Justice : un jihadiste montpelliérain jugé pour assassinat terroriste
Des juges d'instruction antiterroristes ont ordonné que le jihadiste français Othman Garrido, expulsé de Turquie fin 2020 après huit ans passés en zone irako-syrienne, soit jugé pour assassinat terroriste, a appris l'AFP vendredi de source judiciaire.
La défense d’Othman Garrido, puis le parquet national antiterroriste (Pnat) ont fait appel de l’ordonnance de mise en accusation des juges d’instruction, datant de mi-juillet, a précisé la même source.
Si la cour d’appel confirmait l’ordonnance, Othman Garrido, âgé de 30 ans, serait jugé par la cour d’assises spécialement composée en matière de terrorisme pour l’assassinat d’une personne et le meurtre de deux personnes en bande organisée, les deux crimes ayant été commis en relation avec une entreprise terroriste. Il serait également jugé pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, selon la source judiciaire. Le Pnat avait requis le 17 juin un procès à son encontre.
Sollicité par l’AFP, son avocat Me Antoine Ory a indiqué que “M. Garrido est activement engagé sur la voie du repentir”.
Othman Garrido, né en janvier 1994, a grandi dans le quartier La Paillade à Montpellier. Il est parti en 2012 faire le jihad en Syrie, où il se faisait appeler “Abou Salman al Faransi” (“père de Salman le Français”). Les faits reprochés s’étalent de janvier 2013 à juillet 2020. Visé depuis 2016 par un mandat d’arrêt, il avait été expulsé de Turquie en octobre 2020 et mis en examen, puis placé en détention provisoire à son arrivée en France.
Les investigations, étayées par des documents de l’organisation État islamique (EI) retrouvés sur place, ont notamment permis de déterminer, selon l’accusation, qu’Othman Garrido tenait en main une tête décapitée sur une photographie. Lui affirme que ce n’est pas lui. Il est également accusé d’avoir été présent lors d’une décapitation. Selon l’accusation, il apparait à l’avant d’une foule assistant à la scène sur une photographie.
En avril 2017, il avait été condamné en son absence par une cour d’assises des mineurs à quinze ans de réclusion criminelle pour avoir rejoint les rangs de l’EI, participé à des entraînements et des combats sur place et exhorté les musulmans de France à commettre des actions violentes. Othman Garrido a fait appel et doit donc être également rejugé pour ces faits.
Dans une vidéo de sept minutes, diffusée en novembre 2014 par la branche médiatique de l’EI, Othman Garrido, aux côtés de deux autres Français, avait appelé à tuer les “mécréants” après avoir brûlé son passeport français.