Animaux — Laroque

Laroque, Marie-Pierre Puech : "l'Hôpital de la Faune Sauvage est un atelier de transformation des Hommes”

C'est aux abords de Laroque, en direction de Ganges, que l'association Goupil Connexion mène son action. Ici, loin des regards indiscrets, la vétérinaire Marie-Pierre Puech et les bénévoles de l'Hôpital de la Faune Sauvage (HFS) accueillent, soignent et accompagnent des centaines d'espèces tout au long de l'année.

Un engagement permanent

Lorsqu’elle a fondé l’association en 1996, puis cet établissement en 2008, Marie-Pierre Puech avait une ambition : offrir une chance de survie aux animaux, mais aussi leur permettre de retrouver leur habitat naturel. “Tous les animaux sont éligibles aux soins, explique-t-elle. En moyenne, chaque année, nous voyons passer entre 2 500 et 3 000 animaux blessés, les trois-quarts sont des oiseaux, le reste est composé de mammifères et de reptiles. Ce jour, nous accueillons le 2 000e patient de l’année 2023”.

La vétérinaire l’affirme : la demande dépasse largement ce chiffre. “Malheureusement, nous ne pouvons pas répondre à tous les signalements, confirme-t-elle. Si nous voulons accueillir comme il se doit les animaux, ne pas les traumatiser davantage et ne pas épuiser nos équipes, nous ne pouvons pas accueillir toutes les demandes. Il y a trop peu de refuges comme le nôtre. Actuellement, seuls quatre établissements de ce genre sont dotés de la présence constante d’un vétérinaire : Paris, Nantes, Toulouse et nous. Résultat : on a des gens qui nous ramènent des animaux blessés qui viennent des gorges du Tarn ou de Perpignan”.

Et le rythme ne trompe pas. Si ce n’est pas le téléphone qui retentit, contacté par des “découvreurs” d’animaux blessés, c’est à la porte de l’hôpital que l’on dépose les rescapés. Transportés par des âmes charitables qui vont jusqu’au bout de leur signalement ou par les “taxi-faune”, des bénévoles qui assurent le transport des futurs patients, ces spécimens arrivent généralement dans un état critique. Perdus suite à des collisions avec des véhicules, blessés par des câbles électriques ou des éoliennes, atteints par des tirs de chasseurs ou même abandonnés à la naissance, tous reçoivent ici une nouvelle chance. “On les soigne, on les vaccine et on les nourrit gratuitement. Ensuite, nous les observons et, dans les meilleurs cas, nous les relâchons dans des zones préservées des regards, de l’urbanisation et des chasseurs, développe Marie-Pierre Puech. Près de la moitié de nos patients survit. Quant aux autres, soit il est déjà trop tard, soit leurs blessures sont trop graves, donc on les euthanasie”.

“C’est un atelier de transformation des Hommes”

Selon Marie-Pierre Puech, si le soin et l’accueil des animaux sont des tâches quotidiennes, l’attention doit aujourd’hui se porter sur l’espèce humaine afin que la nature et l’Homme apprennent à mieux cohabiter. “On répare l’espèce la plus dangereuse à mes yeux : l’être humain. C’est celui que nous devons éveiller. Face à l’ignorance, l’humilité devrait être notre guide, plutôt que de continuer à urbaniser, construire des routes et s’approprier le ciel. Actuellement, nous avons dans notre hôpital un faucon pèlerin qui a été blessé par une éolienne, par exemple. Je l’ai opéré, mais il ne pourra probablement plus jamais voler. On n’est pas là pour sauver le monde mais pour sauver une espèce qui a le potentiel de devenir attentive et attentionnée, de sortir de son égoïsme. Ici, c’est un atelier de transformation des Hommes.”

Pour assurer le bon fonctionnement de ce dispensaire pour la faune, “qui ne reçoit presque aucune subvention”, l’association encourage les cotisations, les achats de textiles dérivés, ainsi que le don le plus précieux : le temps. “Nous avons toujours besoin de personnes qui ont envie de donner de l’argent, mais ces jours-ci, nous réalisons que nous avons surtout besoin de volontaires, ajoute-t-elle. Nous avons notamment besoin de ‘téléphonistes’, des personnes indépendantes que nous allons former pour qu’elles puissent répondre aux signalements d’animaux blessés et guider les découvreurs. Mais c’est également crucial du côté des ‘taxi-faune’. Sur les 3 000 animaux que nous accueillons chaque année, environ la moitié provient de l’Hérault, l’autre moitié du Gard. Nous ne pouvons pas nous déplacer pour aller chercher tous les blessés. L’idée est d’avoir des bénévoles prêts à parcourir la distance entre l’animal blessé et nos installations. C’est une aventure citoyenne qui demande de l’énergie et de la régularité, mais qui apporte beaucoup”.

A suivre…

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