Tourisme — La Grande-Motte

Littoral : menace sur les concessions de plages privées

Une évolution des espaces classés remarquables et sensibles du littoral menace, dans l’Hérault, 36 des 79 concessions de plages privées.

Sur fond de déconfinement et de beau temps, la saison estivale des plages privées démarre en trombe. Et pourtant, bon nombre d’exploitants font grise mine. La raison est simple : leurs établissements ne seront plus autorisés dans les prochaines années. En cause, la nouvelle réglementation de 2019 du code de l’urbanisme (décret 121-5) du ministère de la Transition écologique, qui redéfinit l’usage pouvant être fait des espaces classés remarquables et sensibles (ECR) du littoral. Les concessions de plage, et notamment la restauration, n’en font pas partie.

C’est un coup de tonnerre pour l’économie florissante des paillotes héraultaises. 36 des 79 établissements sont concernés. Ces 36 établissements ne verront pas leurs attributions renouvelées dans les prochaines années, « au fur et à mesure que les concessions s’éteignent », indique Emmanuelle Darmon, secrétaire générale adjointe de la préfecture de l’Hérault. Le clap de fin est prévu dès 2022 pour La Pampa (Mauguio Carnon), qui n’a pas reçu de notification d’appel d’offres pour postuler à sa succession, tout comme son voisin Latzarro.

Les quatre établissements de La Grande-Motte, La Voile Bleue, le White Beach, l’Effet Mer et la Paillote Bambou, bénéficient d’un sursis de trois ans.

Au total, sur les plages privées de Carnon et de La Grande-Motte, environ 500 emplois de saisonniers sont concernés. La nouvelle réglementation menace 40% des délégations de service public de concessions de plages en France.

Les communes du côté des exploitants privés

Dans l’Hérault, une plainte a été déposée contre les permis de construire par l’association des riverains du Grand Travers, auprès du tribunal administratif de Montpellier. « Aujourd’hui, la position de l’État, c’est d’appliquer la loi. Je le comprends. La clarification de la règle par le magistrat administratif sera intéressante, et donnera une tendance au niveau national », analyse Stéphane Muscat, directeur général des services de la Ville de La Grande-Motte.

Favorable, comme toutes les stations balnéaires, aux plages privées, synonymes d’attractivité et de redevances annuelles, la commune de La Grande-Motte demande un assouplissement de la réglementation, pour que les paillotes puissent continuer à installer leurs structures démontables, « avec un cahier des charges plus précis », glisse Stéphane Muscat. Autre solution, une redéfinition des espaces classés. « Chez nous, la plage est classée alors qu’il y a des habitations, une aire d’accueil des gens du voyage et des milliers d’estivants chaque été », ironise-t-il. « Le tourisme fait vivre le Languedoc. L’État n’est pas fou au point de réduire à néant les plages privées », espère Joël Ortiz, pionnier des paillotes dans la région, avec La Voile Bleue, qu’il a créée en 1997.

Deux visions opposées du littoral

Préfecture de l’Hérault : « La plage doit être libre d’accès et naturelle »

Selon Emmanuelle Darmon, secrétaire générale adjointe : « 37 des 80 km du littoral héraultais sont concernés par la nouvelle réglementation de 2019 relative aux espaces remarquable et caractéristiques du littoral. Nous proposerons de transférer les concessions concernées vers d’autres lots de plages, sur des espaces moins remarquables, où la nature est moins présente. Nous négocions commune par commune, pour identifier des emplacements, mais sans faire concurrence aux restaurants déjà existants. Nous défendons le droit, pour chacun, de disposer d’une plage libre d’accès et naturelle, sans avoir des concessions tous les 300 mètres. Nous devons préserver un espace naturalisé, voire renaturalisé. Il en va aussi de la préservation des côtes. Pas question de faire de la plage un terrain de jeu économique et privatisé, même si un équilibre est à trouver avec les enjeux d’attractivité. Précisons que la restauration n’était pas prévue initialement dans les plages privées. Il y a eu, ces dernières années, une déviance vers l’organisation de soirées, s’apparentant parfois à des boîtes de nuit, non autorisées sur les plages. »

Maxime Masquelier (La Pampa) : « Des centaines d’emplois en jeu »

« La Pampa emploie 70 saisonniers chaque été, dont des étudiants, qui comptent sur la saison pour payer leur année. Des milliers de personnes viennent s’amuser chez nous. Au total, la filière représente des centaines d’emplois sur la côte. Elle génère des recettes pour les communes, fait travailler avec des producteurs et des prestataires locaux (fruits et légumes, livreurs de glaçons…), et contribue à l’attractivité touristique de l’Occitanie. On adore ce qu’on fait. Et pourtant, c’est notre dernière saison : l’appel d’offres lancé en début d’année pour les 6 prochaines années a été annulé, officiellement en raison de la Covid-19. Pourquoi les concessions des plages privées de Portiragnes, situées en zone Nature 2000, ont-elles été renouvelées, alors que celles du Grand Travers n’ont pas été renouvelées ? Nous avons du mal à comprendre. Nos structures sont démontables… À force, les touristes iront en Espagne. Quant au transfert de la concession, je n’y crois pas. Ma paillote se situe à 1,1 km des premières habitations. Aller plus près des logements, c’est s’exposer à coup sûr à des plaintes de riverains. Le sentiment qui domine, c’est la résignation, alors que la saison démarre fort. Toutes les tables sont réservées sur les 10 prochains jours ! Mais je m’apprête à vendre, au terme de cette saison, mobilier et matériel de cuisine, après avoir investi 1 million d’euros il y a quatre ans. »

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Commentaires

  1. Il y a de plus en plus de plages privées donc a un moment il faut choisir, car on ne peut pas s’allonger devant une plage privée pourtant ce bout de plage est publique.

  2. Il était hautement anormal de laisser se créer des emplois et des intérêts économiques sur le concept inadmissible de “plage privée”. Honte aux élus et aux autorités qui ont ainsi bafoué le droit des citoyens à un environnement naturel et dégagé. Maintenant le retour à la normale est douloureux et lèse des gens qui bossent.

  3. je suis pour une plage libre de tous les restaurants et paillottes sur le domaine public.
    C’est de la pollution !

  4. il y trop de concessions qui polluent par leur nuisances sonores , qui réduisent de plus en plus les espaces libres d ‘accés à la mer , qui provoquent un encombrement des parkings existants ! de simples petites concessions seraient suffisantes pour avoir des petites restauration légères ,et des toilettes et douches entretenues qui n’ ‘existent nulle part .

  5. Des machines à fric qui détournent la loi et piétinent l’environnement, comme les mines de charbon, c’est du passé.
    Des sources d’emploi en saison sur le littoral, on peut en créer des tas qui seront valorisants.
    C’est le moment de repartir du bon pied dans la vie d’après.
    Bravo à ceux qui agissent pour l’intérêt général.
    Joan

  6. Encore la politique des verts , au détriment de l’emploi saisonnier, de l’attractivité et de la fréquentation des lieux

  7. Je pense que certains veulent faire du pognon. A les écouter, nos plages deviendraient comme Rimini, en Italie : plus moyen d aller se baigner en mettant un parasol. Bien que la loi italienne autorise de s’installer entre l’eau et la plage, il faut être courageux pour le faire : quelques gros bras sont là pour vous expliquer que c’est privé.
    Je suis CONTRE les plages privées, pas contre les restaurants de plage. Mais la plage est pour tous, que l’on ait ou pas de l’argent.

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