Le maire d'Agde réclame sa remise en liberté, affirmant avoir été "piégé" par une médium
Le maire Les Républicains d'Agde (Hérault), Gilles d'Ettore, mis en examen pour "prises illégales d'intérêts et corruption" et placé en détention provisoire depuis 12 jours, a demandé mardi sa remise en liberté, affirmant avoir été piégé par une médium.
Devant la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Montpellier, l’avocat général a pour sa part demandé le maintien en détention de M. d’Ettore, 55 ans, à la tête d’Agde depuis 2001.
Le représentant du ministère public a réclamé, et obtenu que l’audience se tienne à huis clos afin d’écarter tout risque de “pression”, de “concertation” et de “collusion”. La cour d’appel rendra sa décision vendredi 5 avril.
« En conversation avec un être surnaturel provenant de l’au-delà”
L’autre personnage clef de cette affaire rocambolesque, également en détention provisoire depuis 12 jours, est une femme de 44 ans qui se présente comme voyante, médium et “guérisseuse”.
En modifiant sa voix, cette mère de famille aux talents cachés de ventriloque aurait réussi à placer des proches sous emprise, dont le maire d’Agde, afin de leur faire croire qu’ils étaient “en conversation avec un être surnaturel provenant de l’au-delà”, avait expliqué le procureur de Béziers, Raphaël Balland.
Elle aurait en particulier utilisé ce stratagème pour inciter M. d’Ettore, ancien député UMP, à “se soucier du bien-être de cette femme, y compris matériellement”, a précisé le procureur.
“M. d’Ettore est effectivement mis en examen, c’est un fait, mais il est d’abord et avant tout victime des agissements frauduleux de cette femme”, a estimé devant la presse son avocat, Jean-Marc Darrigade. S’il a concédé devant les enquêteurs “qu’effectivement l’influence de cette femme a pu lui faire commettre quelques manquements”, Gilles d’Ettore “conteste évidemment” que des “centaines de milliers d’euros d’argent public aient été détournés”, a ajouté l’avocat.
Quant à ses mandats à la tête de la ville et de l’agglomération d’Agde, la question ne pourra “se poser que quand il pourra se concerter avec son conseil municipal”, ce qui n’est pas possible tant qu’il est en détention, a expliqué Me Darrigade, selon qui de nouveaux “rebondissements” sont possibles.
Samedi, le parquet de Béziers avait indiqué que “deux cadres importants” du groupe de BTP Eiffage “soupçonnés d’avoir participé au financement occulte de travaux effectués au domicile” de la médium ont été mis en examen des chefs “d’abus de confiance, de faux et d’usage de faux”. Le premier a été placé en détention provisoire, son subordonné sous contrôle judiciaire, avait-il précisé.