Le marché des pompes funèbres, un marché comme un autre ?
446.778 décès toutes causes confondues ont été enregistrés en France, du 1er janvier au 18 septembre 2023. Ce sont les données de l’Insee. Le nombre moyen de décès par jour était de 1591 en août 2023. Présentée en chiffre, la mort est-elle un marché comme un autre ?
Certes, on n’organise pas sa mort, comme on programme ses vacances, mais mourir : combien de Français n’ont rien préparé ?
Une grande majorité semble procrastiner face à ce dernier soupir, ce grand voyage, ce sommeil éternel, chacun le nommera à sa façon. En revanche, une étude de 2019 menée par l’IFOP pour le compte de la Fédération Française des Pompes Funèbres (FFPF) indique que seulement 19% des Français ont souscrit une assurance obsèques. C’est-à-dire une assurance qui permet de financer et d’organiser les funérailles à l’avance, soulageant ainsi les proches du défunt de l’organisation et des contraintes financières.
Une autre étude réalisée par l’IFOP la même année, pour France Tombale, révèle que les Français ne s’informent pas pour gérer des obsèques sur un plan pratique : « 58% déclarent ne pas connaître les formalités et procédures adéquates » à noter que cette ignorance descendrait à 37% chez les plus de 65 ans. En cas d’obsèques à organiser, 41% des Français se rendent dans des magasins de pompes funèbres. C’est le premier réflexe, 66% d’entre eux préfèrent choisir et commander un monument funéraire grâce à ce service, contre 34% qui pourraient le faire via une commande en ligne.
« Que ma volonté soit faite ! » La loi du 15 novembre 1887 sur la liberté des funérailles, laisse à chacun l’opportunité d’imposer son choix sur la façon dont il souhaite passer outre-tombe. Attention ! Dans son article 5 : « sera punie toute personne qui aura donné aux funérailles un caractère contraire à la volonté du défunt… » Constat : Seulement 17 % des Français ont rédigé un testament, souligne un sondage récent, réalisé par Opinionway pour Hérit, publié le 24 avril 2023.
Anticiper ses obsèques permet de s’offrir une liberté de choix et une tranquillité d’esprit. Alors combien ça coûte ? Difficile aujourd’hui de partir avec une simple pièce de monnaie dans la bouche en guise d’obole à Charon, le gondolier de la Faucheuse.
Plusieurs produits sont disponibles sur ce marché qui pèse 2,777 milliards d’euros de chiffre d’affaires (1). Un secteur qui a connu une croissance de 6% en 2020 et de 5% en 2021, en partie due à l’augmentation du nombre de décès pendant la crise sanitaire de la COVID-19.
Restons terre à terre, avant d’y plonger en dessous dans une boite, ou au-dessus en cendres. Si l’on choisit un cercueil américain imposant avec un couvercle qui s’ouvre en deux parties, les prix sont très élevés, mais si l’on choisit le cercueil dit parisien, à 6 côtés avec un couvercle plat, les tarifs sont en moyenne, pour l’entrée de gamme en pin entre 350€ et 600€. Pour le chêne, de type tombeau avec épaulement et couvercle rehaussé, il faudra compter entre 600€ et 1400€. Pour d’autres, plus aboutis, comme un cercueil lyonnais avec son couvercle en pente continue, les sommes peuvent atteindre 3000€ et bien davantage.
Pour une inhumation, les frais d’obsèques s’élèvent en moyenne à 3350 euros et à 3609 euros pour une crémation, selon le rapport public annuel 2019 de la Cour des comptes (chiffres 2014). Pour l’année 2023, le coût des obsèques en France varie entre 3150 euros et 19 265 euros.
Faut-il encore penser à choisir sa concession perpétuelle, si l’on souhaite s’offrir le Père-Lachaise à Paris, prévoir environ 15 500 euros. Pour une concession temporaire, les tarifs varient entre 414 euros et 2250 euros pour une parcelle d’un mètre carré. Dans l’Hérault les tarifs sont plus abordables. À Montpellier, la concession perpétuelle est d’environ 3000 euros.
Qui dit transaction commerciale, dit négociations. Pour être en position optimale en tant qu’acheteur sur ce marché, il est préférable d’avoir anticipé en souscrivant un contrat d’assurance obsèques en amont. Être prêt à entrer en négociations, si l’on est submergé par le deuil et chargé de l’organisation des dernières volontés du défunt peut s’avérer complexe, voire impossible.
(1) Source : Insee. Services funéraires. 2020