Littoral : la Chambre Régionale des Comptes et l’Université de Montpellier s'allient contre les moustiques
Historiquement créée pour combattre les moustiques des marais, l’Entente interdépartementale de démoustication du littoral méditerranéen (EID-Med) voit aujourd’hui sa mission historique remise en question par l’invasion d’une nouvelle espèce : le moustique-tigre.
L’arrivée du moustique-tigre change la donne
Depuis 1959, l’EID-Med a permis le développement des stations balnéaires du littoral grâce, notamment, à des traitements larvicides contre les moustiques des marais.
Sur cette bande littorale qui regroupe 1,6 million de résidents répartis sur 220 communes, l’EID, en tant qu’unique opérateur public disposant du pouvoir d’intervention, se trouve désormais face à un défi modifié : l’arrivée massive du moustique-tigre. Son adaptabilité en fait l’une des espèces les plus invasives au monde, doublée d’une capacité accrue à être vectrice de virus par rapport à ses congénères.
Différentes espèces obligent, son traitement nécessite une approche différente de celle appliquée aux moustiques des marais. La Chambre Régionale des Comptes (CRC), en s’associant à l’université de Montpellier, a pris cette décision de manière réfléchie. Valérie Renet, présidente de la chambre, l’a expliqué lors d’une conférence de presse le mercredi 3 juillet : « C’est d’abord parce qu’il y’a du financement public, ça représente environ 12 millions d’euros […] mais aussi parce qu’il y’a une actualité particulière, notamment une enquête littorale sur les collectivités et leur rôle face au changement climatique ». Elle a souligné la nécessité d’une mutualisation des moyens et des ressources, tout en mettant en lumière « un problème de gouvernance financière […] où le dispositif de financement ne correspond pas toujours au service rendu, pouvant créer des tensions avec les financeurs ».
Réaligner les objectifs de l’EID avec les freins posés
Resituer les enjeux, les aides et les méthodes employés contre le moustique-tigre, malgré des obstacles juridiques, est aujourd’hui essentiel. Car des réserves persistent. Ces dernières proviennent notamment d’un flou qui parfois, plane entre l’EID et ses membres quand il s’agit d’évaluer concrètement le service rendu aux usagers. Ainsi, la CRC souligne l’importance pour l’EID-Med de prioriser ses missions et de mieux communiquer avec les départements l’action mise en place sur leur territoire et le coût qu’elle représente.
La pertinence de la collaboration avec l’Université de Montpellier se manifeste ici. La participation de ses chercheurs permettra à la CRC, comme l’a souligné Philippe Augé, directeur de l’Université, lors de la conférence de presse, de disposer d’une base de référence sérieuse et éclairée pour évaluer les mesures de démoustication, leurs coûts et leur mise en œuvre par l’EID. Il évoque « deux expertises qui se confronteront, l’une scientifique par l’université dans un sens large, et l’autre juridique et financière par la Chambre des Comptes ».
Parmi ces chercheurs, Didier Fontenille, spécialiste des maladies vectorielles, insiste sur cet aspect crucial dans la lutte contre le moustique-tigre. Il souligne la complexité de cette lutte pour deux raisons principales : elle dépend aussi des actions individuelles à l’échelle de chacun, et elle est prise dans un paradoxe juridique : quand il s’agit de lutter contre sa nuisance, c’est du ressort des collectivités ; dès qu’il s’agit d’une question de santé publique, elle relève de la compétence de l’État. Didier Fontenille a résumé lors de la conférence de presse : « C’est le même moustique, qui peut devenir un vecteur au fil du temps ! ».