La presse face à ses mutations
[EDITO] « Que la lumière soit ! Et la lumière fut, » acte divin qui marque le début de la création du monde selon la Bible. Peinture murale réalisée par Michel-Ange sur le plafond de la chapelle Sixtine, « La Création d'Adam » illustre ce moment où Dieu donne la vie ou la conscience à Adam, par un simple toucher de doigt. Avec Ses dix doigts sur un clavier et à coups de code, l’Homme a donné vie à l’IA.
Tout va très vite. 1879 mise au point d’une ampoule par Thomas Edison, la lumière est là, contrôlée. Il lance la première centrale électrique à Manhattan. Sam Altman, le patron d’OpenAI, édite un robot conversationnel ChatGPT, dopé à l’intelligence artificielle. De la maitrise du feu à la quête de l’immortalité, cette trajectoire est-elle une destinée contrariée, programmée ou désirée de l’humanité ?
Deux lettres séparent l’information de la formation. Le i comme intelligence et le n comme néant. Il appartient à chacun de transformer une information en formation, en savoir, en connaissance, c’est une question de temps, de travail, de réflexion et de mémoire. Rituel quasi sacré dans les foyers français, le journal télévisé de 20 heures représentait la principale source d’information pour des millions de téléspectateurs. Scotcher les esprits devant un écran ! Quelle aubaine ! Infinis battements de cils d’un public émerveillé ou effrayé selon la diatribe d’un journaliste, d’un Roger Gicquel qui donne le tempo : « la France a peur ! » On passe du spectacle à la gratification, on scrolle, on swipe les écrans. Les algorithmes ont pris le relais, l’addiction devient plus forte. La relation est devenue charnelle, c’est un nouveau toucher du doigt. Est-ce au tour de la presse d’avoir peur aujourd’hui ? Peur d’elle-même dans un premier temps, de l’IA dans un second…
Le club de la presse en Occitanie a 40 ans, 1984-2024. Prévenir, alerter, décrypter, former, il affiche fièrement les portraits des victimes de l’attentat de Charlie Hebdo. Liberté de la presse, liberté d’expression, l’impertinence et la pertinence sont des alliés précieux pour construire une pensée libre, seul cap à conserver. Il est bon de se rappeler ce que disait Charles Péguy : « 40 ans est un âge terrible. Car c’est l’âge où nous devenons ce que nous sommes. »