Lattes, Cyril Meunier : "le Pôle Autonomie Santé métropolitain ouvrira ses portes en 2023"
Le maire de Lattes, Cyril Meunier, évoque pour nos lecteurs le Pôle Autonomie Santé actuel et son grand projet de Nouveau Pôle Autonomie Santé Métropolitain…
Vous avez créé le Pôle Autonomie Santé en 2008. En quoi consiste-t-il ?
Cyril Meunier : “Depuis douze ans, Lattes est la seule commune de France à avoir un centre d’accueil gratuit pour les personnes qui rencontrent le handicap. C’est le fameux Pôle Autonomie Santé. Il a fait école au niveau national puisqu’il a servi de référence à 3 gouvernements successifs
Depuis son ouverture en 2008, le Pôle Autonomie Santé a suivi 14 000 personnes. Il propose actuellement plus de 10 000 références d’outils d’aide à l’autonomie.
Le Pôle Autonomie Santé accueille gratuitement des gens qui rencontrent le handicap, pour eux ou pour un tiers. Il les aide dans leurs démarches administratives, les informe sur leurs droits et les aides publiques. Sept ergothérapeutes visitent les appartements et livrent leurs préconisations. Le pôle dispose de la plus grosse banque européenne de données techniques et technologiques d’aide à l’autonomie en santé. Il détermine avec les personnes et/ou leurs aidants ce qu’il faut qu’ils se procurent comme aménagements et outils technologiques pour personnes ayant des problèmes de motricité ou autres.
La ministre déléguée auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, chargée de l’Autonomie, Brigitte Bourguignon, a visité le Pôle actuel. Selon elle, c’est un outil exceptionnel. Le rapport Bourguignon-Cluzel préconisera que chaque département dispose d’une structure identique à la nôtre.”
Parmi vos grands projets figurent le déménagement et l’extension considérable du Pôle Autonomie Santé…
Cyril Meunier : “Actuellement, notre pôle est départemental car le Département de l’Hérault est notre seul partenaire. Il sera métropolitain dès 2023. L’Etat financera le futur Pôle Autonomie Santé métropolitain à Lattes. Ce bâtiment de 2.700 m2 ouvrira ses portes au public dans deux ans sur l’avenue de la Mer / Georges-Frêche.
Il y aura un showroom de 800 m2 pour présenter au public les équipements et outils favorisant l’autonomie, un amphithéâtre de 200 places avec 6 classes de formation car je veux faire un centre de formation labellisé pour former pendant deux jours les accompagnants familiaux. Ce type de formation sera ouvert aux aidants. Il peut s’agir de proches de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, de sclérose en plaque ou d’un enfant paralysé à la suite d’un accident de moto, par exemple. L’objectif est de les préparer à l’accompagnement quotidien, leur apprendre à se servir d’aides techniques et technologiques adaptées au cas de leur maman, de leur papa, de leur conjoint ou de leur enfant.
Un laboratoire sera mis à la disposition des chercheurs et des inventeurs pour mettre au point des aides qu’on aurait identifiées mais qui n’existent pas encore, avec des imprimantes laser et 3D, des outils, un vrai atelier pour faire les premiers prototypes. A l’étage, un labo de 500 m2 divisible permettra d’accueillir des équipes pluridisciplinaires.
On crée également une fondation avec des entreprises comme Schneider, Orange, des groupes importants, œuvrant ou non dans la santé, qui veulent s’accrocher au Pôle autonomie. Elles seront sollicitées pour détacher des membres de leur service R&D sur le pôle, afin de trouver des solutions lorsqu’un besoin sera identifié.
Schneider est une des sociétés au monde les plus en avance en matière de capteurs-testeurs qui permettent de déceler dans la durée des modifications du comportement des gens dans un appartement. Cela permet de déterminer par exemple si l’on peut laisser seuls ses parents âgés ou une personne handicapée (les capteurs détecteront s’ils oublient de fermer leurs fenêtres, la porte de leur réfrigérateur…), de savoir s’il y a une perte de mobilité et à quelle vitesse elle évolue (en calculant par exemple chaque jour combien de temps il faut à la personne pour aller de la salle à manger à sa chambre).
Une start-up formidable que le Pôle Autonomie Santé de Lattes a suivie, validée et labellisée, a développé un ordinateur capable de « s’occuper » d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer à la demande, avec des fonctionnalités permettant de réveiller le processus de pensée chez la personne. Si par exemple elle veut manger une omelette, elle dit le mot « omelette », et l’ordinateur lui donne une première information : « on fait une omelette avec des œufs ». Si la personne a besoin d’une deuxième information, l’ordinateur lui montre une photo d’œufs. Si le malade n’a toujours pas fait le lien mémoriel, l’ordinateur lui montre une photo du frigo où sont rangés les œufs, puis si besoin explique qu’il faut casser les œufs dans un bol… A un certain moment, la mémoire de la personne se réenclenche et elle fait son omelette…
Une autre société novatrice a développé une sorte de Big Brother d’appartement qui indique par exemple à un déficient mental ce qu’il doit faire ou ce qu’il a oublié de faire…”