Les moustiques tigres coûtent des milliards à l'économie mondiale
Une étude de l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD) révèle que les moustiques tigres coûtent des milliards d'euros à l'économie mondiale. En détaillant les dépenses médicales, les coûts non médicaux et les pertes de productivité, ce rapport met en lumière l'urgence d'une action coordonnée à l'échelle mondiale.
Nous étions nous jamais posé la question du coût économique du moustique, premier prédateur de l’homme avec son million de victimes chaque année ? Une étude internationale, coordonnée par les scientifiques de l’Institut de Recherche et de Développement (IRD), du Centre national de Recherche Scientifique (CNRS) et du Museum National d’Histoire Naturelle (MNHN), expose l’augmentation spectaculaire du coût économique mondial de ces espèces envahissantes : l’Aedes Aegypti (moustique tigre venu d’Afrique) et l’Aedes Albopictus (le fameux moustique tigre venu d’Asie en France dans les années 2000).
Ces deux espèces sont vecteurs de maladies comme la dengue, le chikungunya et le Zika, qui en plus des effets immédiats, peuvent avoir des conséquences sur le long terme pour les personnes infectées. L’étude, qui recense 1156 rapports dans 166 pays sur la période 1975-2020, estime que les coûts cumulés représentent au minimum 94,7 milliards de dollars (88 milliards d’euros) dont une grande partie sur les deux dernières décennies (augmentation multipliée par 14). Pour la France, la facture est de 549 millions d’euros. Le document quantifie ce fardeau et expose des coûts surprenants pour les systèmes de santé et l’économie mondiale.
Méthodologie de l’étude
L’étude de l’IRD s’est basée sur une analyse approfondie des données de santé publique, des enquêtes auprès des patients et des statistiques économiques. Cette approche holistique a permis de quantifier précisément les différents types de coûts associés aux moustiques tigres.
Les coûts médicaux directs : ces dépenses incluent les frais de diagnostic, d’admission à l’hôpital, d’hospitalisation, de consultations ambulatoires et de traitements. En 2023, les coûts médicaux directs ont été estimés à 2,5 milliards d’euros.
Les coûts non médicaux directs : en plus des soins médicaux, les patients doivent souvent faire face à des coûts supplémentaires liés au transport vers les centres de soins, à l’hébergement temporaire et à la nourriture. Ces coûts non médicaux directs atteignent environ 1 milliard d’euros par an.
Les coûts indirects : les pertes de productivité dues à la morbidité et à la mortalité prématurée sont également alarmantes. L’IRD estime que les coûts indirects, incluant l’absentéisme et la baisse de productivité, atteignent 3 milliards d’euros par an. Ainsi, l’impact touche non seulement les individus affectés mais aussi les entreprises et l’économie mondiale.
Les chercheurs appellent à l’action : “la prévention est indispensable !”
“Ces coûts ne sont pas répartis partout de la même manière, souligne David Roiz, spécialiste des maladies émergentes transmises par les moustiques à l’IRD. L’Asie et les Amériques sont les plus touchés. Mais nous sommes tous exposés à un risque sanitaire tous les ans car le moustique continue à se répandre.”
Avec ce rapport, l’IRD appelle à une action concertée pour renforcer les mesures de contrôle des moustiques. Des initiatives comme l’élimination des gîtes larvaires, l’utilisation de répulsifs et des campagnes de sensibilisation sont essentielles pour réduire l’impact économique et sanitaire des moustiques tigres. “La prévention est indispensable. Ca va être l’affaire de tout le monde, les citoyens et les décideurs”, ajoute Frédéric Simard, directeur de recherche à l’IRD Montpellier qui précise que seuls 10% des sommes dépensées à cause du moustique tigre le sont pour la prévention. “L’argent du coût est perdu alors qu’il pourrait être investit dans la prévention, poursuit-il.”
Le Sud de la France de plus en plus touché
En 2023 en France, malgré les campagnes de prévention menées par les ARS (Agences régionales de santé), 158 cas de dengue ont été détectés dans 37 foyers. De plus, 31 cas de chikungunya ont été identifiés dans 3 foyers et 3 cas de Zika dans un seul foyer.
La Région PACA est la plus touchée de France, tout simplement parce que c’est le premier endroit du pays à avoir vu l’arrivée de l’Aedes Albopictus, en 2004. “Une fois qu’il est quelque part, sa population ne fait qu’augmenter”, explique Frédéric Simard. Le climat plus chaud a plusieurs conséquences : lorsqu’il fait chaud le moustique prolifère plus et sa période d’activité est plus longue ce qui lui permet de contaminer plus de monde.