Portrait de l'Hérault — Montpellier

Kevin Mayer, un athlète en or 

Montpelliérain d’adoption, passionné de sport et recordman du monde, Kevin Mayer est la star des stades.

Après plusieurs mois d’incertitude, le décathlonien a obtenu sa qualification pour les Jeux olympiques de 2024 le 11 juin lors des championnats d’Europe à Rome. C’est à Paris que le jeune homme tentera de marquer une fois de plus les esprits, en défendant le drapeau tricolore.

Un parcours gagnant

Alors qu’il portait fièrement la flamme olympique le 13 mai lors du dernier relais accédant au chaudron place de l’Europe, à Montpellier, il avait été acclamé par une foule en délire, scandant “Kevin !” à pleine voix pour obtenir la précieuse photo de leur champion. “D’habitude je suis obligé de finir les rotules sur la piste pour avoir ce genre d’émotions”, avait partagé le champion. “Là, on me l’a donné gratuitement, comme ça. C’est un immense honneur, une immense fierté de l’avoir fait et des émotions partagées avec les gens.” Il faut dire qu’ici, le trentenaire est en terrain plus que conquis. Car si le recordman est un natif d’Argenteuil, les Montpelliérains se sont approprié ses victoires au fil des ans. Et pour cause, le champion d’adoption est issu du Creps via son pôle olympique et s’entraîne au Stade Philippidès.

Une ville, un peuple, qui attendait de savoir s’il pourrait acclamer la star française de l’athlétisme lors des JO de Paris. Lui-même commençait à en douter. Remis de ses blessures, Kevin Mayer s’est pourtant lancé à corps perdu dans les épreuves des championnats d’Europe à Rome, prêt à prouver une fois de plus qu’il sera l’un des noms gravés à jamais dans l’histoire de sa discipline… 

Allumer le feu

Après l’étape ultime de la flamme à Montpellier, le recordman de 32 ans nous avait confié : “Je vis pour le sport et je préférerais être dans le stade que de faire la flamme”, précisant qu’il était tout de même nécessaire de “profiter de chaque instant”. La cible était affichée, en vue, et le moral, bien que boosté par tant d’amour, était terni par le doute planant sur sa qualification : “Ah ce que j’aimerais être sur cette piste ce jour-là…”, avait-il soupiré. Mission accomplie !

C’est le regard tourné vers la qualification pour les JO de Paris qu’il s’est donc élancé pour décrocher le fameux sésame qu’il n’attendait (presque) plus. Et c’est un “Ouf !” de soulagement que le double vice-champion olympique a poussé le 11 juin dernier après avoir obtenu la qualification, précieuse clé pour défendre nos couleurs au Stade de France cet été.

L’ascension olympique

Il faut dire que l’athlète a déjà marqué de nombreuses compétitions, gagnant à la force de ses bras et de ses jambes sa place parmi les meilleurs décathloniens au monde. Fils de deux éducateurs sportifs, habitué des terrains dès le plus jeune âge, le jeune Mayer s’est fait remarquer en 2009, en décrochant la médaille d’or de l’octathlon des Championnats du monde cadets à Bressanone. À 18 ans, il remporte l’or du décathlon des Championnats du monde juniors de 2010 à Moncton, au Canada, avant d’ajouter un nouveau titre mondial à son palmarès en 2011, avec l’or du décathlon des Championnats du monde juniors de Tallinn. Les podiums lui tendent les bras ! 

Sa carrière olympique débute aux Jeux olympiques de Londres, en 2012, où du haut de ses 20 ans il termine à la 15e place. Sa véritable percée a lieu en 2016 à Rio où il décroche la médaille d’argent. Ses excellents résultats lui ont valu d’être nommé chevalier de l’Ordre national du mérite la même année. Loin de s’arrêter en si bon chemin, en 2017, Kevin Mayer devient champion du monde à Londres. En septembre 2018, lors du Décastar de Talence, il établit un nouveau record mondial avec 9126 points, écrasant le précédent record de l’Américain Ashton Eaton.

Toujours sur les starting-blocks, l’or dans les yeux, le champion n’a pas été exempt d’épreuves. Il a dû faire face à plusieurs blessures, notamment en 2019 lors des Championnats du monde à Doha où il a été contraint d’abandonner. Mais rapidement, sa capacité à se relever, dans la douleur et dans la difficulté, est devenue évidente. En 2021, il revient en force aux Jeux olympiques de Tokyo et remporte une nouvelle médaille d’argent.

Le scénario sera-t-il le même en terre française ? Après son abandon au décathlon de San Diego le 22 mars dernier et sa blessure à l’ischio-jambier, le décathlonien ira chercher le podium. L’esprit du sportif de haut niveau sera consacré à la conquête d’un nouveau titre pour la France, son cœur dédié aux valeurs de l’olympisme : “Pour moi, l’olympisme se résume en deux mots, ‘bienveillance et empathie’. Ce sont des choses qui manquent beaucoup dans notre monde aujourd’hui.”

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