Légende de l’Hérault : la cité engloutie de l’étang de Thau
L’étang de Thau, lové au pied du mont Saint-Clair, dissimule depuis des siècles une légende énigmatique, celle d'une cité engloutie sous ses eaux paisibles et trompeuses.
Par temps clair, les pêcheurs murmurent avoir aperçu l’ombre d’un clocher surgir des profondeurs, effleurant à peine la surface. Mais quand la brume s’étend, certains prétendent entendre les échos lointains des cloches d’une église disparue. Et que dire des plongeurs, qui jurent avoir exploré les ruines d’antiques bâtiments immergés… L’étang de Thau est-il réellement le gardien d’un tel secret ?
Un mythe évanescent
La légende remonte à des âges reculés, évoquant une nuit où la terre aurait grondé sous le souffle brûlant d’un volcan – peut-être celui d’Agde – précipitant dans les abysses des temples somptueux et des palais oubliés. Mais où gît cette cité perdue ? Certains affirment qu’elle sommeille près de l’anse de Sète, là où des vestiges d’aqueducs semblent s’évanouir sous les flots. D’autres évoquent des bancs de daurades royales, ces poissons aux écailles dorées, qui, par leurs mouvements gracieux, dessineraient un escalier d’or menant à la porte de la ville submergée.
De génération en génération, les pêcheurs ont tissé cette légende, agrémentant leurs filets de clochettes, comme pour ensorceler l’imagination des visiteurs. Les apnéistes, quant à eux, parlent de visions mystérieuses, suscitées par un courant chaud, la “bise”, qui serpente jusqu’à l’étang près de Balaruc. Pourtant, les archéologues s’attachant à cette Atlantide locale ne laissent aucun doute : tout cela n’est que mirage.
La réalité, tout autre
En 1976, l’archéologue Denis Fonquerle a bien révélé des vestiges dans les profondeurs de l’étang de Thau. Mais loin de la grandeur des récits mythiques, il découvrit un simple hameau, composé de trois cabanes de roseaux, leurs fondations de chêne vert plantées solidement dans la vase. Ces habitations sur pilotis, vestiges d’une adaptation à la montée des eaux, témoignent d’une époque où la région fut engloutie par des flots plus modestes. Des poteries, des outils simples, des traces de pêche et de chasse… voilà ce qu’était cette Atlantide : un village de Gaulois humbles, vivant au rythme des marées, des cerfs et des sangliers, des champs de céréales et des filets lancés au crépuscule.