Lili Sohn : “J’étais en pleine chimio quand le tome 1 de La guerre des tétons est sorti”
Humour, desseins et guerre des tétons… À l’occasion du festival L’une ELLES du 10 au 13 octobre, la bédéiste Lili Sohn revient sur son parcours et la découverte de son cancer prématuré.
“L’élément déclencheur a été mon cancer du sein quand j’ai eu 29 ans”, se remémore Lili Sohn, à l’approche du festival L’une Elles qui se tiendra du 10 au 13 octobre dans l’agglomération de Lunel. La dessinatrice de “La guerre des tétons”, fait partie des artistes invités pour l’occasion. Avant de se lancer dans la BD, Lili était graphiste à Montréal, au Canada, pour une société de jeux vidéos. C’est à l’aune de la découverte de sa maladie, il y a 10 ans, qu’elle lance son blog qui raconte son quotidien de femme atteinte d’un cancer du sein prématuré. “ C’est par ce biais que je l’ai annoncé à mes proches, raconte la bédéiste. C’était un moyen de me protéger : cette révélation est un lot d’émotion, explique-t-elle. D’autant plus parce que je ne m’y attendais pas du tout, comme n’importe quelle personne à qui on informe d’un cancer, mais en plus, j’étais très jeune, donc je m’y attendais encore moins.”
“Je me suis rendu compte que pour moi, c’était cathartique.”
Un blog à deux fonctions : l’une cathartique, qui lui permettait de rejouer les scènes de sa journée et traiter la quantité d’informations importantes qu’on peut recevoir à la réception de ce diagnostic. “C’était important d’avoir du second degré, d’en tirer quelque chose de drôle, d’humoristique et pas qu’horrible” explique la bédéiste. La seconde de lien social : “Notre fonction sociale, c’est notre travail. La BD et mon blog m’ont permis d’être en lien avec plein d’autres jeunes femmes, de servir à quelque chose et de ne pas me sentir seul.”
“J’ai décidé d’en rigoler”
Et du lien, elle en aura. À travers ses dessins, elle deviendra un soutien pour de nombreuses patientes qui la lisent, une aide pour communiquer avec leur entourage autrement que par les mots ou l’écrit. “La possibilité de s’exprimer sans dire : je me suis sentie comme cela, voilà ce que j’ai vécu. Et parfois même d’en rire”, raconte l’autrice.
Un blog qui a permis à l’autrice de s’exprimer et également de se faire connaitre, malgré des appréhensions. “Avant mon diagnostic, j’avais un peu peur de montrer ce que je faisais, après, j’étais désinhibée. J’allais peut-être mourir, alors que tout le monde trouve ça nul ne m’importait plus. Ça me faisait du bien, c’était le plus important”, commente-t-elle. Toutefois, ses dessins “buzzent” rapidement. Suffisamment pour intéresser le milieu médical et qu’une maison d’édition la contacte. “J’étais en pleine chimio quand le tome 1 de la trilogie de La guerre des tétons est sorti“, révèle-t-elle.
Depuis, la bédéiste a publié une dizaine de BD dont Vagin tonic en 2018, a lancé un podcast : Chroniques du grand domaine en 2024, a travaillé avec plusieurs organismes dont l’Institut Curie à Paris avec qui elle a réalisé une web-série “Chuis pas docteur”, et continue à faire de la prévention sur cette maladie avec l’aide d’organismes de lutte contre le cancer. “Maintenant, ça fait partie de ma vie”, conclut-elle.
Il sera possible de retrouver Lili Sohn au festival L’une Elles de l’Agglomération de Lunel lors d’une rencontre littéraire, samedi 12 octobre à 15h.