EDITO — Département Hérault

La Mort s'offre une seconde vie

[ÉDITO] Alors qu’au Mexique les gens font la fête sur les tombes de leurs proches pour célébrer avec eux le Día de los muertos, le jour des morts, nous, en France, nous nous contentons de déposer des chrysanthèmes sur les pierres tombales de nos défunts.

Moins rock’n’roll mais tout aussi traditionnel, au final. La mort serait-elle conservatrice ? Pas si sûr. Si le sujet de la mort reste bien souvent tabou, les rites funéraires, eux, évoluent. Et oui, la mort vit avec son temps.

La crémation, par exemple, est de plus en plus plébiscitée : en 1980, seulement 1% des obsèques étaient une crémation en France métropolitaine, soit 6 760 personnes. La part est passée à 10% en 1993, puis à 36% en 2016, pour dépasser la barre des 40 % aujourd’hui (chiffres Insee 2023). C’est “l’évolution récente la plus importante”, selon l’auteur de “La mort en cendres – La crémation aujourd’hui, que faut-il en penser ?” (éd. Cerf, 2012), Damien Le Guay, signe, selon lui, “d’un changement anthropologique majeur”.

Ici, dans l’Hérault, le rapport à la mort évolue aussi et des entrepreneuses se bougent pour lui offrir une seconde vie. Margot Bergerol lance aujourd’hui Cimetière en Fleurs pour transformer les sépultures en jardins, l’entreprise Ressort! souhaite connecter les personnes endeuillées pour les aider à traverser cette épreuve grâce à la pair-aidance, des apéros s’organisent pour discuter de la mort autour d’un verre et des bijoux sont fabriqués avec des fragments intimes de personnes disparues…

Bref, la mort ressuscite à petit feu. Que les conservateurs se rassurent, les Français continuent de se rendre massivement dans les cimetières le jour de la Toussaint. Les traditions, comme la mort, ont la peau dure.

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