Lancement des soldes à Montpellier : un rendez-vous pour certains, une aberration pour d’autres
Mercredi 8 janvier. Tandis que les vitrines se couvrent d’étiquettes rouges et que les chasseurs de rabais s’activent dans les rues de Montpellier, une question persiste : et si les soldes étaient un non-sens ?
Une mécanique commerciale qui divise
Les soldes sont aujourd’hui un pilier du commerce, ou du moins du calendrier commercial. Pour Mathieu, un habitué des soldes, c’est une opportunité incontournable : “Deux fois par an, je profite des soldes pour refaire ma garde-robe et même anticiper mes cadeaux. C’est presque devenu une tradition, même si je ne suis pas sûr que ce soit vraiment rentable.”
D’un autre côté, des voix s’élèvent pour dénoncer cette surconsommation. Sarah, une cliente sceptique, souligne : “Pourquoi consommer autant après Noël ? Cela me paraît absurde. Ce qui m’inquiète, c’est le gaspillage que cela engendre.” Et pour Jean-Marc, il s’agirait aujourd’hui de modifier les habitudes : “Acheter de la qualité et soutenir les commerçants éthiques, voilà la clé. Les soldes et leurs montagnes de stocks à écouler sont la preuve d’un modèle à bout de souffle.”
Et les chiffres semblent leur donner raison : chaque année, environ 35 % des vêtements produits dans le monde sont vendus à prix réduit, tandis que 30 % ne seront jamais vendus. Seule 35 % de la production globale est écoulée au prix initial, selon des chiffres édifiants. Un calcul qui pousse certaines marques à revoir leur position.
Un modèle à contre-courant
Parmi les irréductibles, l’Atelier Tuffery se distingue. Depuis sa fondation, il y a 125 ans, l’entreprise familiale refuse de céder à la frénésie des soldes. Et à leur boutique du boulevard du Jeu de Paume à Montpellier, aucune affichette dédiée aux prix cassés en vue.
Camille Evesque, directrice du développement de l’Atelier Tuffery, revient sur ce choix : “Nous ne pratiquons pas les soldes pour plusieurs raisons. D’abord, 90 % de notre collection est permanente, ce qui signifie que nos vêtements ne suivent pas des cycles effrénés. Nous fabriquons en flux tendu, au rythme de la demande, pour éviter le gaspillage.”
Pour elle, proposer des réductions obligerait l’atelier à augmenter ses prix le reste de l’année, une pratique incompatible avec leur engagement : “Nous préférons garantir un prix juste toute l’année. Cela reflète la qualité de nos matières premières, le savoir-faire de nos artisans et des conditions de travail exemplaires.” Cette démarche est, d’après elle, le résultat de leur ADN : “Les soldes poussent à acheter des choses dont on n’a pas besoin. Pour une marque éthique, ce n’est pas aligné avec nos valeurs. Nous misons sur une fabrication locale et réfléchie, loin des excès du fast fashion “, défend Camille Evesque.
En lieu et place des soldes, l’Atelier propose une braderie de ‘parfaits imparfaits’, avec “des pièces légèrement défectueuses ou des fins de série”. Le rendez-vous est pris du mardi 14 au samedi 18 janvier 2025.