Jacou, MedinCell : la Banque européenne d'investissement renouvelle sa confiance
Jeudi 9 février, dans les locaux de Medincell, plus d’une centaine de collaborateurs, d’acteurs de la santé et de représentants de l’Etat avaient fait le déplacement pour assister à la signature du protocole d’accord engageant pour la seconde fois de son histoire MedinCell et la Banque européenne d'investissement.
Ambroise Fayolle, vice-président de la BEI (à gauche), et Christophe Douat, président du directoire de MedinCell (à droite) ©Louise Brahiti
Schizophrénie, contraception, Covid, la licorne française MedinCell, implantée à Jacou, multiplie les champs d’action de ses innovations. Un effort colossal remarqué par la Banque européenne d’investissement qui a décidé d’accompagner celle qu’elle compte parmi “les champions européens”.
“Une société emblématique de la région”
“MedinCell est une belle histoire, se souvient Christophe Douat, président du Directoire de MedinCell. En dix ans, MedinCell est devenue une société emblématique de la région. L’entreprise est née à la faculté de pharmaceutique, a été incubée à Cap Alpha, a été soutenue par la Ville, la Métropole, la Région, et bien sûr l’Europe.”
Située à Jacou depuis le 16 septembre 2016, MedinCell est une société portée par une équipe internationale de 150 salariés, tous actionnaires de l’entreprise, qui développe un portefeuille de produits injectables à action prolongée dans différentes aires thérapeutiques, en associant à sa technologie BEPO, des principes actifs présents dans des médicaments déjà commercialisés, afin de cibler des indications spécifiques telles que la schizophrénie, la douleur postopératoire ou la contraception.
“La mauvaise prise de traitement est un grand sujet, explique-t-il. Cela a des conséquences sur la santé des patients et peut entraîner des coûts. Un des moyens de pallier ce manque d’observance est de remplacer la prise de comprimés parce qu’on appelle une injection longue action qui va libérer un médicament. C’est ce qu’on fait à MedinCell. Nous injectons une formulation sous la peau qui va se solidifier instantanément, sous la forme d’un petit dépôt qui va se biorésorber et diffuser le médicament entre un et six mois. Avec cette technologie, nous avons l’ambition de traiter des dizaines, voire des centaines de millions de personnes dans le monde.”
Une étape majeure dans la vie de Medincell
“Nous sommes à quelques mois de l’approbation de notre premier produit, qui a pris dix ans à être développé, détaille le président du Directoire. Il s’agit d’un produit destiné aux personnes atteintes de schizophrénie. Ces patients ont des traitements à suivre, mais comme ailleurs, ils les prennent mal ou pas du tout. Cela a des conséquences importantes sur leur santé et leur environnement. Notre produit est sur le point d’être approuvé par la Food and Drug Administration (FDA), qui devrait intervenir au printemps prochain. Grâce à lui, nous serions la première biotech française avec un produit qui peut prétendre à un statut de blockbuster sur le marché américain, c’est-à-dire atteindre le milliard de ventes. Cela se traduirait par des dizaines de millions de royalties pour Medincell, des sommes qui nous permettraient d’alimenter notre recherche dans le futur.”
Ce produit est la partie émergée de l’iceberg puisque la société héraultaise poursuit le développement d’autres projets. Deux autres produits de Medincell sont actuellement en dernière phase clinique, trois autres sont sur le point de connaître leurs premiers essais. En parallèle, la société continue de travailler sur des projets humanitaires, aux côtés de partenaires prestigieux tels que la Fondation Bill et Melinda Gates, notamment en matière de contraception longue action. “J’aime dire que nous sommes une société pharmaceutique humaniste, clarifie Christophe Douat. C’est au cœur de notre ADN. Nous voulons que notre technologie soit déployée ailleurs que dans les pays développés. Nous l’avons écrit dans nos statuts il y a trois ans : notre mission est de contribuer à l’amélioration et à la protection de la santé des populations du monde entier”.
“Nous devons accompagner les champions européens”
La biotech héraultaise a obtenu un nouveau prêt de la Banque européenne d’investissement de 40 millions d’euros en septembre 2022. Il prend la suite d’un précédent financement de 20 millions d’euros de la part de la BEI. Concrètement, le nouveau financement de la BEI est constitué de trois tranches, une de 20 millions d’euros, qui permet de rembourser par anticipation le précédent prêt, et deux de 10 millions d’euros. La dernière tranche sera débloquée une fois le premier produit Medincell approuvé par la FDA. “Ce nouveau prêt de la BEI nous permet d’avoir une visibilité budgétaire jusqu’au premier trimestre 2024 et repousse nos échéances de remboursements à 2027, explique Jaime Aramgo, directeur financier de Medincell. Une situation confortable compte tenu des marchés financiers actuels”.
Pour Ambroise Fayolle, vice-président de la BEI et cosignataire du prêt accordé à la société de Jacou, accompagner des entreprises à haut potentiel telles que Medincell est l’une des grandes missions de la Banque européenne d’investissement : “Soutenir l’innovation dans le domaine de la santé pour améliorer le bien-être des patients est une priorité pour la BEI. En 2018, Medincell faisait partie des premiers bénéficiaires de notre programme de financement de biotech et de medtech européennes. Ce deuxième prêt à MedinCell, qui intervient à la fin du programme, reflète notre engagement fort en faveur des entreprises innovantes dans leur secteur d’activité. Cet investissement vise à soutenir les champions européens et à éviter qu’ils aillent se financer ailleurs qu’en Europe, aux Etats-Unis notamment. En tant que banque de l’Union Européenne, il est important de leur donner les moyens de développer des technologies qui contribueront, dans le cas de MedinCell, à soigner les personnes qui ont besoin de traitements dans de nombreux domaines thérapeutiques”.