Inondations à Saint-Guilhem-le-Désert : pour Robert Siegel, "protéger la vie humaine sans abîmer le village, c’est possible"
Préserver la beauté de Saint-Guilhem-le-Désert tout en protégeant ses habitants des crues soudaines du Verdus : tel est le défi auquel fait face ce village emblématique.
Exposé à des risques naturels multiples, il doit concilier la sécurité des personnes et la préservation de son patrimoine unique. Pour y parvenir, des solutions discrètes et respectueuses de l’environnement sont envisagées, loin des infrastructures massives et invasives. Mais ces choix font débat au sein de la population, entre attachement au paysage et besoin de protection renforcée. Quelques jours après la réunion publique qui a dévoilé les résultats d’une étude hydraulique sur le Verdus, Robert Siegel, maire du village, revient sur le délicat équilibre à maintenir.
Quels sont les principaux risques auxquels est confronté le village ?
Robert Siegel : Saint-Guilhem-le-Désert est exposé à plusieurs risques : les inondations, les risques gravitaires et les incendies. Mais le plus critique, c’est le risque d’inondations, car il peut arriver très vite. Ici, l’eau monte brutalement, mais elle redescend tout aussi vite. L’enjeu, c’est de protéger les habitants en priorité, notamment en s’assurant qu’ils puissent se mettre à l’abri dans des zones non inondables. Mais il faut aussi préserver le cadre naturel du village, car c’est une partie essentielle de notre identité.
Quelles solutions sont envisagées pour limiter ce risque d’inondation ?
R.S : On privilégie des solutions simples et efficaces, qui respectent l’aspect naturel du village. Par exemple, il est prévu d’installer des pièges à embâcles naturels pour retenir les débris charriés par l’eau, au lieu d’ériger de grandes structures en béton ou des pieux de plusieurs mètres. On travaille aussi sur l’entretien des abords du Verdus et du cirque autour du village, pour limiter l’accumulation de débris végétaux qui peuvent aggraver les crues. Ce sont des actions de bon sens : on agit en prévention et on reste discrets, sans chercher à faire des travaux spectaculaires ou trop coûteux.
La Communauté de communes et la Gemapi jouent un rôle important. Pouvez-vous nous en dire plus ?
R.S : La Gemapi, c’est essentiel. Cette compétence permet de mutualiser les moyens et d’agir au niveau intercommunal. Grâce à cette coopération, on a pu faire une étude hydraulique sur le Verdus. Cette étude, on ne l’aurait pas financée seuls. Elle a permis de mieux comprendre la dynamique de l’eau et d’envisager des solutions plus adaptées, notamment les pièges à embâcles et la gestion de l’entretien. Ça montre qu’on peut agir de manière intelligente et respectueuse de l’environnement, sans forcément recourir à des solutions lourdes ou coûteuses.
Peut-on parler d’une “culture du risque” à Saint-Guilhem-le-Désert ?
R.S : Il y a, oui, une sorte de “confiance” dans le risque. Beaucoup de gens se disent qu’ils ont toujours vécu avec ça et que ça fait partie du paysage. C’est une forme de résilience, mais parfois, il y a aussi un manque de conscience du danger. On doit mieux sensibiliser la population pour qu’elle sache comment réagir en cas de crue. L’objectif, ce n’est pas de faire peur, mais d’être prêt au bon moment. Il faut que cette “confiance” dans le risque s’accompagne d’une vraie culture de la prévention.
Certains habitants ne partagent pas les mêmes avis sur les solutions proposées. Comment gérez-vous ces divergences ?
R.S : Les avis sont partagés, c’est juste. Il y a ceux qui veulent conserver le paysage tel qu’il est, quitte à accepter le risque, et d’autres qui réclament des mesures de protection plus visibles et concrètes. C’est un équilibre à trouver. Nous, on essaye de proposer des solutions qui ne dénaturent pas le village, mais qui protègent la vie humaine. Par exemple, construire un barrage de 20 mètres de haut, ça protégerait sûrement des crues, mais on perdrait ce qui fait le charme et l’identité de Saint-Guilhem. Ce n’est pas juste un village, c’est un site classé, un patrimoine vivant. Beaucoup de gens viennent ici pour sa beauté et son authenticité. Donc, si on installe des structures massives, on risque de perdre tout ça. Mais d’un autre côté, on ne peut pas ignorer les risques d’inondation. Ce dilemme est au cœur de nos décisions : on veut protéger les vies humaines, mais on veut aussi préserver l’âme du village. C’est un équilibre à trouver, et ce n’est pas toujours simple.
Comment vivez-vous cette responsabilité en tant que maire ?
R.S : C’est une grosse responsabilité. Je ne vais pas mentir, parfois je me dis : “Pourvu qu’il ne se passe rien de grave pendant mon mandat.” C’est un réflexe humain. Mais en même temps, c’est ce qui pousse à agir. On veut éviter le pire, donc on travaille en prévention. Ce n’est jamais simple, parce qu’on ne sait pas si ce qu’on fait sera suffisant. Mais il faut avancer avec les moyens qu’on a et les informations dont on dispose. Ce qui me motive, c’est de me dire qu’on a fait au mieux pour protéger les gens.
Pour conclure, quel message souhaitez-vous faire passer aux habitants ?
R.S : Le message, c’est qu’il faut prendre les risques au sérieux, mais sans paniquer. Ce n’est pas la peur qui doit nous guider, mais la prévention et la préparation. On vit dans un village avec une histoire forte et un environnement unique, et on doit le protéger. C’est un équilibre délicat, mais je suis convaincu qu’on peut y arriver avec l’aide de la communauté de communes et des habitants. Protéger la vie humaine sans abîmer le village, c’est possible, mais ça demande de la concertation et des efforts de tous.