Legaltech : débuguer l'accès au droit
[EDITO] Aujourd’hui, on n’a plus le droit d’échapper au digital. Il est partout : en ville, à la campagne et dans les tribunaux. On parle de Legaltech.
Le droit français s’est accommodé de ce terme anglophone qui désigne l’incorporation du digital dans les outils et services juridiques.
Pourtant le droit, à ses origines, n’est ni américain ni anglais. La civilisation romaine antique du Ve siècle serait la première à mettre en place un système juridique, dont notre société française actuelle aurait hérité. Mais comme toute paternité lointaine, rien n’est si simple. La notion de démocratie, étymologiquement, indique que les Grecs étaient le parent 2. Dans l’imaginaire collectif, les rhéteurs de l’époque s’exprimaient en place publique avec éloquence, enfin plus ou moins, rappelle-t-on avec humour dans le Satyricon, père fondateur du roman.
Aujourd’hui, que reste-il de ce modèle politique gréco-romain ? Les rhéteurs sont devenus avocats au tribunal, et le concept de démocratie, l’idée d’une gouvernance quasi-horizontale, une forme d’idéal ?
Seize siècles plus tard, la Legaltech semble bien démocratiser l’accès au droit et les manipulations juridiques des sachants, comme le précise Thomas Saint Aubin, entrepreneur dans le domaine : “Nous, les juristes, depuis 1804, on a un peu confisqué le droit, on l’a rendu complexe, peu accessible et peu avenant de manière générale. La legaltech a l’ambition de mettre le droit en libre-service et le legal design de simplifier sa compréhension”.
Dans un sens, cette arrivée du digital serait-elle un retour aux sources fondamentales du droit, et la Legaltech une nouvelle forme de démocratie ?
A Montpellier, la première Agora 3.0 du Sud, le Village de la Legaltech et de l’innovation juridique, s’est tenu les 30 & 31 mai derniers. Parmi les orateurs : avocats, juristes, notaires, fiscalistes, experts-comptables, huissiers, ou étudiants en droit pour les plus jeunes disciples.