La vigne dans le rouge
[EDITO] Baisse de la production, diminution des rendements et des ventes, répétitions d’événements climatiques désastreux, sécheresse… Les vents mauvais s'égrènent comme autant de raisins dans une grappe pourrie.
Les viticulteurs doivent faire face, aujourd’hui, à un chapelet de contraintes sur lesquelles ils n’ont que peu ou pas d’emprise. Ne leur reste qu’à lever les yeux au ciel pour prier (pour les plus croyants) ou pour guetter l’horizon (pour les plus optimistes) à la recherche du moindre cumulonimbus porteur d’espoir et de pluies. Mais rien ne vient si ce n’est de sombres prévisions scientifiques… et l’écoute plus que bienveillante des pouvoirs publics.
Car bien que peu gourmande en eau, la vigne a tout de même besoin de boire pour croître et produire en quantité économiquement viable. C’est en tout cas le discours dominant qui conduit les collectivités à développer des solutions techniques onéreuses pour limiter les dégâts climatiques dans une région et des départements où la viticulture représente à elle seule un large pan de l’économie. Et ses représentants, une force électorale de premier plan.
Ces dernières n’hésitent pas à déposer au chevet du malade aides et investissements de premier ordre pour compenser les pertes ou apporter l’eau aux pieds des vignes. Mais à quel prix ? L’irrigation semble être une solution court-termiste dans un monde qui change aussi vite que le climat. Coûteuse pour les pouvoirs publics, injuste pour les viticulteurs qui ne peuvent en bénéficier, insuffisante à maintenir les rendements…. Les défauts de l’irrigation sont légion et lèvent le voile sur une vigne que l’on place ainsi sous perfusion. Mais pour combien de temps encore ? La ressource en eau se tarit pour tous et l’heure des arbitrages à sonner. Devons-nous assécher Paul pour faire pleuvoir sur Jacques ? Si on a accès à l’eau, est-ce qu’on irrigue la vigne ou d’autres cultures ? D’autant plus – et c’est là un paradoxe – que le vin se vend de moins en moins. Quelles solutions pour maintenir la vigne dans le paysage ? Pour offrir un modèle économiquement viable aux viticulteurs ? Le débat est ouvert. Et si la source alimentant les vignes se tarit, l’encre, elle, n’a pas fini de couler sur le sujet.