Légende de l’Hérault : gorges d'Héric, massif du Caroux et la tragédie des derniers géants
Au cœur des terres sauvages du Parc national du Haut Languedoc, entre les crêtes escarpées et les vallées profondes, résonne encore l’écho d’une ancienne légende, celle des derniers géants.
Amour de roche
Seuls ceux qui écoutent attentivement les murmures du vent et le chant des ruisseaux peuvent saisir l’ombre de cette histoire tragique… Autrefois, bien avant que les hommes ne dominent ces terres, les Titans et leurs descendants foulaient encore le monde, imposants et redoutables. Parmi eux, Cébenna et Réa, deux géants paisibles, veillaient sur le massif du Caroux. Ce lieu majestueux, avec ses falaises abruptes et ses torrents grondants, leur servait de refuge. Depuis ces hauteurs rocheuses, ils dominaient de leur regard l’horizon : des montagnes des Cévennes aux cimes des Pyrénées, jusqu’aux reflets de la mer Méditerranée.
Tombeau des géants
Cependant, les dieux de l’Olympe, décidés à faire régner l’ordre nouveau et à accorder la terre aux hommes, ne pouvaient tolérer la présence de ces derniers géants. Ils prononcèrent alors leur condamnation : la fin des Titans devait advenir, et avec elle, l’effacement de leur existence. La Terre, aimante mais obéissante, hésita longtemps avant de céder à la volonté divine.
Un soir où le crépuscule baignait les montagnes d’une lumière dorée, Réa observait les eaux claires du ruisseau d’Héric, tandis que Cébenna se reposait sur une roche imposante. C’est à cet instant que la malédiction s’abattit. La pierre sous Cébenna se mit à bouger, à se ramollir, puis à l’engloutir lentement. Elle lutta de toutes ses forces, mais la terre ne relâcha pas son étreinte. Ses pleurs désespérés se déversèrent dans le Rieutord, mêlant ses larmes aux eaux tumultueuses.
Réa, témoin impuissant, se précipita à son secours. Mais à peine eut-il posé le pied dans le lit du torrent que lui aussi fut saisi par la fureur des éléments. Le sol l’aspira, le pétrifiant à jamais dans une posture figée de désespoir. Là, aux confins de la vallée, ses larmes coulèrent, rejoignant celles de Cébenna pour nourrir éternellement le ruisseau d’Héric.