Journal du zoo de Lunaret (2/4) : naissance rarissime, “On utilise l’expression ‘Papa poule’ mais on devait dire ‘Papa casoar’”
Si la naissance du petit rhinocéros blanc est fantastique, c’est celle d’un autre animal qui obtient la palme de la rareté…
Les arrivées “hors norme”, le Zoo du Lunaret sait les gérer. Dans son dernier carnet rose, trois espèces étaient célébrées suite à la naissance de nouveaux petits. Baptiste Chenet, responsable du Service animalier était revenu avec nous sur la naissance du petit rhinocéros blanc, la première du parc zoologique. Ce jour, il revient sur celle des bébés casoar et caendou.
Et la palme de la rareté est attribuée…
B.C : … Au petit casoar à casque ! Il n’y en a pas beaucoup en Europe, je crois que c’est la 2e naissance sur le continent de l’année ! En termes de chiffres, c’est plus exceptionnel que le rhinocéros blanc, car au cours des douze derniers mois, une dizaine de petits sont nés ? Mais c’est toujours un bonheur et le rhinocéros reste l’un des emblèmes du parc donc on voit cela comme un grand moment.
La naissance de ce petit casoar est une récompense du travail mené et une confirmation des efforts accomplis, car nous avons déjà eu deux années avec des naissances. Il y en a très peu qui naissent par an donc on est très fiers de voir un nouvel œuf éclore.
On peut dire que les codes de la parentalité des casoars sont assez atypiques…
B.C : personnellement, j’adore cette espèce car chez elle c’est le papa qui s’occupe de l’élevage. Ce sont les mâles qui couvent les 50 jours et qui après s’occupent des jeunes. En fait, la femelle va se reproduire avec un mâle, pondre une couvée et après va aller dans le territoire d’un autre mâle, s’accoupler de nouveau et faire la même chose. Elle peut le faire jusqu’à trois fois. C’est considéré comme une adaptation évolutive qui permet d’augmenter le taux de reproduction. Résultat, on parle de “Papa poule”, mais on pourrait parler de “Papa Casoar” en termes d’attention !
Est-ce que cette attitude protectrice est classique chez l’espèce ?
B.C : Ce qui est impressionnant avec cette espèce, c’est qu’elle est classée en rouge écarlate en termes de dangerosité dans le parc. Ce sont des animaux très agressifs, très territoriaux. C’est assez étonnant de voir ces animaux au comportement rude être doux et attentionné avec les petits. Notre mâle prend vraiment soin d’eux, les guide vers la nourriture, faire attention de ne pas les écraser avec ses pattes. Et puis il les défend farouchement ! Même avec les soigneurs qu’il connaît, il devient leur protecteur et nous fait comprendre qu’il faut faire attention…
Enfin, votre caret rose mentionne l’arrivée d’un coendou, en quoi se différencie-t-elle des autres ?
B.C : Coendou, c’est l’autre nom du porc épique arboricole. C’est aussi une espèce qu’on aime beaucoup parce qu’il n’y a pas beaucoup d’institutions en Europe qui en ont, je crois qu’il y en a une vingtaine au total… Ce n’est pas notre premier petit, nous en avons eu 8 au cours des 12 dernières années, mais si on prend l’Europe, c’est la 8e naissance de l’année. On est donc toujours très heureux d’en avoir, ici aussi, c’est une confirmation du travail fourni. Ce qui nous fait encore plus plaisir, c’est que c’est par un transfert que nous les avons accueilli aussi donc on sait qu’ils se sont bien acclimatés.
On imagine que pour manipuler l’animal quelques précautions sont les bienvenues…
B.C : Oui, déjà les équipes travaillent vraiment en contact avec eux, leur font des entraînements médicaux. C’est grâce à ces gestes réguliers que nous avons pu confirmer la gestation à l’aide d’une radiographie abdominale. Ce n’est pas le genre de geste qu’on peut faire sans préparation. C’est vraiment le fruit de l’investissement des équipes au jour le jour !
Quand connaîtra-t-on les noms des nouveaux-nés ?
B.C : Nous n’avons pas encore décidé de la méthode exacte. Traditionnellement, chez nous, c’est souvent la personne qui découvre la naissance qui attribue le nom, ce qui est aussi une manière de récompenser les soignants. Pour les espèces plus rares, comme les rhinocéros, nous avons tendance à décider en équipe. Selon les zoos, il existe des méthodes hybrides où les soignants proposent une liste de noms, puis le public vote pour choisir le nom final. Pour l’instant, nous n’avons pas encore défini les modalités précises, peut-être que si les naissances se multiplient, on ouvrira directement le vote au public.
Quelles sont les autres naissances que vous attendez impatiemment ?
B.C : Je préfère ne pas trop en parler… Même si nous sommes des scientifiques, nous avons notre côté superstitieux, et il vaut mieux rester discret. Nous espérons annoncer d’autres naissances dans les mois à venir, mais pour l’instant, nous gardons le secret.
En attendant un nouveau carnet rose, que pouvez-vous recommander aux visiteurs qui souhaitent apercevoir les petits ?
B.C : Le devoir principal des visiteurs est qu’ils restent calmes lorsqu’ils sont face à des animaux sensibles. Évitez de courir, de faire de grands gestes ou de crier. Même si nos animaux sont habitués aux humains, un comportement bruyant ou agité peut les perturber, surtout lorsqu’il s’agit de jeunes animaux.
Dans le cas du petit rhinocéros, il n’est pas encore visible du public. L’enclos d’isolement est situé en bas de l’enclos principal, avec un point de vision qui est actuellement fermé. La mère, bien qu’excellente, est en période d’adaptation avec son petit. Tant que nous ne sommes pas sûrs qu’elle se sente complètement à l’aise dans ces nouvelles conditions, nous ne permettons pas l’accès direct. Nous prévoyons d’ouvrir l’accès à ce point de vision à partir de mercredi prochain, avec quelques ajustements pour maintenir une distance appropriée entre les visiteurs et les animaux. Le point de vision sera réajusté pour réduire la proximité directe et nous aurons une surveillance permanente pour garantir que les visiteurs respectent les règles. En parallèle, nous introduirons progressivement plus de visiteurs pour habituer la mère et le petit à la présence humaine, tout en ajustant nos pratiques en fonction de leur confort.