Les chocolatiers voient l'avenir en noir malgré l'approche des fêtes
C’est pendant les fêtes que les chocolatiers réalisent près de la moitié de leurs chiffres d’affaires. En cette fin d'année, les possibles réformes, conjuguées à une explosion du prix des matières premières et une conjoncture morose, font cependant planer une ombre menaçante sur la filière. Thierry Lalet, président de la confédération des chocolatiers de France, fait entendre la voix des 400 entreprises qu'il représente.
C’est une période cruciale pour la profession, dans l’Hérault comme partout en France. Alors qu’elle représente le plus gros du chiffre d’affaires des chocolatiers, ils sont pourtant au prise avec les incertitudes dans un contexte bousculé par la hausse de prix des matières premières et d’éventuelles réformes dont une taxe sur les produits sucrés. Les enjeux sont de taille pour la profession.
“La fève de cacao a augmenté de 400% en moins d’un an”
“Il y a une possibilité de changement de TVA qui pèse sur nous”, explique Thierry Lalet, président de la Fédération des chocolatiers et confiseurs de France (environ 400 adhérents) depuis 2022. La taxe, de 5,5 % actuellement, pourrait passer à 20 %. “Il semblerait que ce soit abandonné mais on n’est sûr de rien ! Nous avons déjà subi une énorme augmentation de la fève de cacao qui a pris 400 % en moins d’un an“, regrette-t-il.
Une augmentation qui a une incidence directe sur le produit chocolat : les fournisseurs ont augmenté leurs prix de la matière chocolatée de 35 à 40 %. “Il est impossible pour nous de répercuter une telle augmentation.”
Une taxe sur les produits trop sucrés
Autre motif d’inquiétude pour la profession : une taxe sur les produits contenant plus de 30 % de sucre. La taxe, qui a failli être mise en place au 1er janvier 2025, est pour l’instant ajournée. Une commission avec les différents acteurs du dossier – industrie, artisanat – doit être organisée (avec objectif une mise en application en 2027) afin de trouver des solutions pour réduire les quantités de sucre et vers qui tourner la taxe.
“Il y a eu une “taxe soda” en Angleterre qui a bien fonctionné, explique Thierry Lalet, qui a permis à l’industrie de reformuler ses recettes.” La profession attend donc cette concertation “mais tant que le gouvernement n’a pas tranché, on reste vigilant“, souligne-t-il.
Conséquences néfastes du covid
Les chocolatiers ont aussi été durement éprouvés pendant le covid : “On n’a pas bénéficié d’aides car on avait le droit d’être ouvert. Mais tous les professionnels n’ont pas pu mettre en place un site internet pour la vente en ligne ou un système de livraison”, insiste-t-il.
Les chocolatiers sont également pénalisés par le coût de l’électricité et s’inquiètent de la réduction des aides pour l’apprentissage quel que soit le type d’entreprise. “C’est l’avenir de nos métiers d’artisans”, plaide Thierry Lalet.
La moitié du chiffre d’affaires pendant les fêtes
Il faut dire que l’activité des chocolatiers est saisonnière. Les chocolatiers réalisent entre 40 et 50 % de leur chiffre d’affaires pendant les fêtes de fin d’année, et 10 à 15 % à Pâques : “Il y a une gestion de trésorerie serrée car dès début septembre, on prépare Noël, on a plus de sorties que d’entrées, donc les petites entreprises sont fragilisées.”
La confédération accompagne ainsi les entreprises rencontrant des problèmes de trésorerie. Elle est aussi en négociation avec les syndicats pour revaloriser les salaires et essaie d’inciter les chefs d’entreprise en ce sens.
Environ 2 000 entreprises en France
La France compte environ 2 000 entreprises de type chocolatiers “mais la profession réunit des entreprises très différentes avec des industriels tels que Cémoi (Bègles) ou Mademoiselle de Margaux (Margaux-Cantenac) et des petits artisans. Il y a aussi des pâtissiers qui vendent des chocolats”. La confédération travaille actuellement sur un vade-mecum concernant les étiquetages et les process de fabrication pour uniformiser les contrôles sur la France entière.
Nathalie Vallez
Les Echos Judiciaires Girondins