La directrice "rock'n'roll" de la police, Marjorie Ghizoli, quitte l’Hérault 

Le commissaire Benoît Desmartin va remplacer Marjorie Ghizoli à la tête de la direction interdépartementale de la police nationale de l’Hérault. L’annonce, qui a surpris tout le monde, a été faite mercredi 27 novembre au soir par le préfet François-Xavier Lauch, sous les lustres et les dorures du salon d’honneur de la préfecture de Montpellier, à l’occasion du pot de départ de la directrice sortante, sur le point de s’envoler pour Nouméa en Nouvelle-Calédonie. Le choix de son adjoint pour lui succéder a été fait “au nom de la continuité de la manière de fonctionner”, a indiqué le préfet. 

Un an et deux mois après sa prise de fonction, Mme Ghizoli quitte déjà le département pour de nouveaux challenges à 18 000 kilomètres de là, dans un territoire au bord de l’implosion depuis plusieurs mois. “Il a fallu expliquer aux proches que vous ne m’aviez pas virée et que je n’étais pas d’un tempérament instable, mais que j’avais accepté un nouvel enjeu”, a lancé Mme Ghizoli lors de son discours, en s’adressant au préfet avec un sourire. 

Fançois-Xavier Lauch a salué “la femme d’engagement et d’exception”, avec un côté “rock’n’roll”, en qui il avait une “totale confiance”. Il a rappelé les événements et “moments difficiles” partagés ensemble et qui ont marqué son passage dans l’Hérault. “Vous avez toujours été au rendez-vous”, estime le préfet. D’abord lors du passage de la flamme olympique, avec un enjeu sécuritaire très important, puis lors de la saison estivale, des feux de forêt, ou des matchs de foot musclés. 

Sa mission dans le département a été marquée par le “tragique attentat de la synagogue de la Grande-Motte”, où “très vite les forces de police judiciaire se sont mises au travail”, a félicité le préfet. Marjorie Ghizoli a de son côté salué “la cohésion totale avec les collègues de la gendarmerie et l’incroyable travail en moins de 24h de la police judiciaire.” 

Une directrice engagée qui a aussi été à l’initiative des cinq opérations “place nette”, “avant même que la préfecture n’ait reçu des instructions ministérielles”, a souligné M. Lauch. “Tous les services sont engagés ensemble et c’est ce qui fait la force de ses résultats (…) la guerre contre la délinquance se gagne en complémentarité, en décloisonnement, car la sécurité est véritablement le sujet de tous”, a renchérit la patronne des policiers de l’Hérault. 

L’un de ses plus grands défis a été de créer la direction interdépartementale de la police nationale, la DIPN, qui a vu le jour en janvier 2024. Une réforme qui a impliqué une nouvelle organisation à l’échelle départementale, avec le directeur interdépartemental qui remplace le directeur de la sécurité publique et le chef de la police judiciaire. “Une réforme complexe qui n’avait pas l’adhésion de tout le monde. Cette réforme était compliquée et mal engagée. Votre principal mérite, c’est d’avoir réussi l’exploit de rassurer tout le monde et de respecter chacun”, a estimé le préfet. 

Car les débuts ont été difficiles, a avoué Fabrice Bélargent, le procureur de la République de Montpellier. “Mais vous êtes venue de façon courageuse pour présenter cette réforme”, l’a félicité le magistrat qui parle d’elle comme d’une “grande cheffe flic”. “Vous avez gagné la confiance des autorités judiciaires, la barre est très haute pour le prochain”, a-t-il conclu, en adressant un regard à son successeur, Benoît Desmartin, qui prendra son poste le 9 décembre prochain.