Insolite : que faire de votre mort ?
En France, il existe deux pratiques majoritaires et légales pour l’organisation de funérailles : l’inhumation (enterrement) et la crémation. En 2018, une étude conjointe de La Fondation PFG et de BVA précisait que « Pour leurs propres obsèques, 59% des Français indiquent préférer la crémation à l’inhumation ».
Dans cette même étude, “un Français sur trois estime qu’il n’y a pas suffisamment d’alternatives aux cérémonies religieuses”. Entre la digitalisation des funérailles et la multiplication des pratiques originales, il y a pourtant de quoi entrevoir un avenir plus atypique pour les funérailles.
La mort 3.0
Le numérique redéfinit peu à peu notre approche de la mort et ses rites. Ainsi, on trouve désormais des mémoriaux en ligne. Des sites web comme In Memoriam permettent de rendre hommage à des proches décédés à travers des messages de condoléances accompagnés de photos ou vidéos. Dans cette lignée, certains services offrent même la création de sépultures numériques. “Find A Grave”, la plus grande collection de tombes au monde, propose même une cartographie mondiale.
La Covid-19 a permis d’innover d’unpoint de vue organisationnel. Les cérémonies à distance deviennent une option proposée par de plus en plus de crématoriums. L’hologramme, un temps utilisé en politique, est aujourd’hui emprunté pour reconstituer des avatars numériques de personnes décédées. Une possibilité existe aussi en version IA (Intelligence Artificielle), permettant aux utilisateurs de communiquer avec une version numérique de leur proche décédé.
Des selfies avec le défunt
Une expression au Québec, il est ainsi devenu courant de prendre des selfies avec le défunt, et ces images sont parfois partagées sur les réseaux sociaux. Mais le numérique ne détient pas le monopole de l’originalité post-mortem. Parmi les cérémonies insolites, la plus connue d’entre toutes est probablement “El Dia de los Muertos,” une célébration mexicaine. Chaque année, les morts sont célébrés lors d’une fête où les familles honorent leurs proches décédés avec des autels, des offrandes et des crânes en sucre, vêtus de maquillage et tenuescaractéristiques.
Au-delà du rite traditionnel, les mises en scène modernes se veulent plus singulières encore. Dans certains cas, les défunts sont présentés d’une manièrequi reflète leur personnalité ou leurs passions. Par exemple, à la Nouvelle-Orléans, une femme a été exposée assise à table, lunettes de soleil sur le front, bière et cigarette à la main. Un boxeur américain a été présenté en tenue, debout sur un ring. Au Ghana, les cercueils sont aussi personnalisés en ce sens, par exemple en style tuning, si le défunt était fan d’automobile.
Les cendres à tout faire
Enfin, pour ceux qui choisissent l’incinération, il est possible de donner une seconde vie à ses cendres. Les plus écologiques pourront choisir les “biournes”, des urnes biodégradables contenant une graine ou une jeune pousse. Les cendres du défunt nourrissent l’arbre à mesure qu’il grandit. A défaut de marquer l’histoire, on peut néanmoins faire partie du patrimoine, vivant. Certaines entreprises proposent de mélanger les cendres avec des matériaux de construction pour créer des structures artificielles qui favorisent la croissance des coraux. Ces structures sont ensuite immergées dans l’océan, au fond duquel on pourra peut-être trouver des coquillages contenant des perles de cendres.
En Corée du Sud, les cendres sont effectivement transformées en perles colorées et gardées en souvenir. En dehors de ce seul pays, la confection de bijoux funéraires est relativement courante. Mais des alternatives encore plus précieuses existent !
La vie est précieuse, la mort aussi
A Hong-Kong, où l’on fait face à un manque de place – mais pas d’argent – plusieurs sociétés proposent d’utiliserles cendres pour créer des diamants commémoratifs. Un procédé rendu possible grâce à la grande quantité de carbone contenu dans le corps humain. L’ensemble du processus prend entre 4 et 8 mois, pour la modique somme de 4 430 euros, minimum.
Pour les âmes d’artistes, une entreprise britannique propose de presser les cendres d’un défunt dans un disque vinyle. Les proches peuvent choisir la musique et même enregistrer un message personnel. Il y a aussi certains tatoueurs qui offrent la possibilité d’incorporer une petite quantité de cendres dans l’encre de tatouage, pour garder en permanence un souvenir de l’être cher dans la chair.
Vers l’infini et l’au-delà
Pour ceux qui n’auront pas la possibilité de connaître un voyage spatial de leur vivant, il sera toujours temps de se rattraper. Il existe des services qui proposent d’envoyer une petite quantité de cendres dans l’espace, en orbite terrestre, vers la Lune, ou même plus loin dans l’espace, destination l’au-delà et l’infini. Elysium Space propose cette prestation pour 2 000 dollars. Ce tarif inclut la collecte des cendres, leur dispersion dans l’espace, ainsi qu’une vidéo et un certificatde réussite. Les proches peuvent également assister au lancement de la fusée. De son côté Celestis propose même des funé-
railles spatiales, avec des tarifs variant de 5 000 à 10 000 dollars, en fonction de la mission choisie.