Loi de finances : les élus au pied du mur
[EDITO] Le 106ᵉ Congrès des maires a retenti comme un cri d’alarme. Bien plus qu’une simple rencontre institutionnelle, il a exposé l’ampleur du malaise qui frappe les élus locaux.
Éprouvées par des crises successives – mouvement des gilets jaunes, pandémie, inflation, catastrophes climatiques – les collectivités territoriales se retrouvent aujourd’hui dos au mur. Le projet de loi de finances (PLF) 2025, débattu au Sénat, ne fait qu’amplifier leurs inquiétudes, avec la perspective d’un effort budgétaire de 5 milliards d’euros qui leur serait imposé. La facture grimpe, et avec elle, la fracture territoriale.
Si les élus locaux se disent sous pression, c’est parce que les dotations de l’État, indispensables au fonctionnement de leurs services, diminuent inexorablement, tandis que les compétences transférées continuent de croître. Gestion des crèches, entretien des écoles, transition écologique, délivrance des passeports : les charges s’accumulent et pèsent lourdement sur des budgets locaux déjà fragilisés par la flambée des prix de l’énergie.
Par ailleurs, la menace plane sur les initiatives culturelles et sociales, souvent jugées non prioritaires. À Montpellier, l’extension du musée Fabre est ainsi reportée, tandis que des festivals comme Voix Vives à Sète ou Ex Movere à la métropole risquent de revoir leurs ambitions à la baisse. Pour tenter de sauver ces projets, certains organisateurs se tournent vers les mécènes privés, eux-mêmes frileux dans ce contexte d’incertitude économique.
Si la formule change, le résultat est toujours le même : ce seront les habitants qui paieront le prix de ces restrictions budgétaires. Face à cette situation, le Sénat envisage d’amender le PLF pour limiter l’effort demandé aux collectivités à 2 milliards d’euros. Mais les incertitudes demeurent. Si la conclusion est attendue, les réflexions s’accélèrent et les peurs sont exacerbées. Car au-delà des chiffres, si les élus ne disposent pas des moyens nécessaires pour exercer leurs missions, c’est toute la démocratie de proximité qui s’érode.