Juvignac : en réécrivant son urbanisme, la "ville-dortoir" veut sortir de son sommeil

Le maire Jean-Luc Savy ne mâche pas ses mots pour décrire l’urbanisme actuel de Juvignac : “une histoire écrite trop vite”, un “brouillon“ hérité d’une croissance rapide et peu planifiée. Neuf quartiers distincts, mal reliés entre eux et au centre-ville, dessinent une configuration urbaine qui favorise l’isolement et la dépendance à la voiture. “La ville a été pensée dans un sens très fonctionnel, mais elle n’a pas été conçue pour les habitants, ni pour les piétons. C’est une ville qui n’est pas faite pour le lien social“, déplore-t-il.

Depuis deux ans, pour écrire les prochains chapitres de la vie de Juvignac, la municipalité travaille en étroite collaboration avec une anthropologue. “Son expertise nous aide à mieux comprendre les besoins et les aspirations des habitants, et à intégrer ces dimensions humaines dans la conception de la ville de demain, explique l’élu. Elle nous accompagne dans notre transformation de ‘ville fonctionnelle’ à ‘ville relationnelle’”.

Le projet “Cœur de ville” est un pilier de cette transformation. L’objectif est de “créer un véritable centre-ville, attractif et animé”, où les habitants pourront se retrouver. “Nous voulons faire de Juvignac une ville où il fait bon vivre, rencontrer et discuter“.

Commerces de proximité, cafés, restaurants et espaces verts seront “les ingrédients de ce renouveau”, explique le maire. “Les citoyens sont venus à 300 pour nous dire ce qu’ils voulaient, souligne Jean-Luc Savy. Cette concertation a été suivie d’une réflexion sur le modèle économique local, avec la volonté de favoriser les commerces de proximité et de réduire la dépendance à la voiture”.

Et c’est sur cette question de la mobilité que la municipalité se heurte bien souvent à des oppositions. “Les habitants n’ont pas particulièrement réagi lorsqu’on a décidé de passer toute la ville, sauf le tronçon autoroutier, à 30 km/h. Mais lorsqu’on leur parle de privilégier les mobilités douces, on trouve une vraie résistance, notamment de la part de certains commerçants”.

La municipalité déplore l’héritage des politiques antérieures qui ont eu pour conséquence “la création de quartiers défavorisés, isolés et stigmatisés”. Fermement opposé à l’idée de “ghettos de logements sociaux”, le maire souhaite une mixité sociale dans tous les quartiers de Juvignac. Pour lui, “chaque quartier doit pouvoir accueillir des habitants de tous horizons”.

A ce propos, Jean-Luc Savy voit dans le Programme d’Intérêt Général (PIG) de la métropole, une solution à la pénurie de logements sociaux et un correctif à la construction de “forêt de HLM” : “Il permet de réhabiliter des logements et de les louer à des prix planchers, ce qui en fait des logements sociaux qui comptent dans le plan triennal du préfet. Les maisons difficiles à louer peuvent ainsi être transformées en logements sociaux. Quand on sait qu’ils sont souvent mieux entretenus que les logements privés, et que leurs occupants ont tendance à y rester plus longtemps, le calcul est facilité pour les propriétaires”.

À la rentrée de septembre 2025, Juvignac inaugurera un nouveau collège public qui incarnera pour Jean-Luc Savy “la volonté de transformation profonde de la ville”. Construit pour accueillir 651 élèves issus de Juvignac, Lavérune, Saint-Georges-d’Orques et Montpellier, l’établissement scolaire a été imaginé en cœur de ville pour “créer un lieu de brassage social et culturel, un espace où les élèves, peu importe leur origine, se rencontrent et grandissent ensemble”.

Alors que son emplacement a longtemps fait débat, le maire l’affirme : “ne pas mettre le collège public à l’écart, c’est briser les barrières sociales et créer une ville qui réunit plutôt qu’elle ne divise”.