Interview, Gérard Bessière : “L’itinéraire d’un enfant de Clermont”, un recueil à coeur ouvert
“L’itinéraire d’un enfant de Clermont”, c’est sous ce titre qui laisse peu de place au doute quant à son attachement à sa terre natale que Gérard Bessière, maire de la ville depuis 2020, se livre sans détour sur son parcours. Rencontre.
Né à Clermont-l’Hérault en 1952, fils unique d’un couple fier de leurs racines et investi dans la vie de la commune, l’homme aujourd’hui politique n’a de cesse de revendiquer son identité, “son amour de la ville”. Après mûre réflexion, il a décidé de lui déclarer sa flamme dans un recueil de souvenirs dont la parution est prévue à la mi-septembre. L’occasion d’une introspection pour mieux se retrouver et rencontrer ses administrés. Car derrière l’orateur, dont l’ambition a peu de limites, qui est-il ? Lui, fils de Clermont, parti plusieurs décennies en travailleur nomade, continuant en coulisses son rôle d’ambassadeur du Clermontais… C’est tout l’enjeu de cet ouvrage.
“Ça faisait longtemps que j’avais envie d’écrire un livre sous cette forme parce que des écrits dans ma carrière j’en ai fait beaucoup, comme inspecteur général, mais c’était des rapports administratifs avec un formalisme très précis et un langage codé, se remémore Gérard Bessière. Un exercice intéressant dans lequel on ne s’implique pas personnellement, qui ne donne aucune information sur la personne que vous êtes. Deux raisons fondamentales m’ont poussé à écrire ce livre : je voulais avoir la confirmation de l’amour que je porte à ma ville et du fait que je lui dois tout.”
Un lien incassable
Car si le nom de Bessière ne laisse aucun doute sur l’origine de l’édile, sa carrière, rythmée par une trentaine de déménagement, aurait pu fragiliser le lien qui l’unit à cette terre. “Finalement, de manière modeste, je me suis toujours comporté comme une sorte d’ambassadeur de ma petite ville partout où je suis allé, que ce soit à Rouen, à Reims ou à Paris, ne serait-ce que par l’accent. Et puis c’est à Clermont que je dois mon éducation. Elle est ce que je suis, avec mon parler, peut-être même ma physionomie. Elle m’a tout donné fondamentalement, alors si je peux lui apporter un petit quelque chose, je le fais avec plaisir”.
Une envie de s’investir qui a poussé Gérard Bessière à se lancer en politique en 2017. “Mes deux parents, notamment ma mère qui était investie à la mairie, ont tenté de me dissuader de me présenter aux élections municipales, se souvient l’édile. Le fait est que Clermont n’est pas une ville facile et que le mandat précédent avait ébranlé la confiance des habitants envers leurs représentants. Dès qu’ils ouvraient leur journal, il y avait un problème qui ne trouvait pas de résolution. Jamais mon équipe et moi nous nous serions présenté en présence d’une municipalité qui tourne normalement. À quoi bon si des collègues font le job correctement ? Donc on s’est présenté parce qu’il nous semblait que l’intérêt de Clermont l’exigeait. À partir de là, dans notre campagne électorale, on a travaillé – on travaille toujours d’ailleurs – d’arrache-pied, en se disant, si on est élu, il faut qu’on soit opérationnel tout de suite.”
Une plongée dans le Clermont-l’Hérault du passé
Derrière la carrière, l’élu, un passionné de Clermont-l’Hérault, aussi et surtout. Il le prouve au fil des pages, permettant par le biais d’anecdotes et de souvenirs la rencontre des Clermontais d’hier et d’aujourd’hui. “Je ne suis pas un historien, mais malgré tout, lorsque je remonte à mon enfance, à mon adolescence et autres, je me réfère à des lieux historiques ou à des personnages historiques que j’ai côtoyés tels que l’auteur Jules Boissière par exemple, explique-t-il. Et puis ça m’a permis d’aller chercher des personnages illustres qui sont nés à Clermont, tellement illustres que personne ne les connaissait… Je pense notamment à Thomas Verny, un Clemontais brillantissime, ancien député qui participa à la Révolution française, ainsi qu’au musicien Auguste-Adam Laussel, dont l’incroyable compositeur Camille Saint-Saëns disait le plus grand bien. J’ai pris plaisir en allant fouiller un petit peu à exhumer des personnages que personne ne connaissait et qui font partie de l’identité de notre commune”.
“C’est un véritable exercice d’humilité“
Revenir sur le passé pour comprendre le présent et penser à l’avenir, un exercice inspirant que l’élu ne compte pas abandonner en si bon chemin : “C’est un véritable exercice d’humilité, et un outil qui permet de raviver sa mémoire et celles de ceux qui se reconnaissent dans les anecdotes partagées. Je vais continuer d’écrire, c’est certain.” Un avenir littéraire certes, mais surtout politique. Candidat à un second mandat en 2026, l’édile ne cache pas son envie de poursuivre la mission qu’il s’est donnée et qu’il a confiée à ses équipes : “Lorsque j’ai rencontré le président du département Kléber Mesquida, grand connaisseur de Clermont, en décembre 2021, il m’a dit ‘Dans cette ville, compte tenu de ses caractéristiques et du passé, il faut trois mandats pour obtenir de vrais résultats’. Je n’en ferais pas trois parce qu’il faut savoir s’arrêter mais oui, nous avons la volonté de poursuivre le travail avec un second mandat”.
Et lorsqu’on lui demande si son envie de faire plus n’ouvre pas une porte quant à de plus grandes responsabilités politiques, Gérard Bessière se refuse à toute annonce, mais confirme son envie de faire “pour le plus grand nombre” : “Je pense qu’il faut collectivement faire progresser le territoire, que ce soit la communauté de communes du Clermontais et le Pays Cœur d’Hérault. Nous devons travailler ensemble, au-delà du SCOT, et il y a du boulot… Mon ambition est que l’on puisse créer les conditions nécessaires à un travail d’équipe et qu’on fasse avancer ce territoire avec harmonie”.