Lily Ramonatxo, gymnaste talentueuse, porteuse de flamme et ambassadrice montpelliéraine
À 19 ans, Lily Ramonatxo, gymnaste rythmique montpelliéraine, est une étoile montante du sport français. Ce dimanche, en portant la flamme paralympique, elle portera aussi l’étendard de ses valeurs, de sa ville et de son avenir, encore plein de promesses.
“Inscrivez-moi !”
Lily Ramonatxo est entrée dans le monde de la gymnastique presque par hasard. En 2011, alors qu’elle n’a que sept ans, sa mère l’inscrit à un stage de mairie avec le club de Montpellier GRS faute de solution de garde. Ce jour-là, la petite fille, qui faisait jusque-là de la danse classique, tombe amoureuse de la gymnastique rythmique : “J’ai adoré tout de suite, c’était de la danse avec des engins : massues, ballon, cerceau”, se souvient-elle.
Dès ce jour-là, elle sait qu’elle a trouvé sa passion. Quelques mois plus tard, alors que Montpellier accueille les Championnats du monde de gymnastique rythmique, son destin se scelle : “ J’y suis allée avec ma cousine et j’ai été ébloui par les gymnastes, ce qu’elles étaient capables de faire avec leurs corps, l’engin et la musique, leurs justaucorps qui brillaient… J’ai dit à mes parents, inscrivez-moi, on est allé à Antigone des associations, et voilà !”.
De la fascination à la compétition
Son ascension est fulgurante : à 12 ans, elle intègre le Pôle Espoir de Montpellier, puis à 14 ans, elle entre dans l’arène des compétitions internationales. À partir de là, tout s’accélère : podiums en Grand Prix, finales en Coupe du Monde, titres de championne de France. “Derrière, il y a beaucoup de travail et d’heures d’entrainement. Avec l’entrée en catégorie Junior, j’ai atteint le haut niveau. J’ai été très bien préparé par mon entraineur Alexandra Konova, qui a su m’amener jusqu’à ces résultats et me guider dans la gestion du stress, un élément qui augmente à mesure que les enjeux grossissent.”
Au cœur de son emploi du temps chargé – plus de 40 heures d’entraînement par semaine – la jeune femme jongle entre les équations et les figures. Étudiante en licence de mathématiques, elle dit devoir sa réussite à ceux qui l’ont accompagné, soutenu, tout au long de son parcours. “En France, c’est un vrai défi d’être à la fois étudiant et sportif de haut niveau”, concède-t-elle. “Mais j’ai de la chance d’avoir de vrais amis qui prennent les notes de cours lorsque je suis absente, des professeurs qui assurent le suivi tout au long de l’année et le CREPS de Montpellier et la Maison Régionale de Performance qui m’ont trouvé un étudiant en thèse tuteur, Ronan Dupont et qui venait à la maison une fois par semaine pour m’aider à comprendre les exercices. Je n’aurais jamais validé ma L1 en maths sans eux”. L’équilibre entre sa passion pour le sport et ses études semble vital pour elle. “Savoir adapter la scolarité sans l’interrompre, j’en ai besoin pour mon équilibre psychologique”, dit-elle.
Mais l’année 2023 lui réserve un défi inattendu. Une blessure vient perturber sa préparation pour les Jeux Olympiques de Paris. “C’est un rêve que j’ai touché du bout des doigts. Cette blessure au mauvais moment m’a empêché de défendre à 100% mes chances pour cet objectif”. Malgré cette blessure, elle ne baisse pas les bras et devient l’une des remplaçantes de l’équipe française : “Je ne regrette rien, j’ai fait tout mon possible jusqu’au bout. Il faut savoir accepter que nous ne pouvons pas tout contrôler. Et un rêve, cela peut mettre du temps à être réalisé…”.
Ses Jeux Olympiques de Paris 2024
Ainsi, c’est sans la pression ultime de la compétition que la jeune femme a vécu les JO de Paris : “J’ai pu vivre la magie de ces JO ! J’ai assisté aux épreuves de gymnastique rythmique bien sûr et encourager chaque gymnaste de ce concours que je connais, car je les croise sur les circuits de coupe du Monde, et particulièrement ma compatriote Hélène, entendre le public à l’unisson chanter la Marseillaise avant le passage de l’Ensemble France, j’en ai encore des frissons… Même si j’aurais tant voulu être la gymnaste française sur le praticable, je n’en retire que du positif et de l’expérience pour la suite.”
Et l’athlète a fait entendre sa voix au-delà du praticable puisqu’elle s’est rendue dans le public encouragé les ambassadeurs de son pays, sa ville et… même sa famille ! “J’ai pu ressentir de très près les émotions olympiques en suivant ma cousine, Camille Prigent qui a fini 6ᵉ de la finale en kayak slalom, on était là avant, pendant et après l’épreuve, avec la joie et sa déception de ne pas ramener une médaille. J’ai encouragé les coureurs et coureuses du marathon et du 10 km pour tous, quelle idée géniale, une fête du sport pour tous et toutes ! J’ai suivi le parcours fantastique d’Alexis et Félix Lebrun ! Alexis est Ambassadeur du Sport de la Métropole 2022-2024 comme moi et donc nous nous sommes croisés souvent, leurs médailles de bronze et échanges avec Alexis sont des éléments de motivation pour tout athlète montpelliérain.”
Rallumer la Flamme
Ce dimanche 25 août, elle vivra un moment inoubliable : porter la flamme paralympique à travers les rues de sa ville natale, “ rendez-vous à 16h57 rue du Plan du Palais“ très exactement ! Mais alors comment devient-on porteur ? Surtout sur un parcours aussi court.
“La métropole a proposé ma candidature au Comité d’Organisation des Jeux Olympiques Paris 2024 qui a été validé. Je pense que c’est en lien avec mon statut d’Ambassadrice Sport de la Métropole et les différentes actions pédagogiques que je réalise au sein des écoles de la ville ou événements de promotion du sport pour tous.”
Au-delà de l’excitation, ce moment est aussi l’occasion pour la jeune femme de transmettre un message : celui de l’inclusion et du dépassement de soi. “Je pratique un sport magnifique, olympique, exigeant, mais la couverture médiatique reste faible en France, même si lorsque des compétitions majeures sont organisées, c’est un succès populaire. Être choisie comme porteuse de la flamme paralympique, c’est aussi un moyen de mettre en lumière le sport féminin et la gymnastique rythmique ancrée à Montpellier depuis de nombreuses années grâce au club de Montpellier GRS et au Pôle Espoir”.
Et c’est avec une légère boule au ventre et quelques conseils en tête que Lily Ramonatxo descendra le cœur historique de Montpellier. “Safi N’Diaye, qui a porté la Flamme Olympique le 13 mai m’a conseillé de ne pas courir trop vite, car cela passe très vite et de vivre le moment présent !”.
Les valeurs paralympiques
“En portant la flamme, c’est la valeur des Jeux que nous transmettons : excellence, amitié, respect pour l’Olympisme auxquels se rajoutent courage, égalité, détermination et inspiration pour le paralympique. Ce sont de belles valeurs !”. Autant de qualités qu’elle admire chez les athlètes paralympiques, notamment Amélie Le Fur, une figure qu’elle suit depuis ses huit ans : “Je me rappelle la médaille d’or d’Amélie Le Fur au 100m ! C’est une athlète que j’ai suivie ensuite à la télé à chaque olympiade ensuite, avec plus de neuf médailles. Je suis très admirative de sa carrière sportive, mais également de sa réussite à gérer ses études et sa carrière post-sportive. Elle est maintenant présidente du comité paralympique sportif français. Je ne l’ai jamais rencontrée en vrai, mais elle est inspirante !”.
Et quand on lui demande l’émotion que lui procure le fait de partager ce relai avec ces « talents différemment valides, la jeune gymnaste ne fait aucune pirouette : “L’idée qu’athlète olympique et paralympique portent sans distinction la flamme olympique et paralympique est inclusive. J’espère que les épreuves des Jeux Paralympiques connaitront la même ferveur populaire que les Jeux Olympiques, ce sera unique pour nos athlètes. C’est un moyen de parler de handicap et d’inclusion, de sport pour tous et pour toutes.”
Et en tant que porteuse pour la flamme paralympique, elle admet avoir appris de nombreuses choses sur les Jeux et les athlètes : “Savez-vous par exemple que ce ne sont pas cinq anneaux olympiques mais 3 agitos (rouge, bleu et vert) qui sont le symbole des Jeux Paralympiques ? Les agitos, signifie « esprit en mouvement » en latin, ce sont des sortes de virgules ou vagues. Ils symbolisent l’esprit, le corps et l’âme des athlètes paralympiques qui nous inspirent et n’abandonnent pas. Ce sont des symboles forts qui sont actuellement sur l’Arc de Triomphe à Paris, installés au même moment que les anneaux olympiques sur la tour Eiffel pour Paris 2024.”
Prochaine épreuve
Sa prochaine étape est pleine de promesses : direction l’Italie pour s’entraîner et poursuivre ses rêves de podium. “Ces JO n’ont fait que renforcer ma volonté de continuer ma carrière sportive après 2024, même si dans ma discipline, 19 ans peut-être ‘un âge de retraite’. Mon entraineur m’a poussé pour la suite à choisir une structure à l’étranger qui me permettra de monter plus haut dans la hiérarchie mondiale. Je lui fais confiance et avec l’accord de la Fédération française de gymnastique, je pars donc m’entrainer en Italie pour la saison prochaine. Je reste licenciée à mon club Montpellier GRS et attachée au CREPS de Montpellier pour le suivi scolaire et médical et bien sûr, continue à représenter mon pays, la France.” Ses objectifs sont ambitieux : les championnats d’Europe, les Mondiaux et les Universiades en 2025 sont déjà inscrits dans son calendrier.
Lorsqu’elle défilera avec la flamme dans les rues de Montpellier, elle ne manquera pas de penser à tous ceux qui l’ont soutenue : sa ville, son club, ses entraîneurs, et bien sûr, sa famille. “Mon existence est liée au sport et à Montpellier. Je suis née ici, j’ai grandi ici, et même si je pars m’entraîner à l’étranger, mon cœur restera toujours montpelliérain.” Et pour elle, ce n’est que le début…