jeux où l’animal n’est pas maltraité. Les animaux qui participent aux toro-piscines ou aux courses camarguaises sont très bien traités. Évidemment, comme dans tout sport, des accidents peuvent arriver, mais cela reste exceptionnel. Pour les corridas, je peux comprendre que certains n’aiment pas. Moi, je suis aficionado et je défends la tauromachie espagnole. Mais il y a une différence avec la tauromachie camargaise, où les vaches et les taureaux participent à des jeux et sont élevés avec soin. Ce sont des traditions locales, respectueuses.
Pensez-vous que cette suppression reflète un rejet d’une identité, d’un ADN ?
V.R : Je ne sais pas si c’est un rejet d’identité, mais c’est une décision qui va à l’encontre de ce que nous vivons ici. Dans nos arènes, au Grau-du-Roi, à Palavas ou au Cap d’Agde, des milliers de spectateurs viennent chaque été pour voir des toro-piscines. Ils constatent qu’il n’y a aucune maltraitance. Mais à Paris, certains veulent imposer leur vision sans jamais s’être rendus sur place, sans avoir vu comment on élève nos animaux, nos taureaux. C’est inacceptable.
À l’heure de la mondialisation, si on n’arrive pas à conserver nos racines, nos traditions, notre adrénaline, qu’est-ce qu’on devient ? Dans nos traditions, il y a toujours eu du respect pour l’animal. Tous les éleveurs que je connais aiment leurs bêtes et les traitent bien. Les traditions, c’est ce qui fait notre identité. Elles doivent être préservées avec tolérance. Ceux qui critiquent ces pratiques ne connaissent rien. Qu’ils viennent voir un élevage, rencontrer les animaux, comprendre pourquoi on les aime autant.
Intervilles prévoit d’utiliser une vachette en mousse. Qu’en pensez-vous ?
V.R : Une vachette en mousse ? C’est ridicule. Pensez au pauvre monsieur qui sera à l’intérieur avec 45 degrés. C’est pathétique. Sans vachettes, n’a aucun sens. S’ils veulent organiser ça, qu’ils le fassent dans un stade ou une salle de sport mais pas dans des arènes, qui sont faites pour voir des taureaux et des vachettes courir.
Intervilles sans vachette, jamais chez nous. Il en est hors de question. Nous avons accueilli cette émission deux fois, il y a des années, à Palavas. C’était un succès. Mais aujourd’hui, ça ne m’intéresse plus.