Hérault : "Votre voiture n'est pas un coffre-fort", la nouvelle campagne de prévention contre les vols

Les mois d’été voient une augmentation notable des vols à la roulotte, surtout dans les zones touristiques. Et le département de l’Hérault n’y échappe pas. Si les chiffres de la police ne traduisent pas une forte augmentation soudaine du phénomène, les autorités sont conscientes que le vol à la roulotte, ou dérobade dans des véhicules stationnés, demeure “un phénomène préoccupant”.

Sacoche volée, téléphone chapardé, vélo décroché, les vols sur les espaces de stationnement augmentent à mesure que les vacanciers se détendent. Pour rappeler à tous qu’un véhicule n’a rien d’un coffre-fort, une campagne de sensibilisation et de prévention a été lancée. Première étape : Béziers et sa région.

“En 2022, les vols de camping-cars représentaient environ un quart des vols annuels, et ce pourcentage a varié au cours des années, pointe du doigt le commissaire adjoint de Béziers Hervé Bousquet. Informer les touristes sur les gestes à adopter, comme ne pas laisser de valeurs dans les véhicules, peut réduire les vols. Des cas récents montrent que même avec des mesures de sécurité, des vols peuvent survenir, mais la prévention et une réaction rapide peuvent atténuer les impacts négatifs.”

Ainsi, pour contrer les vols chez les consommateurs et mieux comprendre les besoins de chaque acteur, le dialogue s’est davantage ouvert cet été. “L’objectif est de coordonner les actions et de lutter contre des phénomènes particuliers, comme le vol dans les véhicules, en prenant en compte les faits constatés et les mesures possibles”, explique la majore Rosine Jarlet. C’est donc durant la période estivale, propice à la multiplication de ces délits, qu’un Groupe de Partenariat Opérationnel (GPO ) dédié a été instauré. Sous l’égide de la police, il rassemble toutes les entités et partenaires concernés par une problématique spécifique.

“Nous sommes sur de la sensibilisation, mais au préalable il y a eu un travail de stratégie, de réflexion, de discussion, d’échange, qui a consisté à identifier les bons acteurs, les bons interlocuteurs, et à demander à chacun d’intervenir à son niveau pour apporter sa pierre à l’édifice, et finalement améliorer la sécurité et l’intérêt général”, ajoute le commissaire adjoint. Pour le volet “Tourisme”, les acteurs identifiés incluent notamment les hôtels, l’office de tourisme, et les responsables des parkings publics et privés. “Le dialogue entre les différents acteurs est fluide : chacun apporte sa contribution pour limiter les vols, son expertise, et les actions sont plus efficaces. Il faut collaborer !”, résume la policière référente du GPO Tourisme à Béziers.

“Votre voiture n’est pas un coffre-fort”, le message est là, clair, accompagné d’un dessin qui laisse peu de place à l’imagination. Ce document, c’est le premier-né du GPO Tourisme. Sous forme d’affiches préventives, et de plaquettes, il sera largement diffusé dans les hôtels, les offices de tourisme et les parkings. “Le support est un rappel visuel, qui, même aperçu du coin de l’œil, pourra guider les vacanciers vers des comportements moins risqués”, complète la majore Rosine Jarlet.

Et tous les avis comptent. Surtout quand il faut réussir à concilier l’hospitalité et la mise en garde. À l’office de tourisme de Béziers Méditerranée, situé dans le centre historique de Béziers, Éric Séguier n’a pas hésité à partager son premier retour en demi-teinte, celui d’un professionnel du tourisme qui cherche surtout “à rassurer les vacanciers”.

Selon lui, le centre historique de Béziers, bien que recevant des milliers de nouveaux touristes durant l’été, ne serait pas plus touché qu’ailleurs par les vols à la roulotte : “Ils ne sont pas plus fréquents que dans d’autres zones touristiques. À titre de comparaison, des endroits comme les 9 écluses de Fonseranes enregistrent un nombre plus élevé de vols”. Ainsi, pour le professionnel de l’accueil touristique, la nécessité est que les supports d’information “ne soient pas alarmistes” et “ne créent pas la panique”. “Nous devons les placer sur des points de passage clés, notamment à la sortie des sites touristiques, poursuit-il. Il est important de trouver un juste-milieu. L’objectif partagé est d’éviter la perte pour les victimes, mais aussi l’impact sur l’image de la destination. Un vol, c’est marquant, traumatisant, et cela peut vraiment gâcher les vacances. Peut-être que cela leur retirera même l’envie de revenir.”

Sur un tout autre terrain, celui du stationnement de camping-cars, un autre acteur a choisi de partager sa vision lors de la campagne préventive. Pour M. Molto, co-gestionnaire de la SCP de l’aire de camping-caristes de Sauclières, près du canal du Midi et des 9 Écluses, “le problème vient du fait que les gens ne voient pas forcément le danger”. Il n’aura d’ailleurs fallu que quelques minutes pour qu’il s’arme de son agrafeuse et poste l’affiche fournie par la police sur le premier panneau de son aire de stationnement. Lui qui accueille une trentaine de véhicules en hiver, et un peu moins l’été, l’admet : “En 30 ans de camping, nous n’avons jamais attrapé de voleurs, malgré la présence de caméras. Les voleurs prennent des précautions, souvent en se couvrant le visage avec une capuche ou en baissant la tête devant les caméras. Dans les zones comme chez nous, il est difficile d’empêcher quelqu’un d’entrer et les gens ne se méfient pas toujours. Nous devons tous être plus vigilants, on n’est jamais à l’abri.” Alors sa réponse ne se fait pas attendre : “Il nous faut des affiches plus grandes, en plusieurs langues, un peu partout !”.