Environnement — Lunel

Pays de Lunel : cultiver la transition écologique avec la naissance du jardin zéro déchet

Le 27 septembre dernier, un chapitre écologique s'est écrit en périphérie de Lunel, au niveau de la déchetterie locale. C'était le jour de l'inauguration d'un espace pas comme les autres : le jardin zéro déchet. 

Situé en lisière de la déchetterie, ce jardin se présente comme un exemple éloquent de gestion environnementale éclairée. D’un tas de terre, l’espace est passé à un lieu de réflexion et de coordination autour des déchets verts. Sous la direction des maitres composteurs, il s’est métamorphosé en un paysage diversifié d’essences végétales, soigneusement sélectionnées pour leur faible consommation d’eau et d’entretien. Plus qu’un aménagement paysager, une déclaration d’intention. 

Philippe Grisoul, maître composteur et fervent défenseur de l’initiative, le confirme : “Nous sommes témoins d’une augmentation des déchets à la déchetterie, c’est pourquoi nous nous engageons activement dans la réduction des déchets verts. Ce jardin zéro déchet est une nouvelle manière de sensibiliser le public. Il est crucial que les gens passent à un mode de vie plus écologique.”

Une pépinière d’idées

Depuis que l’idée de créer un tel lieu a germé en 2019, le dossier s’est accéléré, profitant de l’important chantier de la déchetterie de Lunel. “Quand les travaux de la déchetterie du Pays de Lunel ont débuté, cet espace n’était qu’un simple terrain, laissé à l’état naturel”, se rappelle Philippe Grisoul. Pendant les travaux d’excavation, la terre a été utilisée pour remplir les bacs, puis étalée harmonieusement pour créer un espace accessible au public.

Rapidement, tout s’est mis en place, et l’esprit innovant de l’équipe porteuse du projet s’est mis au service de l’aménagement, réalisé en grande partie à partir d’éléments récupérés. “Rien n’est perdu, tout est utilisé, se félicite le responsable. Nous réutilisons les palox, ces grandes caisses en bois autrefois utilisées pour stocker les pommes, dans lesquelles nous avons planté les espèces. Nous avons également récupéré des pots de fleurs en terre cuite, ainsi que les aiguilles de pins que nous transformons en broyat afin de le redistribuer à la population. D’ailleurs, nous encourageons les habitants à apporter leurs déchets verts et repartir avec du broyat pour rendre leur compostage efficace et gratifiant, évitant ainsi le sentiment de gaspillage. Cette pratique assure une matière sèche, essentielle avec l’entrée en vigueur de la loi sur les biodéchets en janvier 2024, facilitant ainsi le compostage pour les citoyens. Une preuve supplémentaire que le Pays de Lunel est en avance dans la gestion des déchets.”

L’art de cultiver durablement 

Ce jardin zéro déchet vise à révolutionner la manière dont nous percevons l’espace vert, en mettant en valeur des especes et des modes de culture plus raisonnés :

  • Gazons alternatifs : “l’utilisation de variétés telles que le lippia ou le gazon de Mascareigne en lieu et place du gazon classique représente une réduction importante des besoins en tonte et en arrosage”.
  • Arbres et arbustes : “la sélection d’espèces comme le myrte commun, le lonicera et le pourpier de mer montre que l’on peut obtenir quelque chose d’esthétique tout en ayant une approche plus environnementale”
  • Jardin sec : “l’introduction de plantes succulentes telles que le fuchsia de Californie et le gaura, combinées à un paillage intelligent, élimine pratiquement le besoin d’arrosage fréquent”
  • Plantes grimpantes : “l’utilisation de plantes grimpantes à croissance lente comme le lierre et le jasmin apporte une jolie touche tout en limitant la nécessité de tailles constantes”.

Pour le maître composteur, cet aménagement intelligent sera une véritable vitrine des bons comportements, un jardin pédagogique à destination des adultes. “Un jardin est un plaisir, mais si cela devient une contrainte nécessitant des heures d’entretien chaque week-end, cela perd son charme, explique-t-il. Un jardin bien planifié, nécessitant peu d’entretien et peu d’eau, apporte une satisfaction durable. C’est cela que nous voulons offrir : un jardin plaisir. Je suis convaincu que cet espace sera un outil puissant pour réduire la quantité des déchets verts car les gens pourront constater l’efficacité de nos méthodes”.

Un jardin, mille leçons

Cependant, ce jardin est bien plus qu’un simple parterre de fleurs. Il se transforme en un lieu d’apprentissage dynamique, ouvert à tous, où les portes ouvertes du 30 septembre ne marquent que le début. Il poursuit : “Le véritable défi ne réside pas seulement dans la création du jardin, c’est de lui donner vie. Nous disposons des idées et du savoir-faire, mais maintenant, il est essentiel de mobiliser la communauté. Nous devons les encourager à venir, les convaincre que ce que nous faisons a un impact réel. Notre objectif est d’inspirer. Avec mon collègue, nous avons la chance d’avoir un jardin. Nous faisons des expériences chez nous pour être sûrs de ne pas raconter n’importe quoi. Nous voulons donner des idées concrètes, des solutions pratiques pour que chacun puisse contribuer à créer un monde plus vert, un jardin plaisir pour tous.”

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